Les représentants des principaux opposants congolais sont réunis du 13 au 16 novembre en Afrique du Sud pour trouver une possible candidature commune à la présidentielle de décembre. Si la voie est étroite pour mettre sur la même ligne des candidats bien déterminés « à aller jusqu’au bout », des alliances sont en train de se tisser entre candidats.
C’est une équation à cinq inconnus que doit résoudre l’opposition congolaise à un peu plus d’un mois de la présidentielle. Les cinq paramètres se nomment : Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Denis Mukwege, Augustin Matata Ponyo et Delly Sesanga… Tous candidats pour tenter de battre Félix Tshisekedi, qui brigue un second mandat en décembre. Depuis lundi, des représentants du « club des cinq » se trouvent à Pretoria, en Afrique du Sud, pour trouver une stratégie commune, et pourquoi pas, désigner un candidat unique de l’opposition. Dans une présidentielle à seul tour, la dispersion des voix de l’opposition offre un net avantage au candidat sortant. Pour Yvon Muya, politologue et chercheur associé à l’université d’Ottawa, « l’opposition est parvenue à la conclusion qu’il y avait nécessité de se rassembler pour maximiser ses chances de l’emporter ». Mais le conclave de Pretoria devra éviter les écueils de 2018, à Genève, où les principaux ténors de l’opposition avaient désigné Martin Fayulu comme candidat commun, avant que Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe ne tournent le dos à l’accord pour se lancer en duo dans la course à la présidentielle. A l’époque, Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba, empêchés de présenter leur candidature, avaient soutenu Martin Fayulu. Aujourd’hui, Jean-Pierre Bemba roulent pour le président Tshisekedi et Moïse Katumbi a déposé sa candidature. Il faut donc à tout prix éviter de répéter le traumatisme de Genève.
Fayulu et katumbi déterminés
Aujourd’hui, les négociations pour une possible entente de l’opposition sur un candidat commun sont particulièrement complexes. « Martin Fayulu, qui est considéré comme celui qui a gagné les élections de 2018, cherche à prendre sa revanche, et Moïse Katumbi, qui court après ce poste depuis 2014, joue peut-être sa dernière chance » explique Yvon Muya. Enfin, la configuration politique est très différente de celle de 2018. « Joseph Kabila n’est plus président, et c’est un ancien opposant, Félix Tshisekedi, qui est désormais au pouvoir et qui connait parfaitement tous les mécanismes et les manoeuvres de l’opposition ». Une raison supplémentaire pour les opposants de se méfier les uns des autres. Depuis Pretoria, peu d’informations filtrent sur les discussions en cours. Les proches des candidats se disent tous être les mieux placés pour incarner le visage unique l’opposition, et tous affirment que leur poulain est bien décidé « à aller jusqu’au bout », quoi qu’il en coûte.
Katumbi-Sesanga vs Mukwege-Matata
De l’avis général, dans les QG de l’opposition, il y a peu de chance que « le club des cinq » se mettent d’accord sur un candidat commun et voir les quatre autres s’effacer derrière lui. Il est donc davantage probable de voir deux ou trois candidats s’allier, laissant ainsi les deux autres libres de poursuivre la campagne en solo. Le plus radical sur ses positions, est sans surprise Martin Fayulu, qui n’entretient pas de bonnes relations avec Moïse Katumbi et Matata Ponyo. Par contre, le leader de l’Ecidé a toujours de bons rapports avec Denis Mukwege. Moïse Katumbi peut compter sur le soutien de Delly Sesanga et Franck Diongo (qui n’est pas convié à Pretoria), dont il finance les campagnes, notamment pour les législatives. Denis Mukwege s’est, quant à lui, rapproché de Matata Ponyo, avec lequel il pourrait former un ticket composé d’un membre de la société civile et d’un politicien-expert qui connait parfaitement les arcanes du pouvoir. Le hic, c’est la mauvaise image de l’ex-Premier ministre de Joseph Kabila impliqué dans l’affaire de détournements de fonds de la ferme Bukanga Lonzo.
Fayulu-Katumbi : les deux moteurs de l’opposition
Il se dessine donc un axe Katumbi-Mukwege-Matata-Sesanga qui serait compatible pour élaborer une stratégie commune. Reste à savoir : qui, pour occuper quel poste ? Aujourd’hui, tout est une question de rapport de force. La puissance financière de Moïse Katumbi en fait clairement le principal donneur d’ordre dans ce « club des quatre ». La place de Denis Mukwege n’est pas évidente à trouver, sauf à occuper le fauteuil présidentiel, ce que Katumbi, n’est, pour l’instant, pas prêt à lâcher. Matata Ponyo pourrait se voir proposer le Sénat et Sesanga la Primature, mais le quatuor paraît encore bien trop fragile pour tirer des plans sur la comète. La surprise pourrait venir de Martin Fayulu, qui, fort de sa popularité, pourrait finalement trouver sa place dans un ticket ou un trio avec d’autres opposants. Car, les deux aimants moteurs de cette opposition congolaise sont bien Moïse Katumbi et Martin Fayulu, avec un électron libre qui pourrait être le plus petit dénominateur commun, en la personne de Denis Mukwege. En cas d’échec d’une union à Pretoria, certains opposants pensent qu’il est possible de battre Félix Tshisekedi, dont le bilan est faible, sans candidature commune. Mais pour que cela soit possible, souligne le chercheur Yvon Muya, « il faut que ces élections soient libres, transparentes et dignes d’une démocratie. Un opposant peut l’emporter face à Félix Tshisekedi, avec un faible pourcentage, mais il faut que ces élections soient crédibles. Pour l’instant, l’opposition affirme que les conditions d’un scrutin transparent ne sont pas réunies ».
Christophe Rigaud – Afrikarabia
ON REPARLE DE LA CANDIDATURE COMMUNE DES OPPOSANTS EN DISCUSSION A PRETORIA…
Avant toute chose il faut dire que quelles que soient les spéculations dans tous les sens, la candidature commune des opposants utile ou pas, il reste qu’elle est nécessaire pour ne pas donner au pouvoir en place des justifications supplémentaires pour accomplir sa fraude planifiée : il dira en effet qu’il aura d’autant gagné qu’il était en face de plusieurs prétendants.
Cela dit, on ne doit pas se faire trop d’illusions, les grands noms de l’opposition, Fayulu, Katumbi… pousseront leurs ambitions à aller jusqu’au bout, si candidature commune, ils voudront bien être celui-là.
Le papier parle de quelques alliances qui se tissent entre candidats ; osons espérer qu’elles auront lieu et qu’au moins la limitation des candidats éclaircira davantage la scène politique des opposants
Lorsque comme moi on opte pour le « changement » de notre gouvernance, quitter les pratiques délétères qui sont devenues la mauvaise marque de notre pays, on ne peut que s’intéresser à l’opposition dans notre pays.
Malheureusement l’une des faiblesses de celle-ci est de ne pas toujours user d’une communication stratégique pour la conquête du pouvoir dans ses propositions. On voit ainsi cette dispute autour de la candidature commune qui repose beaucoup sur les volontés des candidats plutôt que sur les contenus de leur offre politique.
Bien sûr que dans le contexte il s’agit d’abord de faire face au pouvoir en place, battre Tshisekedi est en soi une stratégie qui s’impose surtout dans un scrutin à un tour mais une collusion de programmes aurait été un plus pour convaincre l’electorat et pourquoi pas penser résolument dès maintenant à des tickets de plus d’un candidat mais aussi envisager les mandats dans la continuité d’un projet qui deborde les 5 ans d’un mandat présidentiel.
Tenez, il est fait part ci-dessus de Fayulu et Katumbi recalés de fait de la precedente élection qui sont déterminés à aller jusqu’au bout mais on signale en même temps un axe possible entre Fayulu et Mukwege (tandis que ce dernier semble aussi proche de Matata) et un autre entre Katumbi, Sesanga, Diongo. De quoi faire deux blocs contenant chacun le plus déterminé des candidats.
Personnellement je regrette que dans ce marchandage des politiques Mukwege le non politicien qui représente une donne nouvelle pour le leadership de ce pays n’ait pas une place primordiale.
Bon en definitive si des alliances se nouent entre candidats de l’opposition qui pouront ainsi constituer des tickets plus preneurs pour les uns et les autres, c’est déjà une arme pour contrer la fraude planifiée par le pouvoir en place.
Attendons le dénouement…