Le Premier ministre Augustin Matata Ponyo a démissionné ce lundi pour permettre la nomination d’un Premier ministre issu de l’opposition présente au dialogue. Dans cette configuration, sauf surprise, Vital Kamerhe pourrait devenir le nouveau chef de gouvernement chargé de conduire la RDC aux élections.
Un pas supplémentaire a été fait ce lundi vers la nomination d’un nouveau gouvernement en République démocratique du Congo (RDC). Comme le prévoit l’accord politique, qui reporte les élections générales à avril 2018 en maintenant Joseph Kabila à son poste, l’actuel Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, a remis au président Joseph Kabila sa démission. La prochaine étape consiste donc dans la nomination d’un nouveau Premier ministre. Et toujours conformément à l’accord politique passé entre la majorité présidentielle et une partie de l’opposition, en octobre dernier, le chef de gouvernement devra être issu de l’opposition ayant participé au dialogue national.
Chaud et froid autour du Rassemblement
Mais depuis plusieurs jours, Kinshasa bruissait de signaux contradictoires sur le nom de l’heureux élu. En effet, le président Kabila, mais également, pour d’autres raisons, la communauté internationale regrettaient le caractère peu inclusif de l’accord politique. Le Rassemblement d’Etienne Tshisekedi et Moïse Katumbi, deux poids lourds de l’opposition congolaise ont boycotté le dialogue et rejeté en bloc l’accord politique signé par la seule UNC de Vital Kamerhe. Pour s’assurer une certaine légitimité dans le « glissement » du calendrier électoral et son maintien au pouvoir « hors Constitution », Joseph Kabila n’a cessé de faire des appels du pied au Rassemblement, allant même jusqu’à leur proposer la Primature, qui ne leur était pourtant pas destinée. Jusqu’à ce week-end, le camp présidentiel et le Rassemblement ont soufflé le chaud et le froid sur les tractions en cours.
La Primature pour l’opposition issue du dialogue
Mais ce dimanche, le Rassemblement a semblé mettre fin au suspense en rejetant une nouvel fois l’accord d’octobre et en exigeant que Joseph Kabila quitte le pouvoir au soir du 19 décembre comme l’exige la Constitution. Une condition inacceptable pour les proches du chef de l’Etat. Ce lundi, le président Joseph Kabila a donc fait machine arrière en annonçant dans un communiqué que le nouveau Premier ministre serait bien issu de l’opposition présente au dialogue et signataire de l’accord politique. A défaut de débaucher un des gros poissons du Rassemblement, le président Congolais a donc décidé de se tourner vers l’opposition pro-dialogue pour trouver le nouveau locataire de la Primature. Une hésitation qui en dit long sur la volonté du chef de l’Etat de respecter l’accord politique d’octobre.
Kamerhe « Premier-ministrable »
Dans le camp du dialogue, il ne faut pas chercher très loin pour trouver le favori dans la course à la Primature. Chef de la délégation de l’opposition pendant le forum, Vital Kamerhe apparaît comme l’opposant le plus « Premier-ministrable » des opposants présents à la Cité de l’Union africaine, même si son profil d’ancien meilleur allié du président Kabila ne joue pas en sa faveur. Dans le camp de la majorité, les caciques du PPRD voient d’un très mauvais oeil le retour de l’enfant prodigue dans le giron de la Kabilie. Sauf surprise, Vital Kamerhe devrait tout de mêmee prendre la tête d’un gouvernement élargi à l’opposition pour piloter la transition jusqu’à l’organisation des élections, fixées au plus tôt fin avril 2018. Une tâche plus que périlleuse au vue de la forte tension politique qui règne à Kinshasa. Restera à composer le nouveau gouvernement, dans lequel le président Kabila souhaiterait voir figurer des membres du Rassemblement. Un gage d’ouverture qui rassurerait la communauté internationale très inquiète de la répression politique accrue et des restrictions de la liberté d’expression, notamment en maintenant coupé le signal de Radio France Internationale (RFI) à Kinshasa… sûrement pour de longues semaines.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia