La RDC et le Rwanda ont signé une déclaration de principes qui acte « la reconnaissance mutuelle de la souveraineté et de l’intégrité territoriale ». Un espoir d’accord de paix est désormais sur la table, mais à quel prix pour Kinshasa ?

Le temps du dialogue est-il venu dans le conflit qui secoue l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) ? Après plusieurs mois d’atermoiement et de rendez-vous diplomatique manqués à Nairobi, Luanda et Dar es Salam, l’histoire semble s’accélérer ces dernières semaines, bien loin du continent. A Doha, au Qatar, l’émirat du Golfe a réussi à réunir les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame le 18 mars, puis à organiser trois semaines de discussions entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23, débouchant sur un projet de « trêve ». Enfin, c’est aux Etats-Unis, que la RDC et le Rwanda ont signé vendredi dernier une « déclaration de principes », jetant les bases d’un futur accord de paix, qui pourrait voir le jour avant le 2 mai.
Trump arrive
La vraie surprise de ces derniers jours vient de Washington. Ceux qui pensaient que les Etats-Unis de Donald Trump resteraient en dehors du conflit congolais en seront pour leurs frais. En difficulté sur Gaza et l’Ukraine, et inaudible en Afrique de l’Ouest, le président américain semble chercher un succès diplomatique rapide en se penchant sur le dossier congolais. La visite de l’envoyé spécial de Donald Trump, Massad Boulos, a fini d’acter la position américaine, qui se trouve pas très éloignée de celle de Joe Biden, en se rendant à Kinshasa, puis à Kigali. Premier résultat, le M23 s’est retiré de la zone de Walikale, où se trouve la mine d’Etain de Bisie, propriété d’Alphamin, une entreprise minière à forts capitaux américains.
Reconnaissance territoriale
La déclaration de principes signée à Washington entre la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, et son homologue rwandais, Olivier Nduhungirehe, propose une approche globale, devant déboucher sur un accord de paix entre les deux pays. La déclaration reprend sans surprise les principaux points régulièrement évoqués dans les différents rounds de négociations de Nairobi ou Luanda, mais visiblement avec plus de succès grâce à la médiation américaine. Le projet « reconnaît la souveraineté et l’intégrité territoriale » des deux Etats, et « le droit souverain de gouverner et d’administrer son propre territoire », en s’abstenant « de toute ingérence dans les affaires internes de l’autre ».
Un volet économique sensible
Du côté des groupes armés, le texte propose de « limiter la prolifération de groupes armés non-étatiques au sein et à travers leurs frontières, et s’engagent à s’abstenir de fournir un soutien militaire d’Etat à des groupes armés non étatiques ». Sans les nommer, la déclaration fait allusion aux soutiens du Rwanda au M23, et de Kinshasa aux FDLR et aux groupes supplétifs Wazalendo. Le texte prévoit également le retour des déplacés et réfugiés, Kigali affirmant que 100.000 Congolais sont présents sur son territoire. La nouveauté de cette déclaration de principes repose sur un volet économique, jamais évoqué dans les médiations africaines. Le document propose d’encadrer la coopération économique des deux pays dans l’exploitation des ressources naturelles. Le sujet est hautement radioactif, notamment concernant les minerais critiques comme le Tungstène, le Tantale ou l’Etain, dont l’importance est stratégique dans les chaînes d’approvisionnement de nombreuses industries technologiques.
« Business contre territoires »
Le deal économique évoqué par le texte est un sujet d’inquiétude pour Kinshasa, qui pourrait être perdant sur la question, même si la déclaration spécifie que les deux pays doivent « tirer davantage de prospérité des ressources naturelles de la région grâce à des partenariats et des opportunités d’investissement mutuellement bénéfiques ». D’autant que l’accord y associe également « les autorités et le secteur privé » américain qui s’invitent dans le tour de table. Autant dire qu’il n’y aura pas de miracle pour Kinshasa, qui arrive dans ces négociations en position de faiblesse, avec peu d’arguments pour peser dans la balance. Une source occidentale indique à Afrikarabia que dans ce deal entre Etats, « ce sera business contre territoires, et l’Est du Congo deviendra une extension économique du Rwanda ».
Partage du pouvoir ?
La déclaration de principes de Washington a un peu éclipsé les négociations discrètes de Doha entre les autorités congolaises et le M23. Peu d’éléments ont filtré des discussions, et surtout ce que chacune des parties peut mettre sur la table. Pour le M23, se posent les questions de son intégration dans l’armée et dans les institutions politiques, ou de l’amnistie de ses membres, tous condamnés à mort par Kinshasa. Dans l’opposition et la société civile, on s’inquiète de ces revendications. L’opposant Delly Sesanga ou le mouvement citoyen Lucha s’opposent à voir réintégrer les rebelles dans l’armée, une recette qui n’a réussi qu’à affaiblir l’armée congolaise depuis 30 ans. Idem pour les amnisties et un nouveau partage du pouvoir qui reviendraient à acter une nouvelle impunité pour les groupes armés.
La carte Gnassingbé
Enfin, quid du nouveau médiateur togolais Faure Gnassingbé, désormais à la tête du processus fusionné de Nairobi et Luanda, et qui porte la voix du continent ? Les initiatives émiraties et américaines pouvaient le mettre hors-jeu, mais on aurait tort de vouloir l’écarter de la solution au conflit, qui restera africaine. Son arrivée en fait maintenant l’unique interlocuteur du conflit, qui entretient de bonnes relations avec les deux principaux acteurs étatiques. Autre atout, son pays n’adhère ni à la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), ni à la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), deux institutions rivales qui ont fait patiner les médiations régionales. Faure Gnassingbé offre enfin une carte intéressante à jouer pour l’Union africaine (UA), qui n’a, pour l’instant, jamais réussi à démontrer son efficacité. Mais depuis le retour du M23, fin 2021, et la mise en place laborieuse et chaotique des processus de paix de Nairobi et Luanda, on peut se demander aujourd’hui pourquoi on a perdu tout ce temps.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
Avec les US, tout devient claire. Avant c’était une confusion entretenue pour accoler AFC/M23 au Rwanda:
1. Deux processus sont clairement séparés: RDC-AFC/M23 à Doha pour regler des questions Congolo-Congolais. A Washington pour s’occuper des relations entre la RDC et le Rwanda.
3) Avec l’arrivée des Americains, Les frontières et la souverainité de deux pays doivent être respectés. Avant, la RDC et ces relais – pays-certains medias retribués-lobbystes – avaient reussi à faire passer l’idée que seulement la RDC était victime.
4) Avant le retour des réfugiés – Tutsi Congolais- était évacué du débat. Avec les Américains, il devient central
4) Quand aux ressources naturelles et le partage des richesses, il s’agit tout simplement, avec le secteur privé américains, investir dans les deux pays, en y installant des infrastructures reliant des circruits d’approvisionnement et y créant des chaines de valeur (routes, usines de rafinnage, aeroports et projets de dévelopement communs etc. Bref, des circuits intégratifs entre les deux pays qui créeront de la richesses et des emplois dans cette partie longtemps oubliés.
Note: Les US ont une approache pragmatique – win win et non du genre gagnant-perdant ou zero sum game, fière aux certains pays européens dont la Belgique.
Finalement, Négotiation entre la RDC et M23 n’est plus une ligne rouge.
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corrections
– chère aux certains pays européens
Du blanc blanc même çi ils signe l’accord ou sont-ils nos mort ? il vont les faire rêvenir Ala vie ?