Suspect et témoin capital de l’assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, Paul Mwilambwe a été inculpé le 8 janvier 2015 à Dakar. Son témoignage pourrait permettre de faire la lumière sur ce double meurtre.
Les familles de Floribert Chebeya et Fidle Bazana attendaient ce moment avec impatience. L’inculpation de PaulMwilambwe, suspect et témoin-clé du meurtre du défenseur des droits de l’homme Floribert Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana, devrait permettre d’entendre le témoignage de ce policier congolais, réfugié à Dakar. La justice sénégalaise vient en effet d’inculper Paul Mwilambwe, suite à la plainte en compétence extraterritoriale pour actes de torture par la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et plusieurs ONG congolaises. Mwilambwe a été placé sous contrôle judiciaire.
Condamné à mort en RDC, Mwilambwe se réfugie au Sénégal
Le major de la police congolaise est un témoin capital de l’affaire Chebeya. En juin 2010, le célèbre défenseur des droits de l’homme de la Voix dans sans voix (VSV), Floribert Chebeya, était découvert mort dans sa voiture et le corps de son chauffeur, Fidèle Bazana, avait disparu. Le jour du double meurtre (la mort de Fidèle Bazana ne faisant plus aucun doute), Paul Mwilambwe était en charge de la sécurité du bureau du Général John Numbi, le chef de la police congolaise. Après les faits, il avait pris la fuite dans un pays d’Afrique où il avait dénoncé devant le cinéaste Thierry Michel, puis sur France 24, l’implication de John Numbi dans l’assassinat et la disparition de Chebeya et Bazana. Devant l’émotion provoquée par l’affaire Chebeya, John Numbi avait été suspendu et 8 policiers (dont Paul Mwilambwe) inculpés. Après un procès émaillé de plusieurs incidents, 5 policiers sont finalement condamnés, dont 4 à la peine de mort et 1 à la perpétuité. Trois des condamnés à mort prennent la fuite, dont Paul Mwilambwe, qui se réfugie au Sénégal.
« Je veux savoir où mon mari est enterré »
L’objectif de la FIDH est de pouvoir enfin entendre la version de Paul Mwilambwe devant un Tribunal, ce qui n’avait pas été possible en République démocratique du Congo (RDC). Pour Maître Assane Dioma Ndiaye, avocat du GAJ de la FIDH et des familles Chebeya et Bazana : « En l’absence de procédure équitable en RDC, nous avons initié cette procédure au Sénégal afin qu’une enquête impartiale et indépendante puisse être ouverte et que toute la lumière soit faite sur l’assassinat et la disparition forcée dont ont été victimes Floribert Chebeya et Fidèle Bazana ». Patrick Baudouin, président d’honneur de la FIDH estime que « l’inculpation de Paul Mwilanbwe et son audition par un juge d’instruction indépendant constituent une étape fondamentale vers la vérité. Depuis l’affaire Hissène Habré, c’est la première fois qu’une procédure en compétence extraterritoriale est initiée au Sénégal et cette étape constitue un signal fort et positif ». Celle qui attend ce procès avec le plus d’impatience, c’est Marie-José Bazana, l’épouse de Fidèle Bazana dont le corps n’a toujours pas été retrouvé. « Cette inculpation constitue un grand espoir de vérité et de justice. Je veux savoir où mon mari est enterré, je veux que l’on me dise où il est et je veux pouvoir l’enterrer dignement ».
Christophe RIGAUD – Afrikarabia