119 cas d’atteintes à la liberté de la presse ont été recensés en 2013 en République démocratique du Congo. Le dernier cas d’un journaliste retrouvé pendu au Kasaï le 8 décembre inquiète Freedom for journalist (FFJ) qui exige une enquête.
Plusieurs ONG spécialisées dans la défense des journalistes ont publié leurs rapports sur l’état de la presse dans le monde en 2013. Reporters sans Frontières (RSF) classe la République démocratique du Congo au 142ème rang sur 179. La RDC gagne 3 places cette année. RSF relève la mort d’un journaliste en mai 2013 dans l’Est du pays. Guylain Chandjaro, journaliste de la station communautaire Radio Canal Révélation (RCR) et pigiste pour la RTNC/Bunia, a été retrouvé mort 12 jours après sa disparition. Trois journalistes sont toujours en prison : John Mpayi, de Radio Lisanga Télévision (RLTV) depuis le 21 août 2012 ; Fortunat Kasongo, de Radio Télévision Autonome du Sud Kasaï (RTAS) depuis le 14 août 2012 et Patrick Palata, de Canal Congo Télévision (CCTV) depuis le 6 janvier 2011.
Deux ONG congolaises, Journaliste en danger (JED) et Freedom for journalist (FFJ), dressent un bilan sévère sur la situation de la presse en RDC. Les deux ONG notent 119 cas d’atteintes à la liberté de la presse en 2013, un peu moins qu’en 2011 (160 cas) et qu’en 2012 (184 cas). Mais JED précise que cette diminution numérique « n’a pas été accompagnée d’un amélioration des contenus des médias« . JED relève 40 cas de journalistes arrêtés ou privés de liberté, 18 journalistes agressés, 21 journalistes menacés, 20 cas de censures et d’entraves diverses à l’information et 20 cas de pressions diverses sur les journalistes et médias. Selon Freedom for journalist (FFJ), les violations des droits de la presse sont concentrées dans l’Est du pays, en proie aux groupes armés, (29 cas au Nord-Kivu), en Equateur, une province « rebelle » au pouvoir central (30 cas) et enfin à Kinshasa, où sont concentrés les principaux médias (29 cas). FFJ note que les menaces et les harcèlements viennent en première position dans les différentes atteintes aux journalistes, suivis des pressions économiques, administratives et judiciaires, puis des cas d’incarcération, de tortures et de maltraitances.
Au banc des accusés, on retrouve bien évidemment l’Agence nationale des renseignements (ANR), le principal organe de répression pour les journalistes. Puis viennent la police nationale, les instances judiciaires, les autorités nationales et provinciales et enfin en dernière position… les groupes armés ! La répression sur les journalistes est donc principalement une répression d’état. Mais ce que dénonce avant tout Journaliste en danger (JED), c’est l’impunité qui règne en RDC. Et la situation ne s’améliore pas selon l’ONG : « au cours de cette année, aucune mesure, ni politique, ni légale, ni judiciaire, ni professionnelle n’a été prise par les institutions publiques pour améliorer le climat général du travail des journalistes« . Pour JED, l’impunité généralisée constitue le principal obstacle qui empêche les journalistes de jouer leur rôle de contre-pouvoir en République démocratique du Congo.
Enfin, une affaire récente inquiète Freedom for journalist (FFJ). Dans la nuit du dimanche 8 décembre 2013, Jean-Michel Luwawa, journaliste à la radio Kilimandjaro, une station émettant à Tshikapa au Kasaï, est retrouvé pendu. FFJ demande l’ouverture d’une enquête dans les plus brefs délais. Désiré-Israël Kazadi, le directeur de FFJ émet de sérieux doutes sur « la nature du décès » de Jean-Michel Luwawa. Il craint que cette pendaison soit le « maquillage d’un réel assassinat d’un journaliste« . Une affaire à suivre.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia