L’Union africaine (UA) met la pression sur les autorités congolaises pour recompter les voix de la présidentielle et revenir sur la victoire contestée de Félix Tshisekedi. Pour le politologue congolais Alphonse Maindo, « les pressions politiques et diplomatiques vont s’accentuer et peuvent aller jusqu’à une intervention« .
Afrikarabia : L’Union africaine (UA) est très offensive sur le dossier congolais. Elle avait demandé de suspendre la proclamation des résultats en raison des doutes qui pesaient sur la transparence du scrutin. Comment expliquer cette fermeté envers Kinshasa ?
Alphonse Maindo : L’Union africaine est une assemblée de chefs d’Etats, dont la plupart ne sont pas démocrates. Ils s’accordent le plus souvent un soutien mutuel pour garantir la stabilité des Etats. Dans le cas congolais, la fuite des données électorales dans la presse internationale qui prouvaient une fraude massive et la victoire de Martin Fayulu, le travail de la Conférence épiscopale (CENCO), les pressions internationales, ont clairement posé le problème de la souveraineté des Etats et ont poussé l’Union africaine à agir.
Afrikarabia : Quel rôle à joué Paul Kagame le président de l’Union africaine ?
Alphonse Maindo : Paul Kagame termine son mandat à la tête de l’UA fin janvier et pourrait être tenté de faire un baroud d’honneur avant de partir, alors qu’il vient de placer sa ministre des Affaires étrangères (Louise Mushikiwabo) à la présidence de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Une décision qui a été très contestée. En intervenant dans le dossier congolais, Paul Kagame pourrait vouloir redorer son image de président autoritaire en disant : « Je ne suis pas ce que vous croyez, je prône aussi les valeurs de la démocratie ».
Afrikarabia : … et les autres pays de la région ?
Alphonse Maindo : Un certain nombre de chefs d’Etats africains ne sont pas satisfaits de la manière dont Joseph Kabila gouverne la RDC, qui se trouve dans une instabilité quasi chronique. Les relations entre Joseph Kabila et les autres chefs d’Etats de la région ne sont pas au beau fixe. Le président congolais a pris l’habitude de boycotter les rencontres régionales, et son côté solitaire et taiseux l’a isolé de ses pairs. Actuellement, Joseph Kabila ne peut plus compter sur grand monde pour voler à son secours en cas de problème. Joseph Kabila paie clairement sa stratégie de l’isolement.
Afrikarabia : Jusqu’où pourrait aller une pression de l’Union africaine sur la crise congolaise ? Jusqu’à une intervention armée ?
Alphonse Maindo : Les pressions politiques et diplomatiques vont s’accentuer et cela peut aller jusqu’à une intervention. La charte de l’Union africaine prévoit ce type d’intervention. Dans cette charte, on considère la démocratie comme un droit fondamental, et ce serait une raison pour intervenir et mettre en place un président légitime.
Afrikarabia : Quels pays pourraient être en pointe pour demander et mettre en place une intervention militaire ? L’Angola par exemple ?
Alphonse Maindo : Il y a bien sûr l’Angola, mais on pourrait aussi ajouter le Congo-Brazzaville. Denis Sassou Nguesso a été d’une extrême fermeté vis à vis de Joseph Kabila au sein de l’Union africaine. Il ne faut pas oublier le Tchad d’Idriss Déby ou le Botswana qui seraient prêts à soutenir une intervention. Le Rwanda pourrait également jouer un rôle important en contribuant à instaurer la démocratie et la légitimité à Kinshasa, ce qui améliorerait son image à l’internationale… et surtout en RDC !
Afrikarabia : Comment peut évoluer la crise post-électorale ?
Alphonse Maindo : Il peut y avoir bloquage, et impasse politique, si la Cour constitutionnelle valide l’élection de Félix Tshisekedi. Dans ce cas, la situation peut vite dégénérer, avec une contestation plus ou moins violente. On peut même penser que les soutiens de Martin Fayulu, comme Jean-Pierre Bemba ou Mbusa Niamwisi seraient peut-être prêts à reprendre les armes pour chasser le nouveau régime. Cela peut également aller jusqu’au coup d’Etat militaire. Les hauts gradés de l’armée sont très proches de Joseph Kabila et beaucoup pensent qu’il ne devrait pas lâcher le pouvoir. Certains seraient prêts à reprendre le pouvoir aux civils. Maintenant, reste à savoir si ces militaires peuvent tenir longtemps ? La majorité de la troupe ne soutiennent pas les hauts gradés. Les soldats de l’armée congolaise sont souvent malmenés, mal payés, et vivent dans les mêmes conditions dramatiques que la population congolaise.
Afrikarabia : L’annulation des élections est également possible ?
Alphonse Maindo : C’est très probable en effet. Martin Fayulu, la CENCO, les observateurs, les fuites de données électorales, ont apporté les éléments nécessaires qui démontrent la fraude. Ce scrutin a été tout, sauf une élection ! Si la Cour constitutionnelle fait son travail avec ces éléments, elle doit logiquement annuler les élections et tout reprendre à zéro.
Afrikarabia : Qui sortirait gagnant d’une annulation du scrutin ?
Alphonse Maindo : Cela arrange évidemment Joseph Kabila. Cela lui permet de rester en place jusqu’à l’élection d’un nouveau président et de renégocier une transition politique pour organiser de nouvelles élections. Cela pourrait prendre deux ou trois ans, où pendant ce temps, Joseph Kabila continuerait d’exercer le pouvoir. Mais attention, cela peut aussi se retourner contre lui. La communauté internationale et l’Union africaine pourraient finir par penser que « Joseph Kabila les mène en bateau depuis trop longtemps » et imposer une transition sans lui pour pouvoir organiser des élections crédibles et inclusives.
Propos recueillis par Christophe Rigaud – Afrikarabia
Nos états d’Afrique se doivent le mutuel respect et surtout la non ingérence dans les affaires internes des Nations États.
Nos populations se doivent la bonne élection pour mettre l’homme de choix à la tête du pays.
Il faut surtout que l’intérêt de la Nation soit au dessus des ambitions individuelles et sociétales.
La limitation des partis politiques à un maximum de trois (3) est le début du patriotisme vers une cohésion des citoyens vers l’intérêt national.
Dans tous les cas, les élections congolaises sont celles du Congo.
Vouloir autrement est inacceptable !
Sauvons nous en aimant nos Nations États !
Dr BA
Vous avez tout prevu cher Monsieur. On dirait que cela vous rejouirait de voir le chaos au Congo pcq toutes vos analyses sont negatives…la population au Congo est sereine et dans la paix, attendant juste la confirmation. C’est vraiment dommage pour vous. Vous avez twitter que la cour veut prononcer le verdict pour prendre de vitesse l’UA…mais si vous etiez un bon journaliste objectic vous devriez savoir que la cour devait se prononcer cette semaine. Vous faites honte a tous les journalistes.
Il ne s’agit pas de UA mais un groupe de copins dictateurs principalement de l’Afrique centrale. Tous ont ou ont eu des problèmes de revision constitutionnels.
Il ny aura rien zt sera renvoyé. D’ailleurs il. Y a des manifestations contre l’arrivée de la délégation
Depuis quand l’UA est-elle devenue démocratique pour défendre la démocratie ? Et c’est encore en RDCongo que sera expérimenté la défense de cette thèse prenant les congolais pour moins que rien…
Un peu d’estime pour soi ..
Cette entretien n’est pas sérieux en particulier concernant les propos développés par l interviewé. Bemba et mbusa reprendraient la rébellion après que l un ait fait 10 ans à la cpi et l autre suspecté de massacre de masse dans la province orientale. Je vous renvoit à toute la documentation sur le sujet. Fayulu n est pas grand chose politiquement. C est grâce a ses alliés qu il a réussit à réaliser un tel score. De plus, il vient à peine de se faire connaître dans tout le pays. Si Étienne Tshisekedi de son temps, bcp plus populaire que fayulu n a pas réussir à renverser le gouvernement par des manifestations populaires, c est pas fayulu qui réussira. L opposition anti kabila s est scinder en deux. L alliance cach et FCC a eu pour effet de démobiliser et de diviser l opposition en deux groupes. Il faudra qques années pour reconstituer une opposition monolithique et uniforme. Fayulu ne pèse pas politiquement. Voyez déjà les déclarations des cadres de la plateforme de katumbi. Sessanga, lubaya, kyungu, mwando simba, muyambo et d autres. Ils sont satisfait du départ de kabila et souhaite avancer dans le cadre de cette nouvelle donne politique. En outre, s agissant des prérogatives de l UA il est totalement faux de dire qu elle peut intervenir dans des états membres au motif qu ils ne seraient pas assez démocratique. C est d ailleurs une folie puisqu elle interviendrait dans les 4/5 des nations africaines. Et qui interviendrait l UA en tant qu institution ne possède pas de force militaire ou de défense. Ce sont les états membres qui auraient intérêt a agir qui interviendrait. Vous imaginez donc le chaos sur le plan continental. Rapellons que c est une réunion de chef d état qui se sont rencontrés en dehors de l instance prévu à cet effet par le droit de l UA qui est le conseil de paix et sécurité qui rassemble au sein de la conférence de l UA, les chefs d état et de gouvernement africains. Tout ceci est fait dans le mépris des institutions congolaises (que ces chefs d états n auraient pas toléré si s agissait de leur propres pays) et dans l ignorance feinte de ce que prevoit le cadre institutionnel africain. Vous êtes sans en prendre conscience entrain de dessiner une architecture politique et institutionnelle qui mènerait à la guerre de tous contre tous en Afrique. C est un dangereux précédent que vous sembler appeler de vos voeux. Je vous renvoie à l article 4 de la charte de l union africaine qui prévoit des mesures fortes de l UA seulement en cas de crime contre l humanité et crime de guerre et il n est nullement fait mention de « démocratie ». Faut il par ailleurs que je vous apporte un éclairage sur la situation politique, institutionnelle, sociale et culturelle au Congo car vous semblez tout méconnaître sur ce plan. Un coup d état est possible ms les chefs sont proches de kabila. Ce sera donc la troupe qui ferait un coup d état? Donc ce cas cela s appelle une mutinerie et non un putch. Et dans le même temps vous dites qu ils sont sans moyen, comment parviendront t il à organiser leur coup de force, sans commandement central et sans moyen… Vs n êtes pas à une contradiction près. Cette interview n est ni fait ni à refaire. Le président kabila a fait des erreurs et commit des fautes, bien sûr, ms laissez le partir, on attend un nouveau leadership. Chez nous les bantou, on n aime pas voir le sang coulé. Le pays avance bon an mal an. C est malgré tout une avancée, dont ces chefs d états qui disent vouloir apporter la démocratie chez nous ms jamais chez eux, devraient s inspirer et prendre comme modèle Joseph kabila. S’agissant du contexte congolais, comprenez une chose, souvent le mieux est l ennemi du bien