Le très probable report de l’élection présidentielle risque de plonger le pays dans l’instabilité. Que se passera-t-il au lendemain de la fin du mandat de Joseph Kabila à la fin de l’année ? Tentative de réponses.
Autant le dire tout de suite, l’année 2016 ne sera pas électorale en République démocratique du Congo (RDC). Pourtant, si le mandat du président Joseph Kabila s’arrête bien fin décembre, il n’y a pratiquement aucune chance pour que l’élection présidentielle se déroule avant cette date. Des élections « retardées » qui risquent d’entraîner le Congo dans une période d’incertitude hautement dangereuse, alors que lia crise politique fait déjà rage à Kinshasa depuis plusieurs mois. Officiellement, le pouvoir, via la Commission électorale (CENI), affirme que ce « glissement technique » permettra de fiabiliser et de crédibiliser le fichier électoral, notamment après les élections chaotiques de 2011 qui avaient été entachées de nombreuses irrégularités et de fraudes massives. Le problème, selon l’opposition, c’est que les autorités congolaises n’ont rien fait pour corriger les erreurs depuis 2011. Et à moins de 7 mois des nouvelles élections, rien n’a été fait. Les opposants au président Joseph Kabila accusent la majorité de vouloir retarder volontairement le scrutin afin de maintenir l’actuel chef de l’Etat au-delà de 2016. La Constitution interdit en effet à Joseph Kabila de briguer un nouveau mandat.
Le pouvoir fera porter le chapeau à la CENI
Dans ce psychodrame, le pouvoir s’abrite astucieusement derrière la CENI, qui affirme qu’un délai minimum de 16 mois sera nécessaire afin de nettoyer et de compléter le fichier électoral. Une volonté louable, mais un peu tardive. Dans le débat qui agite la classe politique congolaise qui est de savoir si la Constitution sera bien respectée pour la prochaine présidentielle, la majorité affirme que « oui » et que les accusations de l’opposition ne sont que « procès d’intention ». Pourtant, la mèche a été récemment vendue par le porte-parole du gouvernement congolais. Lambert Mende a déclaré cette semaine que « le calendrier électoral sera scrupuleusement respecté, c’est-à-dire le calendrier que la CENI va publier. » Le hic, c’est que le nouveau calendrier de la CENI (avec un report de plusieurs mois) ne respectera pas la Constitution. Mais la majorité pourra toujours en faire porter la responsabilité sur une Commission électorale plus ou moins indépendante.
Le dialogue, « la voie royale » pour le président
Fin décembre 2016, la RDC plongera donc dans l’inconnu, avec une majeure partie de ses institutions dans l’illégalité. Sans élections locales, provinciales, présidentielle et législatives, le Congo verra donc ses Assemblées provinciales, son Sénat, son Assemblée nationale et son président illégitimes (le Sénat l’était déjà depuis plusieurs années). Dans ce contexte, plusieurs scénarios se mettent en place pour entrevoir « l’après 2016 ». Celui qui tient la corde se nomme « dialogue politique ». Dans l’impasse, le président Kabila estime pouvoir se maintenir au pouvoir en négociant une période de transition et un prolongement de son mandat avec l’opposition. Dans ce schéma, seule l’UDPS de l’opposant historique Etienne Tshisekedi, a donné un accord de principe, sous condition, pour participer au comité préparatoire au dialogue. L’UDPS pourrait rafler plusieurs postes ministériels, et pourquoi pas la Primature, en échange du maintien au pouvoir de Joseph Kabila. Pourtant, dans sa grande majorité, le reste de l’opposition, UNC, MLC, G7… refuse de participer au dialogue qui ressemble à une simple prolongation du mandat présidentiel. Le dialogue constitue pourtant « la voie royale » pour chef de l’Etat. Mais pour l’heure, le dialogue est plutôt mal engagé. L’UDPS demande beaucoup, et Etienne Tshisekedi, qui souffle le chaud et le froid sur sa possible participation au dialogue, reste imprévisible.
Kabila s’accroche
En cas de non-dialogue, la RDC entrerait dans une zone de turbulences à haut risque. Sans légitimité, Joseph Kabila pourrait toutefois rester malgré tout dans son fauteuil, rejetant la faute sur l’opposition qui n’a pas voulu sortir de la crise électorale par la négociation. Dans cette situation, il est fort à parier que la rue se manifesterait rapidement et massivement avec les risques de dérapages que l’on connaît, notamment après la violente répression de la mobilisation de janvier 2015. Deux alternatives s’offrent alors au président Kabila. Une option « jusqu’au-boutiste », avec la convocation d’un référendum pour une modification la Constitution et la possibilité pour le chef de l’Etat de se représenter (option « à la burundaise » hautement risquée) ; et la possibilité de calmer le jeu en acceptant une présidence par intérim qui serait confié au président du Sénat, Léon Kengo.
La piste Mukwege ?
Un dernier scénario circule enfin à Kinshasa chez certains observateurs politiques. Des plus improbables celui-là. Devant le blocage constitutionnel, la communauté internationale pourrait imposer une présidence par intérim. Lorsque l’on voit le peu d’influence de la communauté internationale en RDC, malgré la présence de 17.000 casques, et l’impuissance de cette même communauté internationale au Burundi voisin, on peut douter fortement de cette option. Pour occuper cette présidence intérimaire, les partisans de cette solution avance le nom d’Etienne Tshsiekedi bien sûr (accepterait-il ?), mais surtout le nom de Denis Mukwege, le célèbre gynécologue de Bukavu, dont la renommée internationale pourrait faire l’unanimité. Le choix de Mukwege aurait aussi l’avantage de « dépolitiser » la crise congolaise et de dépassionner le débat. La piste Mukwege est aussi bien vu par certains candidats de l’opposition : le président de transition devant s’effacer après la période intérimaire. Mais autant dire que cette solution est loin d’être la plus plausible. Enfin… et surtout, la politique congolaise réservant toujours de nombreuses surprises, le scénario le plus probable, n’est sans doute pas encore écrit. Une « mathématique congolaise » qui fait tout le sel de la vie politique à Kinshasa.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
S’il n’ y a pas élections présidentielles et législatives en novembre 2016 conformément aux recommandations de la CONSTITUTION dès lors, l’organe institutionnel chargé de prononcer l’état du pouvoir suprême du pays doit prononcer » VACANCE DE POUVOIR PRESIDENTIEL » alors, c’est le président du sénat qui dirigera le période de transition sinon c’est celui de l’assemblée nationale selon l’ordre chronologique décroissant des pouvoirs en RDCONGO
Donc, il n’ y a pas des problèmes à interpréter les textes de la CONSTITUTION
La CONSTITUTION est claire sur la fin des mandats légaux octroyés au RAÏS actuel qui est à son 15 ème année au pouvoir en RDC (Donc, depuis janvier 2001 d’une manière monarchique quant à l’accession au pouvoir suprême dans une république)
Le scénario le plus probable n’est peut-être inscrit nulle part !?
C’est à la fois pathétique et désolant pour un pays qui après un conflit aigu dont on voit encore les prolongements à l’Est semblait, pouvait aujourd’hui s’inscrire sur une voie plus démocratique…
La question que l’auteur n’a pas posé, et je le comprends mais que je me pose sans doute comme beaucoup d’autres : comment en sommes-nous arrivés à cette impasse, quelles sont les motivations profondes qui poussent « JK » et son clan à magouiller tant pour se maintenir au pouvoir ,
En effet qu’on le veuille ou non le blocage est d’abord politique : le pouvoir ne veut pas organiser le scrutin à la date prévue, il refuse exprès de ne donner ni indépendance ni moyens notamment financiers à la Ceni pour préparer à temps les élections…
Viendrait une autre question : qu’importerait-t-il aux Congolais de faire pour sortir sans trop de casse de cette impasse susceptible d’amener encore du chaos dans notre cher pays, le Congo, si longtemps meurtri ? C’est d’abord à eux qu’incombe la tâche de sauver celui-ci !
On oublie, peut-etre par peur, le scénario du GRAND MUETqui, en silence, observe les gesticulations des politiciens et attend son heure.
On oublie, peut-etre par peur, le scénario de la GRANDE MUETTE qui, en silence, observe les gesticulations des politiciens et attend son heure pour biser son mutisme et stopper le chaos prévisible.
La grande muette ? Pourquoi pas sauf un bémol éloquent : la grande muette classique n’existe pas au Congo; l’armée fait corps avec le pouvoir politique et ses hauts officiers mangent autant sinon plus que les politiciens à la mangeoire nationale…
Vont-ils scier la branche qui les a faits et les fait vivre sinon avec l’aval sous-terrain du politique, le temps de le laisser échapper au rendu de compte de leurs crimes ?
La ruse diabolique du pouvoir de « JK » c’est d’avoir créé une armée qui perdrait tout si elle le lâchait, ses seules revendications gênantes sont celles des échelons moyens et bas ou alimentaires et/ou ethno-régionales d’où l’on peinerait à trouver le souci réel de l’intérêt républicain et d’un paravent au chaos général..
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Bon, le contraire est toujours possible de l’homme surtout qu’ici ils sont amenés à perdre leurs vies sur le terrain pour ne défendre parfois que des hommes et non le pays…
Le silence n’est pas synonyme de la résignation (acceptation passive ou aveu de son échec ou son sort) ni non plus de l’ignorance de ses droits. Chaque chose a un début et une fin. Mieux vaut la fin d’une chose que son commencement. Quoiqu’il en soit, la fin de règne ou de mandat de Joseph Kabila Kabange sera constaté le 19 décembre 2015. La Cours Constitutionnelle dira à cette date que » La fin du mandat de JKK vient de se réaliser ce 19 décembre 2015. Mais pour raison de la continuité, la Cour lui permet de rester au pouvoir jusqu’à l’installation du nouveau Président élu ». Ainsi JKK restera au pouvoir selon l’avis de la Cour. Cependant, Est-ce que la population va-t-elle s’incliner devant une telle injustice au XXIè siècle? Les RDCongolais avaient accepté d’avaler des couleuvres : L D Kabila comme président et puis JKK et cela dans une atmosphère entretenue avec l’assistance de la Communauté internationale? Peut-on parler d’irresponsabilité collective ou tout simplement un mauvais sort sur les RDCongolais. Evidemment un tigre ne proclame pas sa tigritude, une tigresse saute. Mobutu, LD Kabila et JK Kabila tous ont été des parvenus dans la sphère politique avec des bilans flous: Objectifs 80, se prendre en charge, 5 chantiers, révolution de la modernité…des histoires creuses sans tête ni queue…des histoires à rêver debout…Le décret de la population au 19 décembre 2016 peut donner un nouveau élan à ce pays richement béni par Dieu…