Huit hauts responsables de l’appareil sécuritaire de République démocratique du Congo (RDC) et un ex-rebelle ont été sanctionnés par l’Union européenne (UE) pour leur rôle dans les violences au Kasaï et dans la répression politique.
L’étau se resserre autour de l’appareil séculaire congolais. La sanction de l’Union européenne est tombée ce lundi pour neuf personnalités congolaises responsables, selon l’UE, « de graves violations des droits de l’homme ». En décembre 2016, sept hauts responsables avaient déjà été sanctionnés par l’Union, essentiellement pour leur implication dans la violente répression des manifestations anti-Kabila de septembre 2016, qui avait fait une cinquantaine de morts. Dans cette première liste, on retrouvait le commandant de la région militaire de Kinshasa, Gabriel Amisi, le commandant de la garde présidentielle, Ilunga Kampete, le patron de la police de Kinshasa, Célestin Kanyama, ou le général Numbi.
Les politiques désormais ciblés
Ce lundi, l’Union européenne a décidé de durcir le ton et d’élargir la liste, en sanctionnant également des politiques. Ce sont les violences au Kasaï, « d’une ampleur exceptionnelle sur le plan à la fois sécuritaire, humanitaire et des droits de l’Homme » qui ont poussé l’Union européenne à sévir une nouvelle fois. « L’UE s’inquiète des rapports faisant état de l’usage disproportionné de la force par les services de l’Etat, et en particulier les forces de sécurité, dans la gestion de la crise au Kasaï » estime le Conseil de l’Union. Dans cette nouvelle liste, des responsables politiques de premier plan sont cette fois-ci touchés. On y trouve Ramazani Shadari, vice-Premier ministre et ministre de l’intérieur et de la sécurité, pour son rôle dans la répression contre les membres du mouvement Bundu dia Kongo en janvier et février 2017. Mais figure également Évariste Boshab, ancien vice-Premier ministre et ministre de l’intérieur et de la sécurité pour avoir eu recours à la force pendant les manifestations de septembre et décembre 2016. Jean-Claude Kazembe Musonda, ancien gouverneur du Haut-Katanga est également sur la liste pour la répression violente des opposants politiques dans la riche province minière en décembre 2016. Alex Kande Mupompa, gouverneur du Kasaï central est visé pour « assassinat illégal et exécutions extrajudiciaires » dans sa province à l’encontre de miliciens Kamuina Nsapu.
Mende et Kalev sanctionnés
Mais le message le plus fort provenant de l’Union européenne concerne le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, qui fait lui aussi l’objet de sanctions. L’UE lui reproche sa répression envers les médias, la publication d’un décret limitant la possibilité pour des médias étrangers de diffuser en RDC, et on pense bien sûr à RFI, interdite d’émettre à Kinshasa depuis novembre 2016. Òn notera que l’UE s’attaque enfin au très redouté patron des services de renseignements congolais (ANR), Kalev Mutondo, jusque-là étonnamment épargné par la communauté internationale. Au coeur du système de répression congolais, on disait de Kalev qu’il rendait quelques menus services à certains pays occidentaux. Son nom est désormais sur la liste noire de l’Union. Et comme les autres responsables sanctionnés : ses avoirs sont gelés et il a interdiction de voyager dans l’Union européenne. Le Conseil spécifiant bien que « les mesures restrictives entrent en vigueur immédiatement. » Les trois dernières personnes ciblée sont Gédéon Kyungu, l’ancien chef de milices et deux commandants de brigades, Muhindo Akili Mundos, commandant de la 31e brigade des Forces armées congolaises, et Éric Ruhorimbere, général de brigade. Reste à savoir si ces sanctions produiront un adoucissement de l’appareil sécuritaire congolais. Pour l’heure, les premières sanctions de décembre n’ont pas vraiment produits d’effets sur la répression politique et sur la spirale de la violence qui entraîne les Kasaï.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
La communauté internationale entretient un peu trop Kabila. Il faudrait le sanctionner directement et on en finit.
Sanctionner Lambert Mende est un message fort. C’est lui le « tueur » de la liberté de la presse en RDC. Je sais qu’il va faire des tapages comme dans ses habitudes mais pour combien de temps?