Le président de la Ligue des Électeurs (LE) et Vice-Président de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) a été agressé le 6 novembre dans les rues de Kinshasa. Depuis plusieurs années, Paul Nsapu travaille sur des dossiers sécuritaires sensibles.
Une nouvelle attaque contre Paul Nsapu. Le 6 novembre 2021, à Kinshasa, un individu non identifié à moto « s’est dirigé à vive allure sur Paul Nsapu et l’a percuté alors qu’il se trouvait sur un trottoir, à l’intersection de deux avenues animées de la ville. Paul Nsapu a été projeté au milieu des voies de circulation et a lui-même percuté une voiture. Il a été blessé à la tête et a reçu un violent choc au niveau de l’épaule. Le motard a pris la fuite sans pouvoir être identifié » raconte dans un communiqué la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT).
Des menaces récurrentes
Cette mésaventure pourrait être un banal accident de la circulation, mais Paul Nsapu pense que le motard l’a intentionnellement percuté pour le blesser… ou l’éliminer. Car ce n’est pas la première fois que ce militant des droits de l’homme est menacé. « Depuis plusieurs mois, Paul Nsapu est la cible d’appels anonymes menaçants, y compris des menaces de morts, et de campagnes de dénigrement sur les réseaux sociaux » dénonce la FIDH. En mars 2017, le Vice-Président de la FIDH et sa famille avaient été menacés de mort par des personnes non identifiées. En janvier 2018, il avait reçu de nouvelles menaces de mort.
Affaires sensibles
A cette époque, Paul Nsapu était en première ligne pour dénoncer les meurtres et les exactions des forces armées congolaises et de la garde présidentielle dans la province du Kasaï central et à Kinshasa. Paul Nsapu a également enquêté sur le meurtre des deux experts de l’ONU, Zaïda Catalan et Michael Sharp en 2017, toujours au Kasaï. Les principales affaires sensibles de ces 15 dernières années sont toutes passées entre les mains du défenseur des droits de l’homme, comme les massacres des Bundu dia Kongo en 2007, ou le double assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana dont le procès vient de reprendre devant la justice militaire. Est-ce un hasard ? Ces derniers mois, Paul Nsapu s’était également présenté au poste de président de la Commission électorale (CENI). Sa candidature n’avait pas été retenue, mais la nomination de Denis Kadima à ce poste avait suscité une forte contestation de l’opposition et de la société civile, jugeant le nouveau patron de la centrale électorale trop proche du président Félix Tshisekedi.
Le combat continue
Après son agression, Paul Nsapu estime « avoir été clairement ciblé ». La FIDH et l’OMCT demandent l’ouverture d’une enquête « indépendante, rigoureuse, impartiale et transparente », et la fin de « toute forme de harcèlement, à l’encontre de Paul Nsapu et de l’ensemble des défenseurs des droits humains en RDC, et veiller à ce qu’ils puissent exercer leurs activités sans entraves ni peur de représailles ». L’actuel ministre des droits humains Albert Fabrice Puela a exprimé sa « consternation devant cette agression odieuse » et réclame « la poursuite des discussions sur un projet de loi portant protection des défenseurs des droits de l’homme ». Contacté par Afrikarabia, Paul Nsapu ne baisse pas les bras et affirme qu’il continuera son travail pour les droits humains en RDC.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
Merci pour cette très importante information