La chute de Goma oblige Félix Tshisekedi à muscler ses soutiens militaires et diplomatiques pour éviter une extension du M23 au Sud-Kivu. Le président congolais espère un soutien militaire musclé de l’Afrique du Sud, du Burundi, ainsi qu’une possible intervention du Zimbabwe.

Après la prise de Goma par les rebelles du M23 et l’armée rwandaise, toute l’attention se tourne maintenant vers le Sud-Kivu. L’objectif de descendre vers le Sud avait été annoncé par l’ambassadeur du Rwanda pour la région des Grands lacs, Vincent Karega, « parce que Goma ne peut pas être une fin en soi ». La rébellion était descendue jusqu’à Nyiabibwe, à environ 70 kilomètres de Bukavu, mais l’armée congolaise, assistée par ses groupes armés supplétifs et les soldats burundais, ont réussi à repousser le M23 d’une vingtaine de kilomètres vers le Nord. L’avancée rebelle a donc été momentanément stoppée. La question est de savoir pour combien de temps ? Pour éviter la chute de Bukavu, qui serait catastrophique pour Félix Tshisekedi, le président congolais compte d’abord sur son voisin burundais et ses troupes largement déployées au Sud-Kivu.
Un soutien burundais « pour une question de survie »
Pour le président du Burundi, les victoires du M23 et de son parrain rwandais constituent également une menace inquiétante pour son propre régime. Évariste Ndayishimiye a même accusé le Rwanda de « préparer quelque chose contre le Burundi ». Interrogé par Afrikarabia, Alphonse Maindo, professeur en sciences politiques à l’université de Kisangani, va plus loin. « C’est une question de survie pour le Burundi. Le régime sait qu’il est dans la ligne de mire du Rwanda. Si Paul Kagame arrive jusqu’au Sud-Kivu et Bukavu, son armée pourrait arriver jusqu’aux frontières burundaises et plus facilement déstabiliser Évariste Ndayishimiye. Le Burundi va donc tout faire pour éviter une humiliation de Kigali ».
L’Afrique du Sud joue les premiers rôles
Du côté des alliés militaires de Kinshasa, l’Afrique du Sud reste sans doute la pièce maîtresse de Félix Tshisekedi. Pour Alphonse Maindo, l’implication de l’Afrique du Sud dans les combats à venir en RDC « est une question d’honneur ». 14 soldats de Pretoria ont été tués dans l’Est du Congo. « Dans l’entourage de Cyril Ramaphosa, beaucoup estiment qu’il faut désormais utiliser toute la force militaire sud-africaine, notamment l’aviation qui est parmi la plus puissante d’Afrique. Cyril Ramaphosa tempère, mais l’Afrique du Sud a déjà renforcé ses troupes, et y a eu plusieurs rotations la semaine dernière à Kinshasa et Lubumbashi ». Cyril Ramaphosa et Paul Kagame se sont dernièrement échangés des mots doux, virant à la quasi-déclaration de guerre. Cyril Ramaphosa doit éviter, comme son homologue burundais, l’humiliation de Kigali. Pour Félix Tshisekedi, l’engagement militaire sud-africain est déterminant, reste à savoir si le président sud-africain franchira le pas.
Le Zimbabwe va-t-il entrer dans la danse ?
Le politologue indique également, que l’Angola pourrait s’impliquer « indirectement » et militairement dans le conflit. Joao Lourenço étant médiateur du processus diplomatique de Luanda, toujours en cours, il lui est impossible d’envoyer des troupes sous drapeau angolais, mais des pistes alternatives sont sur la table avec Kinshasa. Félix Tshisekedi va également s’appuyer sur la Tanzanie, qui a décidé de poursuivre son soutien dans le cadre de la force régionale de la SADC en maintenant ses effectifs, mais sans les augmenter. Idem pour la Namibie. « Il y a aussi un acteur de dernière minute qui est annoncé, révèle Alphonse Maindo. Il s’agit du Zimbabwe, qui pourrait commencer à déployer ses hommes et son matériel cette semaine. Ce serait une surprise de voir le Zimbabwe venir au secours de Félix Tshisekedi. Le Zimbabwe a de très bonnes relations avec l’ancien président Joseph Kabila. C’est pour cela que John Numbi, toujours en fuite, peut être tranquille au Zimbabwe. Numbi et Kabila ont été accusés par Kinshasa d’entretenir des liens avec le M23. Reste à savoir ce qu’a promis Félix Tshisekedi au président zimbabwéen pour sa possible intervention ? »
Le Rwanda dans un mauvais rôle
Ces soutiens peuvent-ils inverser le rapport de force militaire, qui penche aujourd’hui largement en faveur du M23 et de son soutien rwandais ? Alphonse répond par l’affirmative, sur le champ de bataille, mais aussi sur le terrain diplomatique. « Le Rwanda joue aujourd’hui le mauvais rôle. Il n’y a aucune explication objective à son implication au Congo, et il intervient au grand jour en affrontant directement la Monusco et l’Afrique du Sud. Le conflit n’est plus l’affaire des Congolais entre eux, comme le disait Kigali ». Une aide militaire conséquente du Burundi, mais surtout de l’Afrique du Sud pourrait donc changer la donne selon Alphonse Maindo.
Sommet EAC-SADC : « La blessure est trop fraîche »
Ce week-end est annoncé un sommet conjoint de l’East Africa community (EAC) et de l’African Development Community (SADC) à Dar Es Salam, en Tanzanie. Le communiqué précise que les deux présidents, Tshisekedi et Kagame, seraient présents, après deux rendez-vous manqués à Luanda, mi-décembre, et à distance, en janvier, à l’invitation du kényan William Ruto. « Ces types de sommets sont organisés pour l’apparat, analyse Alphonse Maindo. Les vraies décisions se prennent en dehors de ces forums, au téléphone ou quand ils se rencontrent en privé. Dans la situation actuelle, la blessure est encore trop fraîche pour que ce sommet puisse faire avancer les choses. Nous avons d’un côté l’arrogance des vainqueurs de Goma, et de l’autre côté, nous avons juste de l’aigreur et de la rancoeur. Cela va demander un peu de temps et beaucoup de pressions internationales pour ramener les belligérants à la raison ».
Christophe Rigaud – Afrikarabia
Hahahhha!S
Du wishfull thinking.
L’Afrique du Sud essaie de montrer des muscles pour se sortir du bourbien dans lequel elle s’est embrouillé. Ramaphosa est plus préocupé plus par l’évacuation de ses militaires prisoniers a Goma. Avec une communication approximative. SANDF se retirera aussitot qu’un un cessez le feu est en place; qui a été déjà décreté par le M23.
Quand au Sud Kivu, quand les employés de l’ONU commencent à fuir vers le Rwanda via Rusizi cela est une indication qui ne trompe pas. Ce n’est qu’une partie remise.
Zimbabwe ne s’embarquera jamais dans cette guerre.
L’Angola non plus à moins que Lorenço renonce à la presidence de l’Union africaine.
Cette guerre est à éviter parce que c’est la population civile qui payent le prix, Felix Tshisekedi est un homme de paix, Kagame un Itilaire Africain qui pense qu’il sera là pour toujours finira par se faire tué par ces propres Militaires.
Très bonne analyse Mon maître, Mon ancien professeur, directeur de mon mémoire Prof Alphonse MAINDO