Moins de 24 heures après la désignation de Martin Fayulu comme candidat commun de l’opposition à la présidentielle, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe retirent leurs signatures de l’accord de Genève, mettant fin à l’union de l’opposition.
Bye bye la candidature unique de l’opposition ! Martin Fayulu n’aura été le candidat commun de l’opposition congolaise que quelques petites heures. Alors que Félix Tshisekedi (UDPS) et Vital Kamerhe (UNC) semblaient être en pôle position pour représenter l’opposition face au dauphin désigné par le président Joseph Kabila, les patrons de l’UDPS et de l’UNC ont fait volte face ce lundi. Il faut dire que la nomination de Martin Fayulu a cueilli à froid l’ensemble des états-majors des deux perdants. A l’UDPS, dès le nom de Fayulu connu, le secrétaire général du parti, Jean-Marc Kabund ne cachait pas sa colère : « Nous appelons cette décision de Genève une supercherie, un complot contre la République. On ne comprend pas pourquoi il peut se désengager pour un candidat impopulaire. Pour nous à l’UDPS c’est un affront. Nous disons que le président Tshisekedi doit se ressaisir et revenir à la raison. » Des échauffourées ont immédiatement éclatées au siège du parti, dans le quartier de Limete, entre des militants de l’UDPS en colère. Pour eux, seul Félix Tshisekedi pouvait porter les couleurs de l’opposition.
« La mort de ma carrière politique »
Il aura fallu quelques heures et la pression de ses militants les plus virulents pour que Félix Tshisekedi annonce son retrait de l’accord de coalition. « Je suis allé à Genève avec la bénédiction de la base. L’acte de Genève n’a pas été compris. J’assume. Je retire ma signature de cet accord que nous avons signé à Genève », a expliqué le président de l’UDPS dans une interview à la radio Top Congo. « Un parti politique, c’est d’abord sa base. On ne peut se dire leader sans l’adhésion de la base de l’UDPS. Je ne peux aller à l’encontre de la base, ce serait signer la mort de ma carrière politique », a t-il conclu. Puis, nouveau coup de théâtre ! C’est au tour de Vital Kamerhe de retirer lui aussi sa signature de l’accord de Genève. Là encore, ses troupes n’ont pas accepté la désignation de Martin Fayulu. « Je retire ma signature pour respecter la volonté de ma base. Sans cette base, je vais m’autoflageller et vais moi-même m’auto exclure du parti » s’est justifié le patron de l’UNC sur la même radio congolaise.
Un accord voué à l’échec
Le retrait de ces deux poids lourds de l’opposition signe l’arrêt de mort du candidat commun de l’opposition. L’expérience historique et unique d’une union totale de l’opposition congolaise n’aura duré qu’une journée, pour laisser place à la pathétique comédie congolaise du pouvoir. Cette séquence laissera des traces au sein d’une opposition plus morcelée que jamais ; une image désastreuse qui sera difficilement compréhensible pour les Congolais qui attendent depuis de nombreuses années une alternance politique démocratique. Cet accord contre nature qui a désigné comme candidat unique le plus petit dénominateur commun, ne pouvait être voué qu’à l’échec, alors que les ténors de l’opposition étaient soit hors jeu (comme Bemba et Katumbi) ou écartés de la course par l’accord de Genève (comme Tshisekedi et Kamerhe) – voir notre article. Comment mettre sur la touche les principaux partis d’opposition, comme l’UDPS ou l’UNC, seuls à pouvoir mobiliser des militants sur le terrain ? Et surtout, comment ne pas avoir anticipé la déception des militants ? A l’UDPS, on a l’impression que c’est le secrétaire général qui dicte les ordres au président… ubuesque lorsque l’on veut diriger un pays.
Retour à la case départ
Mais en fait, on peut se demander si tout ce cirque politique, ce théâtre d’ombres fait de petites combines, ne satisfait pas tout le monde. A part Martin Fayulu, opposant sincère, émérite et courageux, mais à la tête d’un micro-parti qui ne pèse rien électoralement, les quatre autres leaders sont tous perdants au jeu de la candidature unique. Bemba et Katumbi attendent avec impatience la décrispation politique pour pouvoir se présenter à de nouvelles élections et Tshisekedi et Kamerhe aurait bien tenté leur chance au scrutin de décembre pour mesurer leur poids politique. Le retrait de l’accord par Tshisekedi et Kamerhe est une manière pour ces deux candidats encore en lice d’échapper au piège tendu par Bemba et Katumbi pour les écarter de la course à la présidence. Un revirement qui impose un brusque retour à la case départ, avec une opposition en mille morceaux et un candidat de la majorité présidentielle, qui n’aura aucun mal à sortir vainqueur de l’unique tour de scrutin de la présidentielle du 23 décembre.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Bonjour.les temps des reniements.Vraiment.une opposition pathologigue incapable de voir plus loin que le bout de son nez. Elle renifle toutes les odeurs et se soumet des combines d’argent qui peinent à masquer ses odeurs.
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Rien n’est perdu ni gagné jusqu’à présent, attendons voir !
Le camp Félix/Vital ne joue pas pour le Congo. Les 2 ont des agendas cachés. Il suffit de lire aujourd’hui les clauses de leur accord pour se rendre compte de la supercherie.
Nous avons confiance au camp FAYULU/BEMBA/KATUMBI…