Dans son discours à la Nation, le président de la République démocratique du Congo (RDC) s’est satisfait de ses 15 années au pouvoir. Concernant son avenir politique, Joseph Kabila a affirmé ne pas vouloir « violer la Constitution », mais s’est refusé à annoncer qu’il ne briguerai pas de troisième mandat.
Le discours annuel à la Nation du président Joseph Kabila était particulièrement attendu ce mardi devant les sénateurs et les députés réunis au Palais du peuple de Kinshasa. Les interrogations ne manquaient pas sur la crise politique que traverse le pays : notamment sur l’avenir politique du chef de l’Etat après la transition, la date encore incertaine des prochaines élections, un possible troisième mandat, ou encore la prochaine nomination d’un nouveau Premier ministre… Mais comme à son habitude, Joseph Kabila s’est montré avare de réponse. A la place, le chef de l’Etat s’est offert un véritable satisfecit de ses 15 années de pouvoir devant le Congrès. Pacification, libéralisation de l’économie… « Face à une nation déchirée, j’avais pris un engagement précis de réaliser des changements profonds dans tous les secteurs de la vie nationale » s’est réjoui le président Congolais. Joseph Kabila s’est également félicité du passage de 11 à 26 provinces, de l’augmentation des salaires des fonctionnaires et de l’accroissement du taux de scolarisation. Une satisfaction d’autant plus étonnant que la RDC se situe toujours en queue de peloton des classements internationaux concernant l’indice de développement humain.
Troisième mandat : Kabila évasif
Sur son avenir politique, Joseph Kabila s’est montré des plus flous. Un accord politique avec une partie de l’opposition reporte l’élection présidentielle de 18 mois et permet au président Congolais de rester au pouvoir pendant la période transitoire. Mais la frange majoritaire de l’opposition, qui rejette l’accord, craint que le chef de l’Etat ne profite de ce délai pour modifier les textes et se représenter pour un troisième mandat. Sur ce point précis, Joseph Kabila est une nouvelle fois rester évasif : « Je tiens à dire que la RDC est une démocratie constitutionnelle et que toutes les questions sont réglées par la Constitution (…) N’ayant jamais été violée, la Constitution sera toujours respectée dans toutes ces dispositions » a-t-il ajouté. A aucun moment, le président Kabila s’est déclaré clairement contre la possibilité d’un troisième mandat, comme lui demande de le faire l’opposition et la communauté internationale depuis plusieurs mois. Les opposants redoutent que la majorité présidentielle propose l’organisation d’un référendum afin de permettre à Joseph Kabila de briguer un nouveau mandat.
« La RDC Prise en otage »
Concernant le dialogue politique, le président s’est montré très positif sur le rôle du médiateur Edem Kodjo qui a su mener le forum avec « dextérité ». Idem pour la Conférence des Evêques, la Cenco, que Joseph Kabila remercie pour « ses bons offices ». Par contre, le chef de l’Etat s’est montré particulièrement offensif sur l’attitude du Rassemblement piloté par l’opposant Etienne Tshisekedi, qui a boycotté le dialogue et rejeté les conclusions de l’accord politique. « Soucieux de mes responsabilités, je ne peux permettre que la RDC soit prise en otage par une frange de sa classe politique » a martelé Joseph Kabila. Et d’avertir : « Aucun agenda politique ne saurait justifier la violence ». Une cinquantaine de personnes ont en effet été tuées dans plusieurs villes congolaises lors de manifestations de l’opposition pour réclamer le départ de Joseph Kabila à la fin de son dernier mandat.
Primature : du retard à l’allumage
Le discours à la Nation n’a pas apporté plus de précisions sur la nomination du futur Premier ministre issu de l’opposition. « Je désignerai incessamment un Premier ministre dont la charge sera la mise en place d’un gouvernement d’union nationale qui aura pour mission principale l’organisation des élections et l’amélioration du social du peuple Congolais. » Une nomination qui a déjà pris du retard. Censée intervenir 21 jours après la signature de l’accord politique du 18 octobre dernier et repoussée plusieurs fois, l’arrivée du nouveau chef du gouvernement se fait toujours attendre. Des atermoiements qui agacent copieusement l’opposition qui se souvient qu’en 2013, il avait fallu patienter près d’un an pour voir arriver le nouveau gouvernement issu des Concertations nationales. Encore une fois, Joseph Kabila joue la montre… et avec les nerfs de la classe politique congolaise.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Incertitude
Rien de nouveau par rapport aux attentes de la population qui attendait que le président nous rassure qu’il ne sera pas candidat et ne modifiera pas la constitution ni organiser un referendum, par contre ce sont des menaces à l’égard du membre de rassemblement.
L’accord de la cité de l’Union Africaine ne peu en aucun cas réglé cette profonde crise que traverse le pays et encore moins se substituer à la constitution.
Nous allons lentement et sûrement vers une logique de soulèvement du PEUPLE.