Une télévision appartenant à un ancien cacique de la majorité passé dans l’opposition, Gabriel Kyungu, a été fermée par les autorités de Lubumbashi. Deux médias proches de l’opposant Moïse Katumbi avaient déjà été interdits début 2016. Des fermetures en forme « d’intimidations » selon l’opposition.
Ecran noir pour « La Voix du Katanga » depuis le 11 mars 2016. Les autorités provinciales du Haut-Katanga ont décidé d’une fermeture administrative et affirment que ce média ne possédait pas de licence et ne payait pas sa redevance annuelle. La division provinciale de la Communication et des Médias de la riche province minière a expliqué sur Radio Okapi que le propriétaire du média semblait « ignorer la législation ». « Comment peut-il implanter une télévision comme si c’était une jungle ? » a dénoncé Mukalay Ilunga sur la radio onusienne. Des allégations récusées par le responsable de la télévision à l’AFP, qui estime que toutes les taxes avaient été payées et que sa licence d’exploitation était bien conforme. La fermeture de ce média a rapidement pris une tournure politique. Le prioritaire de la station n’est autre que Gabriel Kyungu, un ancien membre influent de la majorité passé dernièrement dans l’opposition au président Joseph Kabila. L’ancien président de l’Assemblée provinciale, à la tête de l’Unafec, avait franchi le rubicon en septembre 2015 en rejoignant le groupe des frondeurs de la majorité au sein du G7, une nouvelle plateforme politique d’opposition. Kyungu s’était violemment opposé à un possible troisième mandat de Joseph Kabila, que lui interdit la Constitution.
« Intimidations »
« La Voix du Katanga » de Gabriel Kyungu n’est pas le premier média proche de l’opposition a subir une « fermeture administrative ». En janvier, c’est radio-télévision Nyota et télévision Mapendo qui ont cessé d’émettre. C’est deux chaînes appartiennent à Moïse Katumbi, ancien allié de Joseph Kabila, passé lui aussi dans l’opposition. L’ex-gouverneur du Katanga et président du célèbre club de foot TP Mazembe est un possible rival du camp présidentiel pour la prochaine élection générale prévue fin 2016. Depuis leur départ de la majorité, Kyungu, Katumbi et les autres membres du G7, dénoncent « les multiples opérations d’intimidations » lancées par le pouvoir pour les museler – voir notre article. La bataille présidentielle a bel et bien commencé au Katanga, une province clé et fief du président Kabila. Le 26 mars prochain, les Assemblées provinciales éliront leur nouveau gouverneur. Dans la province minière, le candidat de la majorité dans le Haut-Katanga devrait être élu faute d’adversaires. Les candidats proches du G7 ont tous vu leur candidature invalidée.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia