46 cas de fièvre hémorragique ont été signalés dans la province de l’Equateur, provoquant la mort de 26 personnes. L’épidémie d’Ebola, qui inquiète jusqu’à Kinshasa, vient se rajouter à une crise politique, humanitaire et sécuritaire sans précédent au Congo.
Le virus Ebola a encore frappé en République démocratique du Congo (RDC). Ce nouvel épisode de fièvre hémorragique est le neuvième que subit la en quarante ans le pays. L’épidémie est apparue au début du mois de mai dans la région de Bikoro, au nord-ouest de la RDC, avant de se propager à Mbandaka, la capitale provinciale de l’Equateur. En début de semaine, une quarantaine de cas ont été comptabilisés et 25 décès enregistrés. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère que le risque pour la santé publique posé par l’épidémie est « très élevé » au niveau national, avec des risques de propagation aux neuf pays voisins.
Le virus Ebola, particulièrement violent, a été transmis aux humains par des animaux sauvages et peut s’avérer fatal dans 90% des cas, selon sa souche, alors qu’aucun traitement n’existe encore. Ce que redoutent les autorités congolaises, c’est la propagation du virus dans les zones urbaines. Quatre cas ont déjà été détectés à Mbandaka, un important port régional de 1,5 million d’habitants, relié à Kinshasa par le fleuve Congo. Une vaste campagne de vaccination a été lancée en début de semaine. Pour l’instant, la RDC dispose de 5.400 doses de vaccin. Cette première phase de vaccination concernera, dans un premier temps, 600 personnes.
Une crise politique et humanitaire sans précédent
Ce neuvième épisode d’Ebola au Congo intervient en pleine crise politique. Le mandat du président Joseph Kabila a expiré depuis décembre 2016, sans avoir pu organiser les élections. L’opposition l’accuse de retarder volontairement le scrutin pour se maintenir au pouvoir et, pourquoi pas, se représenter à propre succession alors que la Constitution lui interdit de briguer un nouveau mandat. Depuis 2016, le Congo s’enfonce dans la violence et dans une crise humanitaire profonde. Les groupes armés se sont multipliés dans l’Est du pays, alors que dans les Kasaï, le conflit entre les forces de sécurité et les milices Kamuina Nsapu a provoqué la fuite de plus de 1,4 million de déplacés. Un conflit qui plonge également plus de 700.000 enfants en insécurité alimentaire.
La violence dans les Kasaï de 2016 et 2017 avait retardé l’enregistrement des électeurs dans ces provinces, justifiant le report de la présidentielle, désormais fixée en décembre 2018. Une élection encore très hypothétique pour l’instant. Le manque de moyens financiers et la mise en place de « machines à voter » pourraient une nouvelle fois renvoyer aux calendes grecques le scrutin. L’épidémie d’Ebola dans la province de l’Equateur est-elle susceptible de perturber la tenue des élections ? Pour l’instant, l’épidémie reste circonscrite et limitée à une seule province, et l’enregistrement des électeurs a déjà été effectué. Mais du côté de l’opposition, on suit la situation de près. En cas de propagation du virus jusqu’à la capitale Kinshasa, la situation pourrait vite devenir incontrôlable.
Pour l’heure, l’opposition se contente de dénoncer l’incurie de l’Etat. Moïse Katumbi fustige le manque de centres de santé et de personnel médical. Et l’opposant de prévenir : « Si rien n’est fait pour endiguer l’épidémie, nous risquons malheureusement de revivre au cœur du continent la tragédie qui s’est déroulée il y a quelques années au Libéria, au Sierra Léone et en Guinée. Tout doit être fait pour éviter le scénario du pire ». Un scénario du pire qui pourrait également peser sur la crise politique et les élections qu’attendent depuis plus d’un an et demi les Congolais.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Ebola risque d’aggraver la situation du pays qui est déjà négative