Désormais aux portes de Bangui, plus rien ne semble pouvoir arrêter les rebelles du Séléka. Le président centrafricain, François Bozizé, abat ses dernières cartes en proposant la nomination d’un gouvernement d’union nationale… ce que refusent la rébellion. Selon le Séléka, la chute de Bangui serait une question d’heures.
La rébellion centrafricaine du Séléka estime dimanche soir pouvoir faire tomber Bangui « à tout moment » et « au plus tard mardi« . Certains éléments de la coalition du Séléka se trouveraient « à moins de 10 km » de la capitale centrafricaine, selon un porte-parole contacté ce dimanche par Afrikarabia. L’étau se resserre donc autour du président François Bozizé, qui vient de faire plusieurs gestes envers la rébellion : il propose des négociations sans délai, de former un gouvernement d’union nationale et promet de ne pas se représenter en 2016. « Trop tard » répondent les rebelles, pour qui, François Bozizé « avait cette possibilité depuis 2007« . Dans un dernier sursaut, François Bozizé demande une rencontre avec François Hollande, celui-là même qu’il accusait il y a encore quelques jours de vouloir le renverser. Le président français a appelé, dimanche soir, toutes les parties au calme, sans faire mention de la demande de rencontre.
En position de force, la rébellion rejette en bloc toutes les propositions de négociations de François Bozizé et demande à l’Union africaine (UA) de « faire comprendre » au président centrafricain « qu’il doit accepter de partir« . « François Bozizé n’est plus légitime, ni crédible pour dialoguer« , nous explique un porte-parole de la coalition. « Nous ne voyons aucune objection à la formation d’un gouvernement d’union nationale… mais sans Bozizé ! On pourra peut-être lui proposer l’amnistie, mais c’est tout !« . Au sein du mouvement rebelle, la page Bozizé semble déjà tournée. « On croit même savoir« , me confie un membre du Séléka, « que François Bozizé se réfugiera au Bénin si les choses tournent mal« . « C’est aussi pour cela que le président béninois Yayi Boni était ce dimanche à Bangui« , conclut mon interlocuteur. Selon Eric Massi, un porte-parole du Séléka à Paris, la rébellion contrôlerait 85% du territoire.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia