La majorité présidentielle a présenté son candidat pour les élections de décembre devant plus de 50.000 personnes à Kinshasa. Une forte mobilisation qui reste à relativiser.
C’est dans un stade plein à craquer qu’Emmanuel Ramazani Shadary, le candidat de Joseph Kabila à la prochaine présidentielle a tenu son premier meeting ce samedi à Kinshasa. Si la campagne n’est pas encore lancée, le Front commun pour le Congo (FCC), la plateforme créée autour de l’actuel président Kabila, a présenté son candidat à ses partisans. Entre 40 et 50.000 personnes ont donc investis en fin de matinée, le stade Tata Raphaël de Kinshasa, autour d’un chapiteau géant dressé au milieu du terrain. Celui qui est présenté comme le « dauphin » de Joseph Kabila, était soutenu en tribune par les cadres de la majorité, comme le ministre de l’Intérieur, Henri Mova, ou celui du Plan, Modeste Bahati, mais aussi par le Premier ministre en personne, Bruno Tshibala, issu de l’opposition, et membre du FCC.
Le candidat de Kabila
Bruno Tshibala a d’abord tenu à rassurer les partisans du camp présidentiel : les élections auront bien lieu le 23 décembre prochain, même si les retards logistiques et financiers rendent encore le scrutin des plus incertains – voir notre article. Pour cet ancien bras droit de l’opposant historique Etienne Tshisekedi, qui a été débauché par le chef de l’Etat pour rejoindre la majorité, son candidat à la prochaine présidentielle est bien Emmanuel Ramazani Shadary, désigné par le « raïs » (Joseph Kabila) pour lui succéder.
Coiffé d’une casquette blanche étiquetée « FCC », Emmanuel Ramazani Shadary, n’a pas fait mystère de sa mission de candidat de la majorité présidentielle : « Je suis le candidat de Joseph Kabila (…) et derrière lui, nous allons poursuivre le travail de la reconstruction du pays. » Peu connu du grand public, sa désignation par Joseph Kabila a créé la surprise, jusque dans les rangs du camp présidentiel. Le candidat a donc promis de dévoiler son programme et son équipe aux Congolais dès la semaine prochaine.
Avec la machine à voter
Le candidat du pouvoir s’est également exprimé sur l’une des principales polémiques de ce scrutin, l’utilisation de la machine à voter, dont l’opposition craint qu’elle ne serve à frauder à grande échelle. Pour Emmanuel Ramazani Shadary la question est tranchée : « Nous voulons la machine à voter ! ». Un slogan repris en choeur par la foule des sympathisants. Une manière pour la majorité de confirmer qu’elle n’abandonnera pas la machine à voter, comme le réclame l’opposition. D’ailleurs, pour les supporters du président Kabila présents au stade Tata Raphaël, il ne fait aucun doute que les 50.000 personnes rassemblées ce samedi laissent présager « une victoire assurée de Ramazani », en comparant avec les 4.000 manifestants de l’opposition dans les rues vendredi.
Si le premier meeting du FCC apparaît comme une réussite en terme de mobilisation, ce succès est à relativiser. D’abord parce que Kinshasa compte un peu plus de 12 millions d’habitants, et qu’un stade rempli de 50.000 personnes n’offre qu’une faible indication de la capacité de mobilisation de la majorité. Ensuite, ce genre de meeting, est le plus souvent « sponsorisé » par les organisateurs. L’opposition a rapidement dénoncé les sommes d’argent proposées par le FCC aux sympathisants pour venir assister au meeting d’Emmanuel Ramazani Shadary : 10.000 francs congolais, soit un peu plus de 5 euros. Difficile donc de mesurer le réel impact de ces rassemblements, d’autant que la majorité n’est pas la seule à payer ses militants. L’opposition a également recours à ses « sympathisants intéressés » dans ses meetings, avec des moyens, certes bien moindre. Ce samedi, le FCC a gagné la bataille des images, reste à remporter les élections. Mais les partisans du « raïs » en sont sûrs : la victoire est acquise… avec la machine à voter.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia