Depuis la défaite de l’Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak, le mouvement terroriste tente d’assurer sa survie par ses branches extérieures, notamment en République démocratique du Congo (RDC), en s’alliant à la rébellion ougandaise des ADF.
Au Nord-Kivu, dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), l’Etat islamique a revendiqué deux attaques commises par les rebelles ougandais des ADF. En avril, le groupe terroriste s’est attribué la responsabilité d’un assaut contre une caserne de l’armée régulière qui a causé la mort de deux soldats. En mai, l’EI a revendiqué deux attaques dans la région de Beni, affirmant « avoir ciblé l’armée, tuant ou blessant 25 personnes ». Une première en RDC, où l’EI profite de l’insécurité et de l’absence de l’Etat pour s’installer durablement. Selon le spécialiste de l’EI, Matteo Puxton, qui anime le site historicoblog4, plusieurs indices démontrent que Daesh « pilote largement la stratégie de ces groupes, envoie de l’argent et des expertises sur l’aspect militaire et idéologique ».
Afrikarabia : A combien de temps remontent les premiers contacts entre l’EI et les ADF ?
Matteo Puxton : Difficile à dire de manière précise, mais il y a une vidéo de 2017 qui a été très partagée par l’Etat Islamique (EI) où l’on voit un Tanzanien, ou quelqu’un d’Afrique de l’Est, qui tient un discours très proche de l’EI ou d’Al-Qaïda et qui parle des ADF. Mais les premiers vrais indices remontent à l’an dernier, en 2018, avec la découverte d’une cellule kenyane de financement de l’EI qui recevait de l’argent pour le transférer ensuite ailleurs en Afrique. Avec cette cellule, on a la preuve matérielle qu’il y a de l’argent de l’EI qui est partie en RDC. Waleed Ahmed Zein, le financier kenyan, aurait expédié 150.000 dollars, à plusieurs branches africaines, mais on ne sait pas quelle somme a été affectée à la RDC. Autre indice important, il s’agit du discours d’Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l’EI, en août 2018, où pour la première fois il parle d’une province d’Afrique centrale. Ce qui est intéressant, c’est que Baghdadi parle de cette province au moment où l’EI est en train de se restructurer territorialement. Après ses défaites en Syrie et en Irak, ils ont poussé leurs branches extérieures comme la Somalie où les Philippines… mais apparaît également cette province d’Afrique centrale.
Afrikarabia : Le fait que l’Etat islamique choisisse la République démocratique du Congo et les ADF n’est pas un hasard ?
Matteo Puxton : Non, on voyait bien qu’il y avait depuis longtemps une tendance lourde des ADF à se tourner vers l’islamisme et le djihadisme. Comme souvent, l’EI s’est greffé sur une structure locale, en y rajoutant sa propre composante. Aujourd’hui, on revient de l’idée que l’EI n’est qu’un label récupéré par des groupes locaux. C’est une erreur d’analyse. C’est l’inverse qui se passe. L’EI met des moyens énormes pour développer des branches qui ne sont pas simplement des groupes locaux qui vont prendre l’étendard de l’EI pour faire joli… il y a une connexion très étroite entre le centre et les branches. C’est bien l’EI qui pilote largement la stratégie, envoie de l’argent et des expertises sur l’aspect militaire et idéologique de ces groupes.
Afrikarabia : Connait-on les objectifs à long terme de l’EI en RDC ?
Matteo Puxton : Pour l’instant, il y des communiqués de revendication d’attaques, mais l’EI n’a pas communiqué sur son objectif final. Baghdadi a de nouveau parlé de la province d’Afrique centrale en avril, sans en dire davantage. Ce que je pressens, c’est que l’EI garantit sa survie par ses branches extérieures. L’EI a développé sa branche au Nigeria, il essaie de récupérer celle du Sahel, et l’Afrique centrale constitue une nouvelle cible.
Afrikarabia : Les deux attaques d’avril et de mai des ADF étaient de faible ampleur. Avec le soutien de l’EI, ces actions peuvent-elles devenir plus importantes ?
Matteo Puxton : Les connexions entre les ADF et l’appareil de propagande sont de plus en plus importantes, ce qui m’amène à dire que ces attaques sont potentiellement amenées à se développer.
Afrikarabia : Il est difficile de lutter contre les ADF au Congo. Cela fait plusieurs années que l’armée congolaise et la Monusco tentent d’éradiquer ce groupe, sans succès. L’option militaire est-elle la solution ?
Matteo Puxton : La solution militaire n’est pas exclusive. On l’a vu en Syrie et en Irak où cette option a été largement privilégiée. Le territoire de l’EI a certes physiquement disparu, il n’empêche que le groupe subsiste, en ayant anticipé cette perte. L’EI survit parce qu’il est repassé en mode guérilla en Syrie et en Irak, mais aussi parce qu’il a su créer des branches extérieures. Concernant la RDC, les problèmes locaux n’étant pas résolus, l’option militaire ne suffira pas. La principale raison du ralliement des populations, repose essentiellement sur le sentiment d’humiliation. L’EI a beau jeu de capitaliser sur l’absence de l’Etat, « regardez comme vous êtes traités, ce sera mieux avec nous », et on voit que cette stratégie marche toujours.
Afrikarabia : Une intervention militaire internationale en RDC vous parait-elle envisageable ?
Matteo Puxton : Non, je ne vois pas ce que ça peut apporter. Mais dans le cas où la situation se dégraderait, on pourrait assister à ce que l’on voit au Sahel, où les américains pourraient dépêcher des forces spéciales ou des drones ponctuellement.
Propos recueillis par Christophe RIGAUD
(1) Le Groupe d’Etude sur le Congo (GEC) a publié un long rapport sur les ADF à consulter ici.
Faux, l’EI n’est qu’une branche des américains et les autres occidentaux pour piller les richesses naturelles se trouvant là EI sème des troubles. En ce qui concerne le Congo quoi de plus normal de baptiser les ADF en islamistes pour assurer le pillage du Congo avec la complicité du Rwanda qui a beaucoup à perdre si la paix est établi à l’est parce-que c’est le coltant volé à l’est qui assure le boom économique rwandais. Maintenant que Kabila n’est plus au manette, il fallait trouver une autre idée pour continuer le pillage parce-que ce n’est plus un secret que le régime de Kabila entretien des relations étroites avec les massacreurs des congolais de l’est dans le but de balcaniser cette partie du pays au profit du Rwanda avec le soutien des américains et ses acolytes qui estime que le Congo RDC est trop grand pour les congolais et qu’il faudrait le couper en petits pays pour mieux voler ses richesses. Dieu voulant nous aurons bientôt un leader digne de ce nom comme Mzee Laurant Désiré Kabila qui saura défendre le Congo de tous ces malfrats. Et bien sûr suis congolais….