Ex-ministre congolais de la Santé, le docteur Ilunga est incarcéré depuis janvier 2020. Il a été condamné pour détournement de fonds à 5 ans de travaux forcés au terme d’une procédure judiciaire truffée de grossières irrégularités. Faute d’une révision de son procès, les avocats du médecin interpellent le Comité des Droits de l’Homme de l’ONU.

Dans une requête datée du 8 septembre et rendue publique ce mercredi 30 septembre, les avocats du Dr Oly Ilunga Kalenga ont saisi le Secrétaire général des Nations-unies ainsi que le Comité des Droits de l’Homme de l’ONU des grossières irrégularités judiciaires ayant conduit à la condamnation de l’ex-ministre de la Santé.
On se souvient que Oly Ilunga avait démissionné le 22 juillet 2019 de son poste de ministre de la Santé. L’une des causes de sa démission était son opposition à l’emploi d’un deuxième vaccin dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola « par des acteurs qui ont fait preuve d’un manque d’éthique manifeste », avait-il expliqué dans sa lettre de démission. Ce deuxième vaccin faisait l’objet d’un intense lobbying du laboratoire belge Janssen, filiale de l’Américain Johnson&Johnson.
Selon la rumeur, Oly Ilunga était en conflit avec l’équipe de Félix Tshisekedi qui venait de confier la conduite de la riposte contre l’épidémie au Dr Jean-Jacques Muyembe, directeur de l’Institut congolais de la recherche biomédicale de Kinshasa (INRB).
Une manne financière
Au moment de la démission du docteur Ilunga, la communauté scientifique s’accordait à considérer l’épidémie d’ébola comme pratiquement jugulée. Raison de ce succès : la vaccination de plus de 200 000 Congolais « à risques » avec le vaccin VSV-ZEBOV fabriqué par le groupe pharmaceutique américain Merck. Inquiète du risque de voir le foyer d’infection se transformer en pandémie, la communauté internationale avait dépensé sans compter. Cette manne financière suscitait bien des convoitises chez des fabricants d’autres vaccins, arrivés un peu tard sur le marché.
Comme nous l’avions déjà relevé dans Afrikarabia, la démission suivie de l’arrestation du Dr Oly Ilunga Kalenga avaient provoqué une grande émotion en Belgique et dans la communauté médicale.
L’un de ses avocats, Me Bernard Maingain, ne cesse de rappeler que que le docteur Ilunga n’est pas un homme politique et ne cherchait pas à faire une carrière politique. Il avait renoncé à la nationalité belge pour pouvoir servir son premier pays en tant que ministre de la Santé.
Un praticien compétent… sauf en intrigues !
Dr Oly Ilunga Kalenga avait été contacté en 2017 par un représentant de Joseph Kabila pour rentrer au pays et diriger le ministère de la Santé. Consulté, Etienne Tshisekedi ne s’y était pas opposé. Durant son mandat, l’épidémiologiste a géré avec succès plusieurs crises sanitaires dont deux épidémies d’ébola (Bas-Uélé et Équateur), plusieurs flambées de choléra (Kinshasa, Nord-Kivu, Kasaï-Oriental), une épidémie de rougeole, et des problèmes liés à la malnutrition aigüe dans plusieurs provinces. du pays. En résumé, son mandat a donné toute satisfaction.
Cependant en RDC il ne suffit pas d’être un honnête homme et un excellent praticien pour échapper aux intrigues.
L’arrestation et la condamnation du Dr Oly Ilunga Kalenga ont pour origine une plainte déposée le 19 juin 2019 par le docteur André Katukumbani Mupelela, agent du ministère de la Santé. Ce dernier, comme d’autres, s’était vu notifier la fin de sa collaboration au sein d’une Cellule technique du ministère. Aucun fait de détournement n’étaitt visé par la plainte. Aucun indice de début quelconque de preuve. Le docteur Ilunga était accusé « d’esclavagisme et de licenciement abusif » par un agent qui, comme plusieurs autres, a été réaffecté dans un autre service au sein du ministère, dans le cadre de la réforme structurelle lancée par le docteur Ilunga dès 2017. C’est cette plainte sans le moindre élément factuel qui a lancé l’enquête par le Parquet de la République. La suite mérite davantage le terme de « curée » que de procédure judiciaire stricto sensu.
D’abord accusé « d’esclavagisme »…
Accusé sans le moindre début de preuve de vouloir fuir au Congo Brazzaville le médecin a été placé sous contrôle judiciaire à partir du 17 septembre 2019.
Comme ministre, sa mise en accusation imposait le préalable d’un vote de l’Assemblée nationale décidant de suivre le réquisitoire du parquet. « Pour des raisons inexpliquées, cette formalité substantielle dont le défaut de respect vicie toute la procédure n’a pas été respectée et le docteur Ilunga a été directement traduit devant la Cour de Cassation statuant en premier et dernier ressort. Indépendamment de la perte du bénéfice de cette formalité préalable garantie par la Constitution de la RDC, le docteur Ilunga a perdu le droit de se défendre en première instance et de soumettre son dossier à la délibération des membres de l’Assemblée nationale, ce qui est une violation grave des droits de la défense », a souligné l’un de ses avocats, Me Guy Kabeya Muana Kalala, du barreau de Kinshasa-Matete.
La Cour de Cassation a retenu comme chefs d’accusation des détournements prétendument commis par le ministre Ilunga et par le conseiller financier Ezéchiel Mbuyi pour deux montants l’un de 391.000 USD et l’autre de 13.000 USD.
… puis de détournement de fonds
Cet argent a effectivement été remis au coaccusé délateur mais ensuite aucun élément ne documente un transfert de capitaux au bénéfice du docteur Ilunga.
Ni aveux, ni commencement de preuve.
Sur ces « fondements » (?), le docteur Ilunga a été condamné à 5 ans de travaux forcés. Or cette peine n’existe plus en droit congolais, car supprimée par les dispositions de l’article 16, alinéa 5 de la Constitution qui dispose : « Nul ne peut être astreint à un travail forcé ou obligatoire. »
Le docteur Ilunga lutte pour que la Justice de son pays respecte la loi qui doit gouverner ce dossier. En droit, l’arrêt prononcé devrait être cassé et l’affaire renvoyée devant l’Assemblée Nationale pour permettre au docteur Ilunga de se défendre devant l’Assemblée sur sa mise en accusation éventuelle.
Un sabotage du greffier de la Cour de Cassation
Lorsque ses avocats ont déposé un pourvoi en cassation, nouvel incident de procédure : le greffier de la Cour de Cassation, sur instruction de sa hiérarchie, appose de sa main, la mention « Reçu par erreur » sur la requête qui pourtant avait été déposée dans le respect des délais légaux.
Les deux avocats du Dr Ilunga, Me Guy Kabeya Muana Kalala, et Me Bernard Maingain, du Barreau de Bruxelles, ont décidé de s’adresser à l’ONU en invoquant le Pacte international relatif aux droits civils et politiques adopté le 16 décembre 1966 et entré en vigueur dix ans plus tard. Leur objectif est de faire intervenir l’ONU pour obtenir de la RDC un procès équitable.
Jean-François DUPAQUIER
Voilà une fois de plus le genre de déceptions qui désolent le peuple : les meilleurs sont écartés systématiquement. La RDC, dans sa forme étatique actuelle, ne décollera jamais. Le Fédéralisme pourra , certalnemen, tempérer l’ emprise égoïste des Institutions centrales. Les tendances sécessionnistes, qui s’ affichent, par-ci, par-là, sont un message clair ( du moins pour qui ne veut pas jouer à l’ autruche ! ).
Je n’a aucune sympathie pour ce Docteur véreux qui a violé le serment d’Hippocrate en dévoilant le secret medical de son ancien patient Papa Etienne Tshishekedi wa Mulumba, notre héro national à l’ancien Président du RDC » Joseph Kabila Kanambe Hyppolite » Ce type mérite non seulement la prison mais la radiation au Collège des Médécins.
J’ai travaillé 10 ans dans le pharmaceutique et n ai pas arrêté de côtoyer ce brillant médecin hors du commun. Il est d une droiture économique à toute épreuve. Il est aussi extrêmement respectueux de l ‘humain . J ‘ouvre grâce à cette histoire mes yeux sur l’Afrique et ses pratiques. Horrible.