En rejoignant le Front citoyen 2016 et en proposant une primaire pour désigner un candidat unique de l’opposition à la prochaine présidentielle, l’ex-gouverneur du Katanga tente de s’imposer pour 2016. Mais la route est encore semée d’embûches.
En ce début 2016, année électorale en République démocratique du Congo (RDC), Moïse Katumbi fait un pas de plus vers une très probable candidature à la prochaine élection présidentielle, normalement fixée en novembre prochain. A cette date, Joseph Kabila devra quitter son fauteuil et remettre les clés du pouvoir à son successeur, la Constitution lui interdisant de briguer un nouveau mandat. Mais les opposants au président congolais, dont fait partie de fraîche date Moïse Katumbi, soupçonnent le chef de l’Etat de vouloir modifier la Constitution ou bien retarder le processus électoral pour s’accrocher au pouvoir. Le très riche et célèbre ex-gouverneur du Katanga sait donc qu’avant de pouvoir se présenter à la présidentielle, il faut que des élections soient organisées. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les signaux provenant du président Kabila, de la majorité présidentielle ou de la Commission électorale (CENI) sont inquiétants. « Scrutins trop couteux, manque d’argent, fichiers électoraux non fiabilisés… », les arguments avancés par les autorités sont nombreux pour craindre un « glissement » du calendrier électoral.
Première priorité : la tenue des élections
S’il ne fait aucun doute sur la volonté de Moïse Katumbi de se présenter à la magistrature suprême, la route est encore tortueuse avant les élections. Après l’assurance de voir se tenir la présidentielle dans les délais constitutionnelles, le président du TP Mazembe devra ensuite affronter la concurrence d’une bonne dizaine de candidats de l’opposition qui peuvent prétendre à se présenter : Vital Kamerhe (UNC), Etienne ou Félix Tshisekedi pour l’UDPS, un candidat ou une candidate pour le MLC, Martin Fayulu (FAC), Freddy Matungulu, Olivier Kamitatu, Gabriel Kyungu… et la liste est encore très longue. Mais la première priorité de Moïse Katumbi est de s’assurer que les élections soient belles et bien organisées dans les temps. Pour cela, l’ancien gouverneur du Katanga a rejoint officiellement le Front citoyen 2016, une plateforme qui rassemble les principaux partis d’opposition, les mouvements citoyens et la société civile. En adhérent à cette plateforme, Katumbi s’invite dans le combat pour le respect de la Constitution et la tenue des élections dans le délai constitutionnel, les deux revendications majeures du Front citoyen 2016. En se joignant à la fine fleur de l’opposition congolaise, l’ancien allié de Joseph Kabila s’assure de son « acceptation » dans les rangs de l’opposition. Examen réussi. Personne ne voulant « insulter l’avenir », les principaux leaders se sont tous affichés sous leur meilleur jour aux côtés de Katumbi… au moins pour la photo. Vital Kamerhe est allé à Lubumbashi soutenir l’équipe de football de l’ex-gouverneur et Félix Tshisekedi à rencontrer le tonitruant patron du TP Mazembe à Paris.
Seconde priorité : un candidat unique de l’opposition
Jusque là, c’est un sans faute. Sans parti politique pour le soutenir, Moïse Katumbi s’est bien gardé d’en créer un pour s’afficher en possible rassembleur dans une plateforme « plurielle ». Au-dessus des partis politiques, Katumbi tente de se placer au centre du jeu politique et de se rendre ainsi incontournable. Sa notoriété, sa popularité, la bienveillance des médias et des chancelleries occidentales feront le reste, pense-t-il. Mais la seconde étape sera plus délicate à négocier. Avec une présidentielle à un seul tour, l’opposition est condamnée à ne présenter qu’un seul candidat si elle souhaite s’imposer face au candidat de la majorité. L’idée n’est pas nouvelle et est défendue depuis longtemps, notamment par Vital Kamerhe, qui se verrait bien (comme beaucoup d’autres) endosser le costume du candidat unique. En 2011, Etienne Tshisekedi n’avait déjà pas réussi (ou voulu) à créer ce vaste rassemblement autour de son nom. Pour sortir de l’ornière, Moïse Katumbi a récemment proposé l’organisation d’une primaire de l’opposition pour désigner la perle rare. Bonne idée, mais qui pose plus de questions que de réponses. Qui va organiser le scrutin ? Qui va voter ? Qui peut se présenter ? La liste des interrogations est longue. Et sans réponse.
Bousculer l’opposition
Avec sa proposition d’une primaire annoncée sur France 24 le 13 janvier dernier, Moïse Katumbi commence à faire grincer des dents. A commencer par Félix Tshisekedi, de l’UDPS, qui a estimé sur Top Congo « ne pas s’inscrire dans cette logique ». Pour Jean-Lucien Busa, du Front démocrate, « les primaires sont incompatibles avec la réalité politique congolaise. En parler maintenant serait mettre la charrue avant les bœufs ». Seule Eve Bazaïba, du MLC, estime que « l’idée n’est pas mauvaise ». Moïse Katumbi est-il allé trop vite ? Peut-être pas. L’ancien gouverneur sait qu’il ne fait pas l’unanimité, et que le moment venu, les ambitions personnelles de ses « alliés » prendront le dessus. Mais en bousculant l’opposition, Katumbi essaie d’apparaître comme l’unique dénominateur d’une opposition éternellement divisée. Le pari est risqué, mais le probable candidat à la succession de Joseph Kabila, a encore un tour dans sa manche : le G7. Cette plateforme de sept anciens partis de la majorité, passés dans l’opposition, est rapidement apparue comme une possible base arrière du président du TP Mazembe, même si ses membres affichent une relative indépendance. En attendant, l’opposition a plusieurs rendez-vous importants en ce début d’année 2016, et notamment dans la rue avec deux dates de commémorations : le 19 janvier en souvenir des un an de la répression contre la loi électorale et le 16 février pour la marche annuel des chrétiens. Les partis d’opposition traditionnels ont donc l’occasion de reprendre la main sur la contestation… afin de temporiser les ardeurs d’un Moïse Katumbi un peu trop entreprenant.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Celui qui tient le pouvoir est plus fort, il faut avoir des bonnes procédures, agencer des belles idées, s’unir, pour afin arriver à arracher ce dernier.
donc les opposants doivent se mettre d’accord de donner un seul candidat pour gagner les élections.