Une fuite de données désigne Martin Fayulu comme gagnant des élections présidentielles et démontre que la Commission électorale disposait des vrais résultats du scrutin, mais a préféré annoncer la victoire de Félix Tshisekedi, pourtant arrivé en troisième position.
Nouveau rebondissement fracassant dans les élections congolaises. Plusieurs milliers de données provenant de la Commission électorale (CENI) et de la Conférence épiscopale congolaise (CENCO), qui possédait 40.000 observateurs, ont été remis à TV5MONDE, RFI, au Financial Times, ainsi qu’au Groupe d’études sur le Congo (GEC). Après analyse des données, Martin Fayulu arriverait en tête avec 62,8% des voix, devant le dauphin de Joseph Kabila, Emmanuel Ramazani Shadary, crédité de 17,99%, et surprise… Félix Tshisekedi serait bon troisième avec seulement 15%. Des résultats très différents de ceux délivrés par la CENI, où Félix Tshisekedi a été déclaré vainqueur de la présidentielle avec 38,57 %, Martin Fayulu, deuxième avec 34,83 %, devant Emmanuel Ramazani Shadary, 23,84 %.
CENI et CENCO, les mêmes chiffres
Selon le Groupe d’études sur le Congo, « certains journalistes ont reçu les documents de membres de l’opposition, proches de Martin Fayulu, et ont affirmé les avoir obtenu grâce à un lanceur d’alerte. Au moins un journaliste a pu entrer en contact avec la source présumée de la fuite. Le compte fourni par le lanceur d’alerte était crédible. » L’enquête lève le voile sur la manière peu orthodoxe dont les résultats des élections ont été « arrangés » par la CENI, à la suite de négociations entre le pouvoir et Félix Tshisekedi pour proposer à l’opposant la présidence en échange de la majorité à l’Assemblée nationale, au Sénat et dans les Assemblées provinciales. Ce que révèle l’enquête internationale, est assez incroyable : les résultats provisoires collectés par la CENI et la CENCO, de manières séparés, sont quasi identiques, et donnent tous les deux une large victoire à Martin Fayulu. Les chiffres ont visiblement été manipulés après les opérations de compilation par la CENI, juste avant l’annonce du vainqueur à la presse.
« Que la CENI publie ses résultats par bureau de vote »
Martin Fayulu réclame l’invalidation des résultats du scrutin et a déposé un recours auprès de la Cour constitutionnelle exigeant un recomptage manuel des bulletins de vote, ainsi que l’intégration des 1,2 million de voix des électeurs de Beni, Butembo et Yumbi, privés de vote le 30 décembre. Les révélations des Congo leaks changent clairement la donne seulement quelques jours après l’annonce de la victoire contestée de l’opposant Félix Tshisekedi. Du côté du pouvoir encore en place à Kinshasa, on fait mine d’ignorer ce qui est considéré comme « une énième ingérence étrangère dans le processus électoral congolais », après la déclaration fracassante du ministre français des affaires étrangères, qui remettait lui aussi en cause la victoire de Tshisekedi. Le responsable du GEC, Jason Stearns, a justifié l’enquête internationale en expliquant sur son compte Twitter « qu’on ne publie pas ces document pour se substituer à la CENI. Nous les publions pour dire : il y a de sérieux doutes qui entachent les résultats. Et la seule façon d’être sûr, c’est que la CENI publie ses résultats par Centre de compilation et par bureau de vote. »
Chantage à l’invalidation des élections
Pour contrer le choc de ces révélations, et imposer la victoire de Félix Tshisekedi, Kinshasa tente d’accentuer la pression sur l’ONU, les pays de la région et les occidentaux, qui prônent tous un recomptage des voix. Pour cela, la coalition pro-Kabila martèle que la Cour constitutionnelle et la CENI n’auront que deux choix possibles : valider les élections ou annuler le scrutin et faire revoter les Congolais. L’invalidation du scrutin est présentée par Kinshasa comme extrêmement risquée dans ce contexte de tensions post-électorales. Pour le FCC de Joseph Kabila, l’option Tshisekedi « arrange tout le monde » et éviterait que la crise politique ne dégénère en violence. Un chantage qui fait pour l’instant hésiter les chancelleries occidentales, très attachées à la stabilité du grand Congo. Pourtant, si les élections ne constituent pas l’unique critère du niveau de démocratie d’un pays, lorsque ces élections sont truquées ou arrangées, il n’y a plus de démocratie du tout. Alors, soutenir le partage du pouvoir ou faire retourner devant les urnes les Congolais, le dilemme est cornélien pour les pays partenaires de la RDC… et il n’est pas encore tranché.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Je crois aussi à la fraude électorale par la CENI, mais ce qui m’interpelle le plus c’est que lors des dernières élections il y a quelques années, il y a eu aussi fraude électorale de la part du camp de Kabila mais là tous les internationaux ont laissé faire car à l’époque ils étaient pro Kabila. Maintenant qu’ils ont retourné leurs vestes, ils veulent comme par hasard se faire entendre par tous les moyens ! Tout cela pour leurs intérêts prioritaires: les richesses minieres du pays et en bas de l’échelle pour l’intérêt du peuple congolais! Toute cela n’est que bassesse et manoeuvres politiques avec toujours le peuple Congolais perdant que ce soit l’un camp ou l’autre
Kabila et ses protecteurs ne considèrent pas la RDC comme un État mais bien comme une zone de non loi ou chacun va se servir. Pour cette raison, organiser de bonnes élections d’où sortirait un président légitime et qui pourrait faire entendre la voix des congolais est à éviter quel que soit le coût. Voilà la logique.
Shadary aurait été rejeté par les congolais et la Communauté internationale; Fayulu ferait l’affaire des congolais qui l’ont voté massivement tandis que Tshilombo jouerait le jeu du pouvoir tout en se disant de l’opposition, issu d’un vieux parti politique « has been ».
D’autre part, la communauté internationale semble être redevable à l’endroit de Kabila à tel point qu’elle est incapable de définir une position ferme pour sauver les congolais qui, apparemment, ne représentent plus rien.
Dans les conditions actuelles, la seule voie du salut est l’émergence d’un courageux qui oserait risquer pour sa vie en organisant les congolais autour des idées révolutionnaires, soit en prenant les armes contre des cibles bien définies soit en se déversant par millions sur l’ensemble du pays.
L’État de droit clamé par feu Etienne Tshisekedi ne viendra jamais, surtout pas par son fils successeur, partenaire du FCC; ce que son défunt père n’aurait jamais accepté de faire.
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Mr C. Rigaud, sur votre site Afrikarabia vous écrivez « La fraude éclate au grand jour ». Vous avez un peu de retard, Mr. Christophe Rigaud. L’Observatoire de la parité avait, dés le 5 janvier, démontré dans un article sur son magazine en ligne http://www.deboutcongolaises.org que « La CENI aussi connaît le vainqueur » puisque dès le soir du 30 et au plus tard le 31 décembre, la CENI AVAIT TOUS LES RESULTATS DE TOUS LES SCRUTINS TRANSMIS ELECTRONIQUEMENT. Corneille Nangaa lors de la nuit de la proclamation des résultats a d’ailleurs, après des mois de mensonge, avoué avoir utilisé « les clefs USB ». Et la CENI a donc pu, dès le soir des 3 scrutins, commencé à trafiquer les résultats en toute impunité puisque ni les témoins des partis, ni les observateurs de la CENCO, ni les journalistes nationaux et internationaux, n’avaient accordé la moindre attention à cette TRANSMISSION ET COMPILATION ELECTRONIQUE des résultats. La CENI a eu tout le loisir de trafiquer les résultats des 3 SCRUTINS AU NIVEAU DE SON SERVEUR CENTRAL qu’aucun des précités n’a pris la peine d’exiger d' »observer ». Une telle naïveté est confondante et désolante. Aujourd’hui, les fuites des données du serveur central de la CENI, organisée par des lanceurs d’alerte courageux, confirment l’alerte lancée par l’Observatoire de la parité dès le 5 janvier. La comparaison entre les données de la mission d’observation électorale de la JPC/CENCO et les données (non trafiquées) du serveur central apporteront la preuve irréfutable de la fraude massive organisée par la coalition FCC/CENI/Cour Constitutionnelle.
Les résultats que vous publiez ici sont faux.C’est un montage de faux résultats qu’on a laissé fuité pour faire croire qu’il s’agit du vrai résultat.Si cela est vrai,pourquoi FAYULU n’a pas produit ces documents à la cour constitutionnelle?Aujourd’hui la Ceni met au défi quiconque qui a les vrais résultats de les publier.
Il ny’a pas la CENI qui a les vrais resultats.Arrêtez de nous en dormir et essayer de provoquer une guerre tribale en RDC.