Un an après la découverte d’une fosse commune dans la banlieue de Kinshasa, l’enquête est toujours au point mort et les exhumations des corps n’ont toujours pas été effectuées.
Qui sont les 421 corps retrouvés dans la fosse commune du cimetière de Maluku à une centaine de kilomètres de Kinshasa ? Un an après sa découverte, le mystère de la fosse commune reste entier. C’est dans la nuit du 18 au 19 mars 2015 que des corps auraient été secrètement enterrés par les forces de sécurité près du cimetière Fula-Fula. Ce sont les riverains du cimetière qui ont alerté la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo (Monusco), incommodés par les odeurs nauséabondes des corps en décomposition. Rapidement le scandale enfle et le gouvernement congolais ne tarde pas à admettre la présence de 421 corps dans la fosse commune. Pourtant, les autorités expliquent qu’il s’agit de « procédures normales » et que les corps de Maluku sont « des indigents, des parents de familles pauvres de Kinshasa, des cadavres non-identifiés ou des bébés mort-nés » – voir notre article.
« Il est temps d’exhumer les morts » pour Human Rights Watch
Mais de nombreuses ONG contestent les affirmations des autorités congolaises. A commencer par la Croix Rouge locale qui réfute les déclarations officielles. Les organisations des droits de l’homme congolaises pensent que les cadavres de Maluku sont en fait les victimes des manifestations de janvier 2015 contre la loi électorale, violemment réprimées par les forces de sécurité. Des ONG comme Human Rights Watch (HWR) soupçonnent les autorités d’avoir également enterré à Maluku les victimes des opérations de police contre les gangs qui ont rapidement mal tourné en 2013 et 2014 – voir notre article. HRW explique que les corps de personnes tuées lors de ces deux opérations ont été emmenés par les forces de sécurité et n’ont jamais été rendus aux familles. En juin dernier, 34 familles ont déposé plainte devant la justice congolaise en réclamant l’exhumation des corps de la fosse commune de Maluku… sans résultat pour le moment. Pour HRW, « les autorités congolaises devraient utiliser cet anniversaire pour donner enfin aux familles des victimes les réponses et la justice qu’elles méritent. Les autorités devraient également révéler l’identité de ceux qui sont enterrés à Maluku. Et avec l’aide d’experts internationaux, il est temps d’avancer et d’exhumer les morts » conclut Human Rights Watch.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia