Les conditions de travail des journalistes se sont fortement détériorées ces derniers mois en République démocratique du Congo (RDC) selon Reporters sans frontières (RSF) et Journalistes en danger (JED) . Menaces et censures se multiplient sur les médias publics et privés, dans un climat politique délétère à l’approche d’élections générales fin 2016.

Une vingtaine de journaux sont publiés à Kinshasa. Les plus forts tirages ne dépassent pas 3.000 exemplaires © Ch. Rigaud – Afrikarabia
La RDC traverse une longue crise politique depuis la réélection contestée du président Joseph Kabila en novembre 2011. Kinshasa peine à organiser les différents scrutins électoraux prévus et l’opposition craint que le président congolais ne cherche à s’accrocher au pouvoir, alors que la Constitution lui interdit de se présenter pour un troisième mandat. Dans un climat très tendu après les manifestations violemment réprimées de janvier 2015, la presse devient la cible privilégiée du pouvoir selon un rapport de Reporters sans frontières (RSF) et Journalistes en danger (JED) . « Menaces, arrestations arbitraires, saisies de matériel, directives hiérarchiques sur les journalistes : qu’ils soient publics, d’opposition ou indépendants, les médias et journalistes congolais subissent tous le poids des pressions politiques » accusent les deux ONG de défense de la liberté de la presse.
Censure et auto-censure à la RTNC
Dans une longue enquête réalisée sur le terrain auprès de journalistes à Kinshasa, mais aussi en province, RSF et JED dénoncent notamment les pressions sur les journalistes de la chaîne publique RTNC. A la veille d’élections cruciales en 2016, la chaîne aurait multipliée les installations d’antennes dans toutes les villes du pays, afin de relayer « les actions du gouvernement ». Un journaliste de la RTNC témoigne de la censure et de l’auto-censure qui règne dans la chaîne d’Etat : « On nous a dernièrement instruit de toujours commencer et de mettre en avant les consignes du gouvernement et de ne jamais critiquer le pouvoir. Si vous osez, vous êtes punissable, d’ailleurs vous n’avez aucune chance que votre papier qui critique ou dénonce le pouvoir passe au conseil de rédaction. Moi ça gêne mon indépendance et j’ai décidé de ne plus soumettre de papiers à la rédaction ».
Les médias dans le collimateur de l’ANR
Depuis plusieurs mois, les menaces sur la presse congolaise se font plus pressantes. Dernier fait en date : « Le 10 août dernier, plusieurs hommes armés ont raflé des exemplaires du journal C-News dans différents points de vente de Kinshasa, selon la direction du média. Cet acte de censure envers le journal s’ajoute à une longue liste d’actes de harcèlement dont il fait l’objet depuis plusieurs mois ». Autre cas : le 21 juillet 2015, Simon Mulowa, directeur de Full Contact Radio, station émettant à Kananga, a été placé en garde à vue après une émission de radio sur « quelques dysfonctionnements constatés dans la mise en place de la nouvelle province ». Aux commandes de cette répression sur la presse congolaise, on trouve l’Agence nationale de renseignement (ANR), les services congolais qui font office, pour l’opposition, de « police politique ». En province, l’agence a saisie début août 2015 le matériel de Canal Orient à Kisangani. Cette radio-télévision appartient au député John Ilongo Tokole, un opposant au gouverneur de la province.
Reportage « sans autorisation de l’ANR »
A Uvira, dans la province du Sud-Kivu, RSF et JED ont dénoncé, toujours en août 2015, l’arrestation de Brinal Nundun, un journaliste de Canal 7 TV. Le journaliste a été interpellé par des agents de l’ANR (toujours elle) et détenu durant 3 jours dans ses cachots. Brinal réalisait un reportage sur les réfugiés Burundais d’Uvira, au siège de l’ONG « Action Ku Saïda ». Son matériel a été saisi. Contacté par JED, Brinal Nundu a déclaré qu’il a été accusé « d’avoir réalisé son reportage dans l’enclos de l’organisation « Action Ku Saïdia » sans l’autorisation préalable de l’ANR. »
82 journalistes arrêtés entre 2013 et 2014
A 15 mois de la fin du mandat de Joseph Kabila et dans une tension politique extrême, « ce types de pression sont à prendre très au sérieux, selon RSF et JED, dans un pays où 82 journalistes ont été arrêtés ou interpellés entre 2013 et 2014, et où 60 on été battus et menacés sur la même période dans l’impunité la plus totale ». Journalistes en Danger affirme que la moitié des atteintes à la liberté de la presse en République démocratique du Congo, « sont le fait de personnes identifiables dans l’armée, la police ou encore les services de sécurité qui n’ont pas à craindre des poursuites judiciaires ». Et la situation ne s’améliore pas. Au dernier classement de la liberté de la presse 2015 dans le monde, la RDC est à la 150ème place sur 180. Un peu mieux qu’en 2014, mais moins bien qu’au cours de ces 14 dernières années. En 2002, le Congo était classé au 113ème rang.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
En 2006 avec les élections Louis Michel « Big Loulou », il y a eu des pressions contre les médias, des journalistes et des opposants. La fameuse Haute Autorité des Médias avec Modeste Mutinga Mutuishayi au de garantir la liberté d’expression et la régulation des médias en toute impartialité, elle s’était muée en « Étouffoir des libertés ». En 2011, avec le hold-up électoral de Ngoyi Mulunda pour proclamer alias Joseph Kabila comme vainqueur, les médias étaient encore sous pression. A l’approche de chaque échéance électorale, la pression s’abat sur les journalistes et les médias. Il faut simplement quitter le camp des incantations. A chaque fois on fustige l’attitude de l’ANR, en oubliant que cette Gestapo fait partie du régime de Kinshasa. Il y a aussi une autre réalité qu’il faut dénoncer. Le pluralisme médiatique est frelaté . Le Congo-Kinshasa est le seul pays au monde où chaque ministre, sénateur , député a: son journal, sa radio et sa télévision. Comment voulez-vous que l’information soit indépendante ? Que la RTNC soit pris en otage par alias Joseph Kabila et ses apparatchiks: Dinosaures Mobutistes et Mammouths Joséphistes cela n’étonne personne. Le régime d’alias Joseph Kabila c’est du Mobutisme sans Mobutu.
Il faut dénoncer aussi le « Coupage » qui mine le journalisme congolais. Ce système qui consiste à ce qu’un journaliste soit payé pour écrire un papier ou diffuser un reportage ou information. Les politicailleurs connaissant cette faiblesse des journalistes congolais en profitent. Comment un directeur de rédaction peut en même assumer la fonction de Directeur de cabinet d’un ministre ? Cela choque toute conscience mais à Kinshasa cela ne choque pas. Il faut bien faire bouillir la marmite le soir. Conséquence les médias congolais promeuvent des cancres et médiocres parce qu’ils payent. Ceux qui ont des idées et n’ont pas les moyens on ne les entend pas. Aucun journal de Kinshasa ne tire à plus de 2500 exemplaires sans compter les invendus alors que la capitale congolaise regorge plus de 10 millions d’habitants. Il faut défendre la liberté d’expression, le pluralisme médiatique et la pluralité d’opinion. Faut-il dénoncer uniquement la RTNC qui depuis longtemps est devenu un média Etatique des Joséphistes au pouvoir, sans dénoncer les journaux coupagistes qui roulent pour le régime de Kinshasa ?
Mesdames et Messieurs,
Je demande au Gouvernement de laisser les journalistes faire leur travail. C’esr la démocratie.
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