Ce week-end, la manifestation interdite du Rassemblement de l’opposition a été empêchée de se tenir par la police congolaise. Une nouvelle déconvenue pour l’opposition qui souhaite « déclencher la mobilisation générale » pour le 19 décembre, dernier jour du mandat de Joseph Kabila.
L’organisation de matchs de football semble être devenue la nouvelle arme anti-manifestation des autorités congolaises. Comme le 5 novembre dernier, un tournoi de football se tenaient en lieu et place du meeting du Rassemblement de l’opposition esplanade Triomphale à Kinshasa. Le chef de la police en personne, Célestin Kanyama, était sur le terrain pour veiller au bon déroulement d’un « tournoi de la non-violence » opportunément organisé ce samedi. Il faut dire que le meeting de l’opposition, comme le précédent, était interdit par le gouverneur de la capitale congolaise après les violences des 19 et 20 septembre. En dehors de quelques footballeurs féminines sur le terrain, le quartier était désert ce samedi, quadrillé depuis le petit matin par les forces de sécurité censées empêcher tout rassemblement de plus de dix personnes dans les rues. Dans le même temps, tous les accès à la résidence de l’opposition historique Etienne Tshisekedi, 84 ans, ont été complètement bouclés en fin de matinée, la police filtrant et fouillant les quelques passants du quartier.
Faible mobilisation
En province, certains rassemblements d’opposants ont tout de même pu se tenir à Bukavu, Bunia, Kisangani ou Goma. Certains manifestants, peu nombreux, arboraient un « carton jaune » symbole de la fin imminente du dernier mandat du président Joseph Kabila fixée le 19 décembre prochain. Comme à Kinshasa, toute mobilisation a été empêchée par une forte présence policière à Lubumbashi, la capitale de la province stratégique du Haut-Katanga. En fin d’après-midi, le Rassemblement de l’opposition a tenu une conférence de presse à Kinshasa, sans Etienne Tshisekedi, pour protester « contre l’interdiction générale des manifestations publiques sur toute l’étendue de la République (..) en violation de l’article 26 de la Constitution. » Plusieurs arrestations ont également été dénoncées dans les rangs du Rassemblement malgré la faible présence de militants sur place.
La mobilisation faiblit
Pour la seconde fois, l’opposition se voit donc privée du droit de manifester alors que la tension politique monte en RDC. L’opposition accuse en effet Joseph Kabila d’avoir volontairement retardé le processus électoral afin de se maintenir au pouvoir au-delà du 19 décembre. Après ce deuxième succès des autorités congolaises qui réussissent à museler sans affrontement la contestation populaire, l’opposition se retrouve en difficulté. Ce samedi, en dehors d’un fort dispositif policier déployé dans les points stratégiques de la capitale, c’est l’absence totale de mobilisation qui doit inquiéter les opposants au président Kabila. Depuis les manifestations violemment réprimées des 19 et 20 septembre, la mobilisation est devenue de plus en plus timide, notamment lors des opérations villes mortes, peu suivies dans le pays. Le camp présidentiel a-t-il pour autant réussi à éteindre toute velléité de contestation dans la rue ? Certainement pas. Mais la mobilisation populaire faiblit alors que l’on se rapproche de la date fatidique du 19 décembre.
« Passer à la vitesse supérieure pour le 19 décembre »
Pour réveiller la flamme de la contestation, le Rassemblement a promis ce week-end que le « compte à rebours » de la fin du mandat de Joseph Kabila avait bel et bien commencé. L’argument sera-t-il suffisant pour jeter dans les rues des dizaines de milliers de Congolais ? Du côté de la Majorité présidentielle, on estime qu’avec la nomination d’un nouveau Premier ministre issu de l’opposition et un affaiblissement de la mobilisation populaire contenue par les forces de sécurité, Joseph Kabila devrait pouvoir passer le cap du 19 décembre sans encombre. Du côté de l’opposition, on cherche la parade au verrouillage sécuritaire mis en place par la police congolaise, espérant trouver une nouvelle stratégie de mobilisation plus efficace. Au Rassemblement, on promet de « passer à la vitesse supérieure pour ne pas rater la date symbolique du 19 décembre. » Et la mobilisation doit être « totale sur l’ensemble du territoire ». Les différents états-majors du Rassemblement sont déjà en train de se coordonner et le patron, Etienne Tshisekedi, doit normalement s’adresser à la Nation dans les prochains jours.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
S’adresser à ses militants ou à la nation? Pas de confusion dans la masse, Tshisekedi ‘a pas qualité de s’adresser à la nation svp mais à ses membres du rassemblement.