Global Witness révèle dans un récent rapport l’implication de militaires de haut rang dans le commerce de minerais dans l’Est de la République démocratique du Congo. Selon l’ONG, les minerais seraient « blanchis » en transitant par le Rwanda et le Burundi, avant d’être exportés vers Dubaï.
Du Congo à Dubaï, en passant par… le Burundi. Global Witness a pu remonter la filière du commerce de l’or en République démocratique du Congo (RDC). L’ONG affirme que « les tonnes d’or produites dans l’Est du Congo profitent aux rebelles et à des officiers hauts gradés des armées gouvernementales congolaise et burundaise« . L’enquête explique que l’or est blanchi en passant par le secteur aurifère national burundais pour être ensuite exporté vers Dubaï. Aucun contrôle sérieux ne semble être effectué par les acheteurs locaux ou par les négociants internationaux. D’importantes quantités d’or sont donc vendues sur le circuit international, alors qu’elles financent la guerre à l’Est de la RDC.
Pour d’autres minerais, Global Witness affirme que « la plus grande partie de l’étain, du tantale et du tungstène produits dans le Nord et le Sud-Kivu profite aux rebelles et à des membres de l’armée gouvernementale (FARDC)« . Là encore, les minerais transitent via le Burundi, mais aussi le Rwanda avant d’être exportés. Au Rwanda, l’ONG explique que « l’étain et le tantale introduits clandestinement sont blanchis à travers le système d’étiquetage national rwandais et exportés en tant que produits rwandais propres« . Global Witness rappelle enfin que les populations locales du Nord et du Sud-Kivu sont les premières « à faire les frais d’un long conflit marqué par les meurtres, les pillages, les viols massifs et les déplacements de population« .
Global Witness estime que le moment est « crucial » pour le commerce des minerais en République démocratique du Congo. La pression doit donc s’accentuer sur les entreprises internationales du secteur. L’ONG affirme que les sociétés « visées par la Section 1502 de la Loi Dodd Frank (une loi américaine qui cherche à empêcher que le commerce des minerais de la région ne finance le conflit), sont dans leur première année de présentation de rapports et qu’elles sont tenues de publier pour mai 2014 des informations détaillées sur les efforts qu’elles déploient pour contrôler leurs chaînes d’approvisionnement« . Et de rappeler aussi que l’Union européenne (UE) doit jouer un rôle majeur dans la réglementation du commerce des minerais. En mars 2013, une concertation publique sur les minerais du conflit, pourrait déboucher sur l’introduction d’une réglementation européenne. Mais le temps presse..
Christophe RIGAUD – Afrikarabia