A quelques semaines du futur Forum de Bangui, Jean Willybiro demande aux belligérants « d’envoyer un message clair et de renoncer aux divisions« . « La Centrafrique doit retrouver son unité » prône le candidat à la prochaine présidentielle.
– Afrikrarabia : Vraisemblablement en avril, le Forum de Bangui doit réunir les différents acteurs de la crise centrafriciane autour de la table. Qu’en attendez-vous ?
– Jean Willybiro : Le plus important c’est que les Centrafricains venant de toutes les régions et de toutes les communautés puissent enfin se parler. Pour moi, la réconciliation c’est notre affaire à nous, Centrafricains. Il faut que les responsables politiques et communautaires s’engagent dans la voie de la paix afin d’aller aux élections et reconstruire notre pays.
– Afrikrarabia : Qui doit participer à ce Forum, Michel Djotodia, Nourredine Adam, François Bozizé ?
– Jean Willybiro : Les anti-Balaka et les ex-Séléka sont déjà très organisés, avec des responsables qui sont sur place en Centrafrique. Je ne sais pas si la présence de Djotodia ou Bozizé est vraiment nécessaire, mais ils ont des représentants au niveau national qui travaillent déjà avec l’organisation du Forum. Nous retrouverons donc des représentants anti-Balaka et Séléka au Forum de Bangui. Même si Djotodia ou Bozizé n’y participent pas, il faut qu’ils envoient des messages clairs et prennent des engagements pour renoncer à la violence et aux divisions. La Centrafrique doit retrouver son unité.
– Afrikrarabia : Que doit-on mettre sur la table au Forum de Bangui, une nouvelle Constitution, un calendrier électoral ?
– Jean Willybiro : Le Forum ne discutera pas de la Constitution. Elle a été examinée par le Conseil national de transition (CNT) qui doit transmettre la première mouture de ses réflexions au gouvernement. Ce qui est sûr, c’est que la nouvelle Constitution n’entrera pas en vigueur avant les prochaines élections. Il y a pour moi des urgences : la révision du code électoral, la mobilisation des ressources nécessaires pour l’organisation des élections et surtout le retour à la sécurité qui passe par le désarmement des groupes armés.
– Afrikrarabia : Pendant ce temps, à Nairobi, des discussions se sont nouées entre les deux ex-présidents Djotodia et Bozizé. Comment voyez-vous leur possible retour sur la scène politique ?
– Jean Willybiro : On ne peut pas leur reprocher d’avoir des intentions de réhabilitation. Mais Djotodia lui-même, reconnaît que Nairobi n’a rien donné. Beaucoup d’énergie a été dépensée pour rien et pour revenir à la case départ. Si ces leaders aiment véritablement leur pays, qu’ils adressent des messages de paix et de réconciliation.
– Afrikrarabia : A entendre Michel Djotodia ou François Bozizé on a l’impression qu’ils considèrent toujours être la solution aux problèmes centrafricains ?
– Jean Willybiro : Est-ce qu’hier Bozizé et Djotodia ont été la solution ? Ils n’ont pas été la solution et je ne vois pas comment ils pourraient l’être aujourd’hui. Que le peuple centrafricain tente une autre voie et avance.
– Afrikrarabia : Le calendrier électoral fixe le prochain scrutin présidentiel cet été. Est-ce réaliste ?
– Jean Willybiro : A mon sens c’est difficile, notamment en raison du manque de ressources nécessaires pour organiser les élections. Et puis la sécurité n’est pas encore totale dans le pays. Demain, les candidats aux élections et les organisateurs du scrutin, auront à circuler, ce qui est encore difficile aujourd’hui.
– Afrikrarabia : Il y a un an vous vous êtes déclaré candidat à la présidentielle. On compte aujourd’hui une soixantaine de candidats potentiels, n’est-ce pas trop et maintenez-vous votre candidature ?
– Jean Willybiro : En ce qui me concerne, mon engagement ne s’est pas fait à la légère. Nous avons des atouts pour sortir ce pays de la crise – voir notre article. Nous avons l’expérience et l’expertise dans la justice, la santé… Je pense pouvoir rassembler demain les Centrafricains afin de reconstruire ce pays. Je reste candidat… jusqu’au bout.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia