Un nouveau dialogue pour aplanir les divergences entre la majorité présidentielle et l’opposition sur la transition politique s’est ouvert ce jeudi à Kinshasa. Des discussions directes pour faire baisser la pression à l’approche du 19 décembre.
A dix jours de la fin du mandat du président Joseph Kabila, l‘église catholique tente une dernière médiation entre la majorité et l’opposition pour sortir de la crise politique au Congo. Cette médiation intervient à la suite d’un premier dialogue national pourtant conclu par un accord politique le 18 octobre dernier. Un accord qui reporte la présidentielle prévue en novembre 2016 à avril 2018 et maintient au pouvoir Joseph Kabila pendant la période transitoire, mais qui n’a été signé que par une frange minoritaire de l’opposition. Le Rassemblement d’Etienne Tshisekedi, l’opposant historique, avait boycotté le forum et rejeté le contenu de l’accord, la majorité de l’opposition plaidant pour le départ de Joseph Kabila au soir du 19 décembre et des élections en 2017.
Pour éviter que le pays ne sombre dans le chaos au soir du 19 décembre, la communauté internationale avait soutenu l’initiative de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) qui tentait depuis plusieurs semaines d’organiser un second dialogue plus inclusif, avec des membres du Rassemblement. Pressés de toutes parts par les évêques congolais, Etienne Tshisekedi et Joseph Kabila ont fini par accepter le principe d’un second round de négociations… au grand dam de la majorité présidentielle et des membres de l’opposition pro-dialogue qui s’accrochaient à l’accord du 18 octobre favorable au pouvoir.
Le calendrier électoral et le sort de Kabila au coeur des discussions
Aux forceps, cette nouvelle médiation sous l’égide de la Cenco a débuté jeudi 8 décembre dans l’après-midi. Composé de 10 délégués de chaque camp, ce second dialogue devrait prendre fin ce week-end. Au coeur des discussions : le processus électoral, son calendrier et son financement, mais aussi le fonctionnement des institutions pendant la transition et des mesures de décrispation politique. Dans la balance, le Rassemblement devrait exiger : le départ de Joseph Kabila, la tenue des élections au plus tôt (et non mi-2018 comme le prévoit l’accord d’octobre) et la libération de prisonniers politiques. Sur la table également, le sort de Moïse Katumbi, en exil en Europe et sous le coup d’une condamnation judiciaire. Mais depuis quelques mois les relations se sont distendues entre l’ancien gouverneur du Katanga et certains membres du Rassemblement. Pas sûr que le dossier Katumbi soit prioritaire.
Sur quels points le Rassemblement peut-il obtenir des avancées ? En produisant un vrai calendrier électoral avec une date des élections moins lointaine ? Sans doute. D’autant que ce genre d’échéances sont rarement tenues par la Commission électorale (CENI). En libérant des prisonniers politiques ? Sûrement. Le gouvernement peut encore faire un effort sur le sujet. En obtenant des ministères-clés pour le Rassemblement dans le nouveau gouvernement Badibanga ? Des ajustements peuvent être trouvé, mais à la marge. En obtenant le départ de Badibanga pour nommer à la Primature un éminent membre du Rassemblement comme Félix Tshisekedi ? Certains y pensent au sein de l’UDPS, le parti d’Etienne Tshisekedi, mais pour Joseph Kabila, Samy Badibanga constitue un excellent compromis… à équidistance entre Etienne Tshisekedi, l’opposition pro-dialogue et la majorité présidentielle. En obtenant le départ de Joseph Kabila le 19 décembre ? La majorité des observateurs en doute. Cette question semble rester une ligne rouge que le camp présidentiel n’est pas prêt de lâcher.
Un dernier coup de pression sur le pouvoir
Ce nouveau dialogue peut-il résoudre la crise politique ? La voie est étroite. Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi ont été poussés pour ne pas dire contraint d’accepter ce deuxième round de médiation. Face à la Cenco, une autorité très respectée en République démocratique du Congo (RDC), les deux acteurs majeurs de la crise politique ne pouvaient pas se défiler, notamment pour répondre aux injonctions pressentes de la communauté internationale qui réclame depuis plusieurs mois un dialogue plus inclusif. Mais au fond, chacun risque de camper sur ses positions. Pour Joseph Kabila, ce dialogue-bis est encore une occasion de gagner du temps et faire baisser la tension à l’approche du 19 décembre. Pour le Rassemblement, cette médiation permet de revenir à la table des négociations sans perdre la face.
Mais peut-être que le seul intérêt de ce nouveau dialogue réside dans la présence d’un troisième acteur : l’église catholique. Très écoutée par les Congolais, la Cenco pourrait peut-être permettre de clarifier certaines ambiguïtés du camp présidentiel. Notamment sur le fait que le président Kabila ne s’est jamais prononcé sur son avenir politique et notamment sur la possibilité d’un troisième mandat, que lui interdit pout l’instant la Constitution. La présence de la Cenco pourrait également obliger la Commission électorale (CENI) à publier (enfin) un calendrier électoral consensuel, avec des dates d’élections précises. En clair, cette seconde médiation pourrait permettre de mettre un dernier coup de pression sur le pouvoir. Car en cas d’échec, le Rassemblement a prévenu qu’il appellerait à de manifestations massives à partir du 19 décembre.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
je salue cette analyse politique rationelle au previsions realistes sans partie pris. oh gosh, prq avez vs attendu si lomgtemp pour etre aussi correcte ?