Etienne Tshisekedi a décidé de retirer ses délégués des discussions préparatoires au « dialogue national » du président Joseph Kabila. Un retournement surprise après une forte contestation interne et à la veille d’une importante manifestation de l’opposition.
Rétropédalage à l’UDPS. Dans un communiqué Etienne Tshisekedi a demandé à ses représentants, qui négociaient la participation du parti d’opposition au « dialogue national », de se retirer. L’UDPS parle « d’échec des entretiens de Venise et d’Ibiza » avec le camp présidentiel. L’UDPS affirme que ces discussions devaient « prédéfinir le format, la thématique et régler tous les problèmes à l’organisation du dialogue (…) sous la facilitation de la communauté internationale en vue de préparer pour la première fois de l’histoire de notre pays, une alternance politique ». Mais visiblement, le parti d’opposition n’a pas trouvé de terrain d’entente avec Joseph Kabila. L’UDPS demande « l’organisation d’un processus électoral crédible (…) l’élaboration d’un calendrier consensuel (…) et le transfert pacifique du pouvoir ».
Cavalier seul
Le président Kabila, dont la Constitution interdit un troisième mandat, doit normalement quitter le pouvoir fin 2016. Mais l’opposition craint que le président congolais ne cherche à faire rallonger son mandat en faisant glisser le calendrier électoral. Dans ce contexte, les principaux partis d’opposition (UNC, MLC, Ecidé, Fonus… ) avaient alors décidé de rejeter le « dialogue national » proposé par Joseph Kabila, l’accusant de vouloir négocier un prolongement de son mandat. Seule l’UDPS s’était déclarée partante pour discuter avec Joseph Kabila. Mais le parti d’Etienne Tshisekedi était bien isolé dans cette posture. Une stratégie difficilement compréhensible lorsque l’on se souvient de l’intransigeance de l’UDPS vis à vis de Joseph Kabila, dont Etienne Tshisekedi ne reconnait pas la victoire aux élections de 2011. L’UDPS avait même empêché ses propres députés de siéger à l’Assemblée nationale. « Pourquoi dialoguer avec Kabila à un peu plus d’un an de la fin de son mandat ? » se demandaient des membres du parti.
Un parti en pleine recomposition
La stratégie de l’UDPS, en acceptant le principe d’un dialogue avec Joseph Kabila, était donc très mal passée chez certains cadres qui l’avaient dénoncé – voir notre article – mais surtout à la base du parti et dans la diaspora. Les Congolais de Belgique avaient violemment protesté contre ce qu’ils considèrent comme une « trahison » d’Etienne Tshisekedi. Mais il faut également savoir que le parti est pleine recomposition. Etienne Tshisekedi, 82 ans et très affaibli, ne contrôle plus vraiment le parti, laissé dans les mains de son fils Félix. Certains accusent même Félix Tshisekedi d’avoir accepté le dialogue de Kabila afin d’être nommé Premier ministre. Deux raisons peuvent être avancées pour expliquer la rupture des négociations avec le camp Kabila. Soit l’UDPS n’a pas obtenu les postes qu’il souhaitait dans un possible partage du pouvoir. Soit la colère des cadres, de la base et de la diaspora a fait reculé les partisans du dialogue. On peut aussi penser que c’est un peu des deux. A noter enfin que la rupture du dialogue avec Kabila intervient à 24 heures d’une importante manifestation de l’opposition à Kinshasa… dont l’UDPS ne fait pas partie.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia