Les principaux partis d’opposition congolais cherchent un nouveau souffle et choisissent la rue. La dynamique de l’opposition vient de lancer un appel à une grande manifestation le 15 septembre pour dénoncer les tentatives du président Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir.
Le temps presse. Et c’est dans la rue que l’opposition congolaise espère faire plier Joseph Kabila, qui cherche à briguer un troisième mandat, ce que lui interdit la Constitution. Ces opposants veulent ainsi accentuer la pression sur le pouvoir et réitérer, pourquoi pas, les importantes manifestations de janvier 2015 qui avaient fait reculer la Majorité présidentielle sur une modification de la loi électorale. Le temps presse et l’opposition l’a bien compris. Le calendrier électoral glisse à petits pas et les embûches se multiplient pour organiser les sept scrutins électoraux prévus dans les temps. Personne ne sait également si, au final, le président Joseph Kabila ne modifiera pas la Constitution pour se présenter à la présidentielle de 2016. La réélection très contestée de son voisin burundais, Pierre Nkurunziza, donne des sueurs froides à l’opposition, qui craint que le président congolais ne veuille s’accrocher, lui aussi, à son fauteuil. Au vue des molles protestations internationales, Joseph Kabila peut se croire « tout permis » pour rester au pouvoir.
Des artifices pour prolonger Joseph Kabila au pouvoir
Face aux menaces, l’opposition cherche donc à se relancer. Les principaux opposants se sont réunis le 5 août 2015 pour faire le point sur la crise politique qui couve à Kinshasa et entrevoir des pistes d’actions. Ils tous présents, à l’exception de l’UDPS d’Etienne Tshisekedi, dont le fils, Félix, tient son mouvement à l’écart du duo MLC-UNC, qui tire la quasi totalité des autres partis d’opposition. Pour ces opposants à Joseph Kabila, le constat de l’impasse politique est sans équivoque. « La sombre vérité mise à nu est que Monsieur Kabila veut demeurer au pouvoir au- delà de novembre 2016 en violation de la Constitution de la République. C’est ainsi qu’il multiplie des initiatives téméraires en s’appuyant sur le Gouvernement, la CENI et le Parlement, institutions qu’il a toutes instrumentalisées et inféodées », dénonce le communiqué de la Dynamique pour l’unité d’actions de l’opposition politique congolaise. Et de faire la liste des nombreux artifices utilisés par la majorité pour prolonger Joseph Kabila au pouvoir : le projet de révision d’articles de la Constitution avorté en 2014, la volonté de lier l’élection présidentielle à un recensement de la population, le projet de modification de la loi électorale « attentatoire à la Constitution » repoussé en janvier 2015 après de violentes manifestations, la publication d’un calendrier électoral « inconstitutionnel, irréaliste, dangereux et intentionnellement surchargé », « le couplage contesté des scrutins locaux et la mise en place dans la précipitation des nouvelles provinces »… Le dernier en date étant le rejet par le Sénat des annexes sur les élections locales le 1er août dernier.
Boycott des sessions extraordinaires du Parlement
Afin de régler les litiges électoraux, la Dynamique rappelle qu’il est urgent de « réanimer » la réunion tripartite entre la Commission électorale (CENI), la majorité et l’opposition afin de se mettre d’accord sur un calendrier consensuel. L’opposition accuse toujours le chef de l’Etat de chercher tous les subterfuges pour faire « glisser » le calendrier électoral et de se maintenir au pouvoir au-delà des délais institutionnels. Mais comment faire plier Joseph Kabila ? L’opposition n’a que peu de moyens de peser sur le pouvoir, et notamment à l’Assemblée nationale et au Sénat, où, même si la Majorité présidentielle est loin d’être unanime pour voir Joseph Kabila rester dans son fauteuil, le pouvoir réussi encore à manoeuvrer à sa guise au Parlement. Dans leur déclaration du 5 août, les opposants demandent donc « à tous les députés et sénateurs de l’opposition de s’abstenir à prendre part à la nouvelle session extraordinaire du Parlement convoquée manifestement en violation de la loi ». La semaine dernière, les parlementaires (Assemblée et Sénat) n’ont pu se mettre d’accord sur la répartition des sièges pour les élections locales, rendant désormais ce rendez-vous électoral très incertain.
Le choix de la rue
Pour maintenir la pression sur le pouvoir, l’opposition cherche son second souffle dans la rue et appelle à une grande manifestation le 15 septembre à Kinshasa. « Un meeting populaire d’envergure et d’éveil patriotique pour que les Congolais puissent se joindre à nous et assurer dans un grand rassemblement notre destin commun, aujourd’hui fortement menacé par Mr Kabila et son pouvoir » annonce le communiqué. Avec cet appel, l’opposition tente de renouer avec la rue et réitérer ainsi les manifestations de janvier 2015, qui avaient fait plier le gouvernement sur la loi électorale. Des manifestations qui s’étaient soldées par une violente répression policières, faisant environ 40 morts, selon les ONG. Avant la mobilisation « réussie » de janvier, l’opposition avait lancé de multiples appels à descendre dans la rue depuis l’automne 2013. Des rassemblements qui avaient été peu suivis par la population et copieusement réprimés. Mais l’opposition le sait bien, jusqu’aux prochaines échéances électorale, il n’y a que la rue qui peut réussir à faire contraindre le président Kabila à quitter le pouvoir. L’exemple de la destitution de Blaise Comparé est encore dans toutes les têtes. Deux questions restent en suspend : la manifestations sera-t-elle autorisée? Et quel sera le degré de mobilisation de la population après la sanglante répression policière de janvier 2015 ? Difficile de répondre pour l’instant.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Cette voie est la judicieuse mais vu la répression qui sera lancée, je suis dubitatif que les gens descendent si nombreux.
Je connais que la spontanéité de chose amène des manifestations réussies. Laissons les choses évoluent. Le glissement NOOOOOOOOOOOOOOOn.