Le directeur de cabinet du président Tshisekedi a été reconnu coupable de corruption et détournement de fonds publics. Et sa condamnation à la peine maximale le place sur le banc de touche politique pour de longues années.
Le verdict des juges du procès des 100 jours a été à la hauteur des attentes des Congolais : sévère. Vital Kamerhe, principal allié politique du président Félix Tshisekedi, écope de la lourde peine de 20 ans de travaux forcés et 10 ans d’inéligibilité. Le directeur de cabinet de la présidence a été reconnu coupable de « détournement de fonds publics » et « corruption aggravée » dans l’affaire du programme présidentielle des 100 jours.
Il était soupçonné, avec deux co-accusés, d’avoir détourné 50 millions de dollars destinés à la construction de maisons préfabriquées dans le cadre du programme d’urgence lancé par le président Tshisekedi. Le feuilleton du procès diffusé en direct à la télévision nationale, entre « Dallas » et « la famille Kardashian », a passionné les Congolais qui attendaient depuis plusieurs décennies le procès de la corruption endémique qui ronge leur pays.
A la peine maximale de 20 ans de travaux forcés, les comptes bancaires de Vital Kamerhe, de son épouse, de sa fille et de son cousin, seront saisis par le tribunal, ainsi que les biens achetés avec l’argent détourné. L’homme d’affaires libanais Sammih Jammal, qui a acheté les maisons préfabriquées, a également été condamné à 20 ans de prison et sera expulsé du pays. Jeannot Muhima, le responsable de la logistique de la présidence, qui devait rapatrier les maisons de Turquie, a été condamné à 2 ans de prison.
Un procès au goût d’inachevé
Si de nombreuses organisations citoyennes, comme l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ), « félicite » la justice congolaise pour « avoir mené les enquêtes et procès jusqu’à leur terme », le procès des 100 jours laisse comme un goût d’inachevé. Les audiences ont été souvent décousues, les procédures expéditives, l’accusation approximative et la défense laborieuse.
Pour le président du réseau panafricain de lutte contre la corruption, Unis, Jean-Jacques Lumumba, « les déficiences dans le ficelage du dossier laissant transparaître des investigations incomplètes et bâclées ». Il estime également que d’autres acteurs clés de l’affaire doivent être poursuivis et s’étonne que la banque privée qui a autorisé « des décaissements colossaux en liquides au mépris de la législation en vigueur », ne soit pas inquiétée davantage.
L’ONG Human Rights Watch (HRW), rappelle de son côté que « le détournement de fonds publics au Congo n’est pas l’affaire d’une seule figure politique. Les autres personnalités impliquées dans la corruption devraient aussi faire l’objet d’une enquête et de poursuites équitables, quelle que soit leur fonction ou leur couleur politique ». Une allusion aux 16 années de mégestion de Joseph Kabila, que la justice semble pour l’instant ignorée.
Hors-jeu politique ?
Figure emblématique de la vie politique congolaise depuis une vingtaine d’années, de directeur de campagne de Joseph Kabila en 2006, à la présidence de l’Assemblée nationale, jusqu’à sa rupture avec le président congolais en 2009 et la création de l’Union pour la nation congolaise (UNC), son propre parti d’opposition, Vital Kamerhe n’a jamais cessé de rebondir entre plusieurs traversées du désert. Et dire que le verdict du tribunal de grande instance de Kinshasa est sévère est un euphémisme pour ce poids lourds de la politique congolaise.
La lourde condamnation et la perte des droits civiques signent l’arrêt de mort politique de Vital Kamerhe, qui comptait bien se présenter à la prochaine présidentielle en tête de liste de la coalition CACH, fort de l’accord conclu à Nairobi avec Félix Tshisekedi, qui devait lui laisser la place de candidat en 2023. Avec cette peine d’inéligibilité, même allégée en appel, Vital Kamerhe voit s’échapper la possibilité de briguer la magistrature suprême, et rend l’accord avec Tshisekedi caduc. Ce qui fait dire à de nombreux observateurs, que Félix Tshisekedi est le grand gagnant du procès des 100 jours, voyant Vital Kamerhe hors-jeu, lui laissant ainsi la place libre pour briguer un second mandat.
Mais la neutralisation de Vital Kamerhe prive aussi le président d’un précieux soutien dans le Sud-Kivu, où Vital Kamerhe est encore populaire. Et l’arme judiciaire est à double tranchant pour Félix Tshisekedi, qui n’est pas à l’abri d’être touché de après ou de loin pour l’opération « mains propres ».
Un « simulacre de procès »
Les avocats de Vital Kamerhe, dont le bâtonnier parisien Pierre-Olivier Sur, déplorent « 30 ans d’exclusion de la vie politique » pour Vital Kamerhe et ne décolèrent pas sur un procès qu’ils qualifient de « simulacre ». Selon eux, « la condamnation ne se fonde sur aucune pièce (instructions écrites données ou flux bancaires exécutés) et se contredit en soutenant qu’il aurait pu détourner de l’argent public alors qu’il n’était ni ordonnateur ni comptable de la dépense publique ». Les conseils de Vital Kamerhe assurent qu’ils exerceront « toutes les voies de recours possibles : en République démocratique du Congo, devant les cours régionales africaines et devant les Nations Unies, qu’il a d’ores et déjà saisies ». Vital Kamerhe a 10 jours pour faire appel à Kinshasa.
Le procès des 100 jours signe-t-il la mort politique de Vital Kamerhe ? En politique, il vaut mieux ne jamais dire jamais et encore moins en République démocratique du Congo, où les rebondissements judiciaires et politiques sont légions. D’ailleurs, Vital Kamerhe est un animal politique qui a déjà connu de nombreuses traversées du désert et s’est toujours relevé. Pour le moment, restons prudent et ne signons pas l’arrêt de mort du lion.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Article bien écrit, le RDC est vraiment dirigé par des godillots et Il suffirait d’un bon leader pour que le pays décolle.. Tenez, au Rwanda, Kagame, son premier Ministre E. Girente et son gouvernement vont donner leurs salaires d’un mois pour soutenir les efforts visant à contrer le COVID 19. Chez nous, Jeannine Mabunda Présidente de l’assemblée nationale, trafiquante et ancienne porteuse des valises de billets, des devises et de lingots d’or, de Kanambe, demande une augmentation de salaire de 2000 $ par mois par député. C’est révoltant, les Sénateurs et les Députés sont grâcement payés pour accompagner l’imposture rwando-tanzanienne au pays. Le RDC est le théâtre de la médiocrité politique et de la mauvaise gouvernance par excellence. Un exemple, la soeur jumelle/ tante/ cousine » Dada Hildegonde Janet Kabila » et la Burundaise Francine Kayumba ne payent pas leurs employés mais viennent de découvrir que les militaires et soldats congolais sont mal payés, ces gens se moquent vraiment des Congolais. Quelle indignation dans un pays où les individus comme » Zoé, Joseph, Janet Kabila » ont plus d’argent que l’Etat Congolais Un pays où un ancien garçon de course de « Joseph Kabila » le Burundo-Rwandais » Kikaya Bin Karubi » était Ambassadeur pour plusieurs années aux Royaumes Unis Go figure
Ce procès contre Vital Kamerhe n’ a pas convaincu. Il fallait prouver que la somme des préfabriqués livrés, en transit, en cours de livraison et les dépenses y afférentes ne correspond pas au montant de la
commande. Ensuite, l’ accusation a été incapable de produire un document prouvant un lien financier entre M. Kamerhe et M. Jamal. Enfin, avoir rejeté plus de 5 demandes de liberté provisoire, et un verdict copié collé du réquisitoire ! Concernant M. Muhima, qu’ a-t-il détourné réellement, après avoir dédouané les containers, et prouvé documents à l’ appui !
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Le procès contre VK est tout sauf la justice.
« Pièce contre pièce » : VK 10- Justice congolaise 0.
Qui a entendu lire une seule pièce où il était clairement consigné le transfert d’un seul franc congolais au profit de VK pour ainsi crier crier au détournement ou à la corruption ? Nous croyons en la Justice de Dieu. Toutes nos prière à Dieu pour sauver VK et Jammal de la haine de cette meute de charognards, escrocs et sanguinaires qui dirigent la RDC. Ces politiciens savent dans leur conscience qu’ils ont condamné un innocent. Que cette injustice qui continue à faire mal au fond du coeur de tout congolais épris de bonne volonté soit une malédiction pour eux et pour leur progéniture éternellement.