Depuis plusieurs jours, les Congolais de la région de Beni manifestent de plus en plus violemment contre l’impuissance des casques bleus de la Monusco après de nouveaux massacres commis par les ADF.
La colère des Congolais contre l’ONU a franchi un nouveau cap ces deux derniers jours dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). A Beni, Butembo, ce dimanche, plusieurs dizaines de manifestants ont attaqué le mur d’enceinte d’une base de la Monusco. Ce lundi, c’est une base civile de l’ONU qui a été envahie et partiellement incendiée par des Congolais. Pour éloigner les manifestants, les forces de sécurité congolaises ont tiré à balles réelles, faisant plusieurs victimes parmi la foule. Un bilan provisoire fait état de 4 morts.
La Monusco cristallise la colère des Congolais face aux massacres à répétions dans la région de Beni et son millier de victimes depuis 2016. Ces dernières semaines, l’armée congolaise a mené de manière unilatérale une vaste offensive contre les rebelles ADF. Mais depuis le depuis le début de cette importante opération militaire, les ADF multiplient les représailles, et 77 civils ont été tués dans la zone depuis le 5 novembre, selon le Groupe d’Etude du Congo (GEC).
Impuissance
Les Congolais, excédés par des massacres à l’infini, accuse la Monusco d’inaction. Une impuissance inexplicable pour la population de Beni, alors que la Monusco constitue l’une des plus importantes forces de maintient de la paix du monde, avec plus de 13.000 hommes, mais aussi la plus coûteuse, avec un budget de 1 milliard de dollars par an.
La patronne des casques bleus au Congo, Leila Zerrougui a expliqué qu’elle « comprenait la colère et la frustration de la population ». Mais selon elle, « s’attaquer aux installations de la Mission ne fait qu’affaiblir la lutte menée par l’armée congolaise contre les ADF ». François Grignon, le représentant spécial adjoint du Secrétaire général de l’ONU a également tenté de justifier la situation de la Monusco, alors que l’armée congolaise mène une vaste opération militaire pour contrer les ADF.
« Agir ou partir »
Selon le responsable onusien, « On ne peut pas participer aux opérations des FARDC si les FARDC ne nous invitent pas à y participer. Les opérations qui étaient lancées le 30 octobre sont des opérations que les FARDC ont voulu comme étant nationales, sans soutien, sans planification, sans exécution conjointe avec la Monusco. » Leila Zerrougui avait livré elle aussi une explication un peu moins diplomatique et plus critique envers l’armée congolaise : « Les opérations conjointes doivent être préparées, avec une planification conjointe. Si je n’ai pas préparé l’opération, je ne vais pas y aller à l’aveuglette ».
La société civile congolaise est elle aussi vent debout contre l’impuissance de l’ONU. Pour le mouvement citoyen Lucha, « N’avoir pas été « invitée » ou participé à la planification des opérations militaires en cours à Beni ne peut dédouaner en aucune manière la Monusco de son inaction, en particulier face aux attaques à répétition contre les civils hors des zones de combats ». Si la Lucha condamne les attaques et les pillages contre la Monusco, elle demande à la Mission « d’agir ou de partir ». Un sentiment partagé par Gaspard-Hubert Lonsi Koko, qui vient de publier « Mais quelle crédibilité pour les Nations unies au Kivu ? » (1), un ouvrage très critique sur les missions des casques bleus au Congo.
« Que la Monusco reste ne résout rien ! »
L’essayiste tempête contre l’enlisement de Monusco : « A quoi sert cette mission qui depuis 20 ans n’arrive pas à stabiliser la région et à protéger les civils ? Il est inadmissible que des civils se fasse tués devant les bases des Nations unies. Le fait que la Monusco parte ne résoudra peut-être pas tout, mais le fait qu’elle reste ne résout rien ! ». Gaspard-Hubert Lonsi Koko dénonce surtout le statu quo d’une situation sécuritaire que la présence de la Monusco a figé, sans ramener la paix à l’Est du Congo.
L’essayiste défend une théorie partagée par de nombreux Congolais sur une « complicité » plus ou moins volontaire entre la Monusco, les pays de la région, Rwanda et Ouganda en tête, et les autorités congolaises « pour continuer de piller les minerais du Congo ». Selon lui, « il n’y a que les populations congolaises qui peuvent mettre un terme à cette situation. Kabila n’avait pas d’armée digne de ce nom et Tshisekedi n’a pas intérêt au départ trop rapide de la Monusco pour ne pas être à la merci des pays frontaliers ».
Une cible trop facile ?
Mais les Congolais ne se trompent-ils pas de cible en s’attaquant aux casques bleus ? L’insécurité endémique au Nord-Kivu est également largement imputable aux différents gouvernements congolais qui ne sont jamais parvenus à éradiquer les groupes armés depuis plus de deux décennies. Et d’ailleurs les Congolais ne s’y sont pas trompés en s’en prenant aussi aux symboles d’un Etat congolais largement absent dans l’Est du pays. Avant de s’en prendre à la base des Nations unies, les manifestants ont aussi incendié la mairie de Beni, qui a été fortement endommagée.
L’ancien président Joseph Kabila s’était rendu par trois fois dans la région de Beni en promettant de mettre fin aux massacres… sans résultat. Le nouveau président Félix Tshisekedi a lui aussi promis de ramener la paix dans les Kivu, notamment en installant le quartier général de l’armée congolaise à Beni. Une promesse restée lettre morte. Régulièrement, les politiques congolais tentent de dissimuler l’incurie de l’Etat en fustigeant les Nations unies. Car le sentiment anti-ONU a largement été instrumentalisé par la classe politique congolaise, toute tendance confondue. Une cible facile pour masquer la propre impuissance de tous les gouvernements depuis plus de 20 ans.
Pour une Monusco plus offensive
Il est donc temps que les autorités congolaises ravalent leur fierté et se mettent autour d’une table pour coordonner leurs offensives avec l’aide militaire de la Monusco. En 2013, la rébellion du M23 avait été vaincue grâce à l’intervention de la Brigade d’intervention rapide de l’ONU (FIB). Là encore, les positions paradoxales de l’ONU, qui n’intervient pour le moment que pour « évacuer les blessés », doit être réorientée vers une mission plus « offensive » menée par la Brigade d’intervention rapide, seule force structurée et efficace capable de lutter contre les ADF, avec l’aide de l’armée congolaise.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
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(1) Gaspard-Hubert Lonsi Koko : « Mais quelle crédibilité pour les Nations unies au Kivu ? » – Editions : l’Atelier de l’Egrégore.
Cher Mr. Rigaud,
Votre congophobie est devenue incurable, à force de vous concentrer sur la RD Congo, vous avez pris la posture et le comportement d’un éléphant dans un magasin de porcelaine: vous faites de l’intoxication psychologique en publiant uniquement de fausses informations, de mauvaises informations, la désinformation. Dans quel but? Vous n’évoluez point: vous faites du surplace!
A Bangui, les habitants ont « chassé » les forces françaises de la Barca. Y’a-t-il analogie, similitude avec l’attitude des habitants de Beni contre la Monusco? Non, Bangui se trouve sur Mars et non en Afrique centrale.
D’un journaliste spécialiste de la RD Congo, une recherche meticuleuse passerait l’éponge sur certaines de vos écrits sur la RD Congo, concretement sur l’histoire des forces de maintien de la paix en RD Congo.
Il y a eu l’Onuc, la Monuc bien avant.
L’Onuc. c’était de troupes de combats de l’Otan (Suède, Irlande …), du Ghana, Tunisie, Inde. L’Onuc était dotait d’une force aérienne et de véhicules blindés. Les troupes au sol dont de forces spéciales (commandos, fantassins, police militaire), les troupes aéroportés (parachustistes) étaient professionels. Ces soldats savaient que s’ils tombaient sous le feu de l’ennemi ou en cas d’invalidité: ils recevraient de pension, les veuves et orphelins recevraient de pensions.
Et la Monuc? La Monusco? Des proxénetes. Des Violeurs. Des pédophiles. Des pilleurs et de contre-bandiers. Pourquoi aller au casse-pipe et risquer leur vie? Ils savent, que ni leurs veuves ni leurs orphelins ne recevront de pension!
Monuc. Les habitants de Bukavu (Est de la RD Congo) n’ont pas oublié les images des soldats de la Monuc sympathisants avec les hommes de Mutebezi, fumant ensemble, riant, causant. Etiez-vous encore à l’époque à la crêche?
Le jeu vaut-il la chandelle, par rapport au budget de l’Onu alloué à la Monusco et le résultat sur le terrain?
Ni les Congolais ni la Centrafricains ni les Maliens ne sont de cons.
Merci Mr Rigaud pour l’article, les gouvernements congolais successifs ont failli à leurs missions de base. Tenez, l’Armée congolaise n’arrive même pas à provenir des rations alimentaires ou procurer des soins médicaux à ses propres troupes. A cause du mixage, l’ex Président « Joseph Kabila » a consciemment affaibli l’Armée congolaise en y intégrant des soldats rwandais, ougandais et burundais. Du coup, la confusion dans la communication et dans le commandement au sein de l’Armée, certains parlent Kinyarwanda, Anglais, d’autres Lingala, Swahili et Français. Ceci étant dit, il faut aussi noter la connivence entre les troupes ougandaises, rwandaises burundaises et les troupes de l’ONU. Notamment,le réseau mafieux entre certains officiels de l’ONU et les officiers des armées congolaise, rwandaise, burundaise et ougandaise. Le RDC va mal, même, la lutte contre Ebola est financée par des organisations internationales (OMS. Médécins sans frontière…) C’est facile de blâmer les autres quand on est incapable. Un exemple, l’UE finançait la ville de Kinshasa pour la gestion de ses déchets pendant 5 ans et on voit actuellement le résultat quand la source de financement a cessé. Voilà, un gouvernement qui ne paye même pas régulièrement ses employés mais a 66 membres. La cerise sur le gâteau vient du FCC qui veut que l’intrus ‘Joseph Kabila » revienne en 2023..Le FCC est anti-peuple, leurs dirigeants sont des loubards, des pantins, des racailles, des parvenus J’ose espérer que le Président Fatshi dissoudra le parlement en 2020 pour le salut du peuple…..
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