Human Rights Watch (HRW) dénonce les « négligences de l’Etat » dans un camp de combattants démobilisés en République démocratique du Congo (RDC). « Plus de 100 personnes sont mortes de faim et de maladie » selon HWR.
Un camp de démobilisés transformé en camp de la mort, c’est le triste constat d’Human Rights Watch (HWR) à Kotakoli, dans la province de l’Equateur à l’Ouest de la République démocratique du Congo (RDC). Selon l’ONG, « plus de 100 personnes parmi les combattants démobilisés, leurs femmes et leurs enfants y sont mortes de faim et de maladie, après que les responsables ont négligé de leur fournir la nourriture et les soins de santé appropriés ». « La négligence du gouvernement congolais envers ces anciens combattants et leurs familles est criminelle », a indiqué Ida Sawyer, chercheuse sur la RDC à Human Rights Watch. « Avant que d’autres personnes ne meurent, le gouvernement devrait immédiatement les déplacer vers un lieu où elles aient accès à de la nourriture et à des soins de santé, et où elles soient traitées avec une décence humaine fondamentale. »
Quid du plan « DDR III » ?
L’enquête menée par Human Rights Watch dans le camp de Kotakoli en septembre 2014 a abouti au constat que « 42 combattants démobilisés et au moins cinq femmes et 57 enfants y sont décédés depuis décembre 2013 ». En septembre 2013, 941 combattants de plusieurs groupes armés ont été déplacés dans ce camp militaire de Kotakoli afin d’attendre « une réintégration dans l’armée ou leur retour à la vie civile ». Les anciens combattants ont raconté à Human Rights Watch que les responsables militaires leur ont dit qu’ils seraient détenus trois mois dans le camp, un ancien centre d’entraînement de commandos militaires délabré construit en 1965. Les anciens combattants pensaient qu’ils seraient ensuite intégrés dans l’armée ou prendraient part au programme Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) avant de revenir à la vie civile. Un an plus tard, le gouvernement doit toujours lancer un nouveau programme « DDR III ».
Manque de financement
Le défi de la démobilisation des dizaines de groupes armés encore actifs dans l’Est de la RDC constitue la clé de voute essentielle du retour de la paix dans les Kivus. Le gouvernement congolais peine à apporter des réponses rapides au nouveau programme « DDR III » qui manque encore de financement… et de volonté politique. Le coordinateur « pré-DDR » du gouvernement, le général Delphin Kahimbi, a indiqué à Human Rights Watch par téléphone le 24 septembre qu’il avait connaissance des problèmes à Kotakoli et de la mort de certains détenus. Il a précisé qu’il avait envoyé une commission sur place pour enquêter : « Le problème principal n’est pas que le gouvernement les a abandonnés, mais que le gouvernement n’a pas les moyens ni la capacité d’acheminer les approvisionnements jusqu’à Kotakoli. »
Kinshasa et la MONUSCO responsables ?
Pour HRW, la responsabilité des autorités congolaises est engagée. « Au lieu de se lamenter en invoquant comme excuse le manque d’argent ou de moyens de transport, le gouvernement congolais devrait prendre des mesures urgentes pour déplacer les personnes qui se trouvent encore au camp de Kotakoli avant qu’il n’y ait davantage de morts », a indiqué Ida Sawyer. « Le gouvernement n’aurait jamais dû envoyer ces anciens combattants et leurs familles dans un camp isolé et difficile d’accès s’il n’était pas en mesure de occuper d’eux de manière adéquate. » L’autre couac sur les réfugiés de Kotakoli vient des Nations-unies : « le 11 septembre, le chef de la MONUSCO, Martin Kobler, a visité le camp pour se rendre compte des conditions de vie sur place. Cependant, selon les anciens combattants interrogés par Human Rights Watch, il n’a pas eu l’opportunité de voir la réalité de leur vie dans le camp ».
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Si cette information est vraie il faut regretter cette attitude dangereuse étant donné que les démobilisés délaissés constituent une « bombe à retardement »
Théophile NKIALULENDO Ponda