Crise politique, crise sécuritaire et crise humanitaire, la Centrafrique continue de s’enfoncer dans l’anarchie. Dans une lettre au Conseil de sécurité de l’ONU, la présidente d’International Crisis Group (ICG) demande « une action internationale urgente et concertée afin d’enrayer le chaos ».
Il y a eu la dictature sous Bozizé, il y a maintenant le chaos sous Djotodia. Huit mois après la prise du pouvoir par les rebelles de la Séléka, la Centrafrique n’est aujourd’hui plus vraiment sous le contrôle de l’Etat. Le nouveau président Michel Djotodia, issu de la rébellion, peine à maîtriser ses troupes qui commettent violences, pillages et vols à répétition. Même la capitale, Bangui, n’est pas sécurisée. Que dire alors des zones reculées comme Bossangoa, Bouca ou Bouar, où s’affrontent désormais ex-rebelles de la Séléka et des miliciens proches du président déchu Bozizé. Plane également le risque d’un conflit religieux entre musulmans (majoritaires dans l’ex-rébellion) et les chrétiens… conséquence malheureuse du coup d’Etat de la Séléka.
Confusion totale
Dans ce contexte explosif où 1,6 million de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire d’urgence et 400.000 centrafricains sont déplacés dans leur propre pays, Louise Arbour décide d’interpeler le Conseil de sécurité des Nations unies. La présidente d’International Crisis Group (ICG) demande à l’ONU d’aider rapidement la Centrafrique à sortir du cycle de la violence. Dans une lettre ouverte, Louise Arbour pointe le manque d’autorité du président Djotodia sur ses hommes et rappelle que se sont « les combattants de la Séléka (qui) attaquent les civils, détournent des véhicules des Nations unies et des ONG, et ont récemment abattu un Casque bleu africain et un travailleur humanitaire ». La confusion totale règne en Centrafrique, selon la présidente d’ICG, qui dénonce « les ministères pillés, les infrastructures publiques détruites, les recettes budgétaires quasiment nulles » et décrit des fonctionnaires qui se sont réfugiés dans la capitale ».
Chapitre VII pour la Misca
Que fait la communauté internationale ? En octobre 2013, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2121. Cette résolution renforce le mandat du Bureau intégré de l’Organisation des Nations unies en Centrafrique (Binuca), et appelle à la création d’une mission internationale de soutien à la Centrafrique dirigée par l’Union africaine (Misca). Louis Arbour demande que le Conseil de sécurité autorise un mandat de chapitre VII pour la Misca, qui permettrait l’emploi de la force sur le terrain. La Misca doit remplacer les 3.000 hommes de la Force multinationale de l’Afrique centrale (Fomac), composée de tchadiens, de burundais, de gabonais ou de congolais…
Autoriser la France à rétablir l’ordre
Où est la France ? Paris possède 450 militaires autour de l’aéroport de Bangui et de « points d’intérêt français ». Le 8e RPIMa n’est donc pas vraiment là pour sécuriser la capitale : trop peu nombreux et pas positionné pour cela. Le Quai d’Orsay a annoncé le renfort de 250 à 550 hommes supplémentaires avant la fin 2013. Une présence certes timide, mais surtout sans aucun effet sur l’insécurité qui règne dans la capitale. Louise Arbour souhaiterais que le Conseil de sécurité « autorise les forces françaises à participer au rétablissement de l’ordre ». Les pays africains sont aussi sollicités par ICG qui encourage l’Afrique « à fournir à la Misca des contingents supplémentaires, compétents et bien équipés ». Un plan d’urgence doit enfin être mis en place rapidement « pour rétablir et redéployer la police centrafricaine, la gendarmerie, les organismes judiciaires et les services pénitenciers, d’abord à Bangui, puis dans les provinces ».
Des élections crédibles
Sur le volet politique, alors que la période de transition de 18 mois paraît bien mal engagée, Louise Arbour réclame la création d’une « mission d’évaluation électorale, d’un budget et d’un calendrier réaliste pour la tenue d’élections crédibles. » Louise Arbour explique enfin que le temps presse. « Si la communauté internationale n’agit pas rapidement », note la présidente d’ICG, « cela risque de déstabiliser davantage le pays, ce qui mettrait en danger la République centrafricaine, ses citoyens mais également la région toute entière ». A bon entendeur…
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
En se référant aux craintes des centrafricains , quoi dirai-je? Vive la francafrique car les africains noirs sont incapables de diriger leurs pays respectifs . La France a le devoir moral d’intervenir sans cela , c’est le chaos total .
Oh là! La cohorte des anti-Taubira pointe déjà le bout de son nez. D’où vient donc le postulat selon lequel les Africains noirs seraient incapables de diriger leurs pays respectifs ? Une réminiscence assurément du code colonial. Léopold Sédar Senghor a dirigé le Sénégal durant deux décénies, si je ne m’abuse. Félix Houphouet-Boigny encore plus longtemps.
Ceci dit, lorsqu’un pays africain tombe en deshérence d’une autorité légitime, reconnue par la communauté internationale, je ne vois pas la moindre contrindication à confier à la Minusca, avec le concours de la France en Centrafrique, comme au Mali, la mission de ramener la paix et la sécurité des citoyen dans un pays à la dérive.Encore faut-il que le
Conseil de sécurité ne cherche pas à esquiver ses responsabilités. Ni à se livrer aux dérobades habituelles, dictées par les intérêts des grandes puissances, face à la situation d’urgence d’une intervention humanitaire en faveur des populations locales, livrées aux pillages et aux massacres de groupes armés sans foi ni loi.
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