Une nouvelle coalition Rassemblement-UNC-MLC pourrait bien naître de la rencontre des principaux leaders de l’opposition congolaise à Bruxelles. Un « grand rassemblement » qui acte le retour de Vital Kamerhe.
Branle-bas de combat au sein de l’opposition congolaise avant le 31 décembre 2017. A cette date, l’accord de la Saint-Sylvestre sera caduque et l’opposition compte bien faire partir le président Joseph Kabila qui n’a pas été capable d’organiser les élections dans les délais. Mais depuis plus d’un an, l’opposition apparait divisée sur la stratégie à adopter face au pouvoir. Certaines composantes ont effet accepté de cautionner un premier dialogue sous l’égide de l’Union africaine (UA), comme l’UNC de Vital Kamerhe. D’autres l’ont boycotté comme la majeure partie du Rassemblement de l’opposition. Mais depuis ce vendredi, les divergences ont cédé la place à l’union, Du moins, sur la photo. C’est en effet un cliché qui a fait le tour des réseaux sociaux ce vendredi, montrant une opposition, presque au grand complet. Sur la photo : le président du Rassemblement, Félix Tshisekedi, ou Moïse Katumbi, le très en vue candidat à la présidentielle, toujours en exil forcé en Europe, mais c’est surtout la présence de Vital Kamerhe qui a créé l’événement.
Vers un « grand rassemblement » de l’opposition
Le patron de l’UNC n’avait pas souhaité rejoindre le Rassemblement de l’opposition en juin 2016, à l’appel d’Etienne Tshisekedi. Faisant cavalier seul, il avait ensuite participé au très controversé dialogue de l’Union africaine, espérant sans doute briguer la Primature. Après le fiasco du premier dialogue, Vital Kamerhe s’est inscrit dans le compromis de l’accord de la Saint-Sylvestre, se voyant à la tête du Conseil de suivi de l’accord (CNSA). Mais là encore : patatra, l’ancien président de l’Assemblée nationale, se fait doubler par le tonitruant Joseph Olenghankoy. Rejeté par la majorité présidentielle, qui a la rancune tenace vis à vis de l’ancien bras droit de Joseph Kabila ; et accusé par l’opposition d’avoir fait le jeu du président congolais, Vital Kamerhe s’est alors retrouvé marginalisé.
Le retour du patron de l’UNC au sein de la famille du Rassemblement constitue donc une petite victoire pour Vital Kamerhe. Devant ses troupes à Paris, il a expliqué avoir donné une dernière chance au président Kabila de quitter le pouvoir en décembre 2016. « (Joseph Kabila) a cru que nous étions naïfs et a refusé de saisir cette chance » s’est justifié Kamerhe, qui a juré « abandonner toutes les petites ambitions et les égos » afin de créer « une union solide pour imposer les élections ». Sur les réseaux sociaux, qui n’ont pas manqué de railler le revirement de Vital Kamerhe, le chef de l’UNC, a reconnu ses erreurs « qui nous permettent de perfectionner notre stratégie. » « Tournons la page et adoptons un plan de bataille » a-t-il affirmé.
« On sait qui est opposant, qui ne l’est pas »
Du côté des proches de Moïse Katumbi, on salue, l’union retrouvée. Olivier Kamitatu, le porte-parole de l’ancien gouverneur du Katanga, se félicite de ce retour : « Tous ont compris que pour vaincre la dictature, ils doivent être ensemble ». Avec l’UNC, mais aussi le MLC de Jean-Pierre Bemba, la photo de famille est presque complète. Et avec ce front commun inédit, l’opposition compte bien remporter son premier combat : faire partir Joseph Kabila. Mais si cette unité retrouvée de l’opposition suscite l’espoir, elle fait également naître le scepticisme. « On sait qui est opposant et qui ne l’est pas » pouvait-on lire sur les réseaux sociaux à propos de la fameuse photo. Pour Martin Fayulu, membre du Rassemblement et président de l’Ecidé, il ne faut travailler « ni avec les traitres, ni avec les aventuriers ». « Où était Vital Kamerhe lors de la création du Rassemblement de Genval ? Et où étaient ces opposants lors des dernières marches ? »
Si le premier objectif de ce nouveau « grand Rassemblement » devrait accentuer la pression sur le président Joseph Kabila et la communauté internationale, les choses risquent de se compliquer lorsqu’il faudra aller aux élections. Car avec une présidentielle à un seul tour, il ne faudra qu’un seul candidat pour battre celui de la majorité présidentielle, et pour l’instant… c’est plutôt le trop plein.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia