Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU vient de décider l’envoi d’une mission de maintient de la paix, les leaders religieux centrafricains demandent rapidement des forces militaires supplémentaires pour éviter « le risque de spirale vers le chaos« .
L’arrivée prochaine de 12.000 casques bleus en Centrafrique a été saluée ce jeudi par les principaux leaders religieux à Bangui. Le Conseil de sécurité a décidé de déployer une opération de maintien de la paix pour tenter de sortir le pays du chaos, et des violences entre chrétiens et musulmans. Mais l’Archevêque de Bangui, Dieudonné Nzapalainga, s’inquiète de la situation sécuritaire qui continue de se dégrader : « le nettoyage ethnique se poursuit, et des milliers de personnes risquent encore de perdre la vie« . En attendant le déploiement des casques bleus, prévu en septembre, l’Archevêque de Bangui demande des renforts et « un soutien immédiat à la Misca (la force africaine déjà sur place) pour améliorer la sécurité dans les cinq prochains mois« .
« Un manque d’engagement politique peut mener à une catastrophe »
L’urgence de la situation est également partagée par l’Imam Omar Kobine Layama, Président de la Communauté Islamique Centrafricain : « la commémoration cette semaine du 20ème anniversaire du génocide Rwandais est un rappel important des risques qui perdurent dans notre pays. La leçon à tirer du Rwanda est qu’un manque d’engagement politique peut mener à une catastrophe. Il est impératif que le Conseil de Sécurité maintienne son soutien à notre pays et que la décision de l’ONU d’envoyer des casques bleus fasse partie d’une stratégie de long terme pour apporter paix et sécurité à la République Centrafricaine« .
« 2 millions de civils ont besoin d’assistance humanitaire »
Même son de cloche pour le Révérend Nicolas Guérékoyamé-Gbangou, le président de l’Alliance Evangélique : « plus de 2 millions de civils en RCA ont besoin d’assistance humanitaire. Nous demandons aux gouvernements de soutenir les organisations humanitaires en Centrafrique pour que celles-ci apportent l’aide à tous ceux qui sont dans le besoin« .
2.000 morts depuis décembre 2013
La demande de renforts militaires par les autorités religieuses de Bangui, intervient après une semaine particulièrement violente en Centrafrique. Le 8 avril, de violents affrontements entre anti-balaka et ex-Séléka ont fait au moins 30 morts et plus d’une dizaine de blessés, près de Dékoa, à 300 km de Bangui. Au total, depuis décembre 2013, 2.000 personnes ont été tués en Centrafrique. Les 6.000 soldats africains de la Misca et les 2.000 français de l’opération Sangaris peinent toujours à ramener le calme sur le terrain. Les leaders religieux centrafricains estiment que la Misca a un besoin urgent de renforts, d’équipement et de soutien logistique, « d’autant que le Tchad a commencé à retirer ses 850 soldats la semaine dernière« .
Christophe RIGAUD – Afrikarabia