Une gigantesque enquête financée par la Fondation Gates place le Rwanda parmi les pays du monde où les progrès de santé publique sont les plus spectaculaires.
Un habitant du Rwanda bénéficie aujourd’hui d’une espérance de vie moyenne de presque 64 ans[i], vingt-deux ans de plus qu’au moment de l’indépendance en 1962 (+50%). La comparaison avec les pays voisins est édifiante. Le nouveau système de santé publique instauré par le régime de Paul Kagame assure aux Rwandais de vivre quinze ans plus vieux qu’un habitant de RDC (49 ans d’espérance de vie) et cinq ans de plus qu’un Burundais (59 ans). Rendant compte de l’enquête de la Fondation Gates, le quotidien français Le Monde[ii] note que l’espérance de vie moyenne sur la planète a gagné six ans depuis 1990. Pour l’auteur de l’article, Audrey Garric, « cette longévité s’est particulièrement accrue dans une dizaine de pays en développement tels que le Népal, le Rwanda, l’Ethiopie, le Niger ou l’Iran, qui ont gagné plus de douze ans ».
Depuis 1990, six ans d’espérance de vie en plus sur la planète, 34 ans de plus au Rwanda
Si pour dans l’opinion publique mondiale, l’image du Rwanda reste associée au génocide des Tutsi en 1994, les chiffres éclairent la réalité rwandaise d’un tout autre jour. Vingt ans après l’extermination massive des Tutsi et des Hutu démocrates par les Nazis tropicaux du « Hutu Power », le régime de Kigali consacre à la santé publique plus de 6% de son produit intérieur brut (PIB). Une proportion qui a augmenté de 272 % depuis la dernière année du régime Habyarimana, et qui prouve son efficacité.
Kigali consacre 6% de son PIB à la santé, la Russie, 4% !
Par comparaison, en consacrant moins de 3 % de leur PIB à la santé publique, les autorités de RDC font pâle figure. Il faut dire qu’à leur décharge, les Congolais ont hérité de la gestion catastrophique des années Mobutu, à bien des égards pires que les années Habyarimana au Rwanda. Lorsque Kabila père prit le pouvoir, les dépenses publiques de santé au Zaïre étaient proches de zéro. En 1990, année du déclenchement de la guerre civile au Rwanda, les habitants subissaient déjà une forte dégradation du système de santé publique, gangrené par la corruption, le népotisme et l’ethnisme[iii]. Entre 1962 et 1985, les Rwandais avaient progressivement gagné dix ans d’espérance de vie, passant de 40 à 50 ans. Mais l’incurie du régime Habyarimana à partir de 1985 fit brutalement baisser de 18 ans l’espérance de vie des Rwandais. Au moment de l’attaque du Front patriotique Rwandais (FPR), fin 1990, l’espérance de vie était retombée à 32 ans, un des pires palmarès de la planète. Ce n’était pas la guerre qui expliquait cet effondrement, mais au contraire l’incapacité du gouvernement rwandais à continuer d’assurer les services élémentaires à la population qui poussa la diaspora à se rebeller. Gabegie des autorités et pic impopularité avaient donné aux Tutsi émigrés l’espoir d’un facile retour au pays par la voie des armes.
Entre 1985 et 1990, l’incurie du régime Habyarimana fit diminuer de 18 ans l’espérance de vie des Rwandais
Au même moment, l’effondrement du système soviétique produisait des effets similaires. En Russie, les dépenses de santé du système public dégringolaient à 4 % du PIB et logiquement, l’espérance de vie passait de 68 ans en 1985 à 65 ans en 1994 (71 ans aujourd’hui). Il est frappant de constater qu’en 2014, le Rwanda consacre 6% de son PIB à la santé contre à peine 4 % en Russie. Au Rwanda, presque tous les habitants souscrivent à une mutuelle pour l’équivalent d’un euro par mois. La corruption a pratiquement disparu et les hôpitaux sont bien dotés. Résultat, un Rwandais pauvre est mieux soigné qu’un habitant de RDC appartenant à la classe moyenne/supérieure.
Le Rwanda se rapproche de la France… en terme de palmarès démographique
La comparaison avec la France, l’un des pays du monde qui consacre le plus lourd effort à la santé publique ( 9% du PIB en 2014) et qui obtient un des meilleurs résultats mondiaux pour l’espérance de vie (84 ans en 2014), est éclairante. En 1960, l’espérance de vie en France était de 70 ans, soit un gain de 14 ans en cinquante-quatre ans. Pour la même période, l’espérance de vie au Rwanda s’est améliorée de 22 ans. L’écart entre les deux pays s’est ainsi fortement réduit : vingt-huit ans de différence d’espérance de vie entre le Rwanda et la France en 1960, vingt ans de différence en 2014.
Jean-François DUPAQUIER