Trois ans après son arrivée à la tête de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi voit sa cote de popularité fortement baisser. Un sondage indique que moins de 30% des Congolais ont une bonne opinion de leur président. Mais ce désamour ne profite à aucun de ses concurrents et semble toucher l’ensemble de la classe politique congolaise.

Tshisekedi : l’heure de la déception a-t-elle sonné pour les Congolais ? Après une élection contestée et un accord secret de partage de pouvoir avec Joseph Kabila, Félix Tshisekedi avait tout de même suscité un élan d’optimisme en République démocratique du Congo. Débarrassé de Kabila et de son dauphin, les Congolais avaient décidé de laisser une chance au fils de l’opposition historique, Etienne Tshisekedi, pour redresser le pays et le sortir de la corruption, de la prédation et de la répression dans lequel il s’était enfoncé depuis des décennies. Trois ans plus tard, c’est plutôt la douche froide pour les Congolais, selon un récent sondage mené par le Berci, avec le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et Ebuteli, son partenaire de recherche en RDC.
Des promesses en attente de concrétisation
En un an, la cote de popularité du chef de l’Etat a littéralement dégringolé : « Seuls 29% des Congolais interrogés en décembre 2021 affirment avoir une bonne opinion du président Tshisekedi. Un score très en deçà des 54% enregistrés en mars 2021 et des 58% de février 2021 ». Trois ans après les annonces tonitruantes de début de mandat, comme le programme des 100 ans, la construction d’infrastructures, la restauration du réseau électrique, la lutte contre la corruption, ou la gratuité de l’enseignement de base… les Congolais en attendent toujours la concrétisation.
Autre déception, l’instauration de l’état de siège dans deux provinces de l’Est du pays pour lutter contre l’insécurité et les groupes armés. 10 mois après sa mise en place et le remplacement des autorités civiles par les militaires, le bilan est bien mince. Les groupes armés se sont étendus sur des zones géographiques plus larges et les massacres sans fin se poursuivent au Nord-Kivu et en Ituri. L’intervention de l’armée ougandaise sur le sol congolais depuis novembre ne porte pas non plus ses fruits, et signe comme l’aveu d’échec des autorités congolaises à pouvoir juguler la violence à l’Est.
L’ensemble de la classe politique touchée par la défiance
La lutte contre la corruption, principale priorité du président Tshisekedi marque aussi le pas. Après des débuts prometteurs avec les enquêtes sur le programme des 100 jours, ou les interventions musclées de l’Inspection générale des finances (IGF) dans de nombreux dossiers, la corruption semble toujours gangréner les élites congolaises. Certains accusés ont également obtenu la grâce présidentielle ou une libération conditionnelle. Les dossiers comme la taxe RAM, ou l’argent de la lutte contre le Covid renforcent l’idée que la corruption est loin d’avoir disparu en RDC. Des programmes d’infrastructures, comme « Tshilejelu », censé réhabiliter 144 kilomètres de routes « n’a pas donné beaucoup de résultats depuis son lancement en mars 2021, suscitant la colère du président Tshisekedi lors de sa tournée dans le Kasaï » estime le rapport du GEC.
Le président Tshisekedi n’est pas le seul à pâtir de la défiance de la population. L’ensemble des institutions, des opposants politiques et des partenaires étrangers voient leur popularité reculer. « Depuis septembre 2021, les opinions favorables envers les gouvernements provinciaux sont passées de 44,25 à 37,65%, de 49,69 à 40,25 % pour les cours et tribunaux, et de 39,36 à 30,16% pour la police. Même les confessions religieuses ont subi un léger refroidissement de l’opinion publique. 40% des Congolais sondés affirment désormais ne pas leur faire confiance alors qu’ils n’étaient que 36% en septembre 2021 ». Le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, présenté comme la nouvelle génération de politique, censée incarner le changement prôné par Félix Tshisekedi, a perdu 20 points entre mars et décembre 2021 avec 29,07% d’opinions favorables.
Abstention attention danger
La défiance générale des Congolais vis à vis de leur personnel politique se ressent aussi dans les rangs de l’opposition : « Aucun gain de popularité n’a été relevé du côté de Moise Katumbi, Martin Fayulu, Jean-Pierre Bemba ou Joseph Kabila » révèle le sondage du Berci. Plus inquiétant, la population est de plus en plus indécise : « Alors qu’en mars 2021, seuls 4% des Congolais sondés disaient ne pas avoir une opinion lorsqu’on leur demandait ce qu’ils pensaient du président Tshisekedi, ils sont désormais 28,4% à être indécis sur la question ». En cause, note le rapport, « l’absence d’alternative politique visible, mais aussi par la tendance populaire à mettre tous les politiciens dans le même sac ». Mais aussi l’ambiguïté entretenue par certains politiques comme Moïse Katumbi, « qui n’a toujours pas quitté l’Union sacrée de la nation (USN) bien que les « lignes rouges » qu’il avait fixées aient été dépassées ». Résultat, Moïse Katumbi chute de 16 points. « Entre mars et décembre 2021, les opinions favorables sur l’ancien gouverneur du Katanga sont alors passées de 59 à 43 % ».
L’opposant Martin Fayulu est logé à la même enseigne. Sur la même période, il tombe de 43,92 à 34,28%. Jean-Pierre Bemba, allié désormais affiché du président Félix Tshisekedi, voit sa cote de confiance s’établir désormais à 39,68% contre 45% en mars 2021. Dernier phénomène analysé par ce sondage : le risque d’une forte abstention aux élections générales de 2023. « Un désengagement politique » que le GEC avait déjà souligné lors du précédent sondage. « Seuls 43,67 % des Congolais sondés ont l’intention de voter. Ils étaient 67% en mars 2021, voire 97% en décembre 2018 ».
Christophe Rigaud – Afrikarabia
Un sondage qui tâte l’opinion, l’adhésion des Congolais aux dirigeants politiques et à leurs actions, une défiance généralisée à tous, la population est loin d’être satisfaite.Le sondage est sans doute imparfait et social mais qu’il ait scruté les avis sur toute la classe politique apporte un plus. C’est déjà ça ! Mais encore!?
Mais encore surtout pour relever d’abord que cette insatisfaction est une déception quasi logique des Congolais face à une classe politique plus médiocre qu’efficace sur tous les bords y compris le gouvernement des fameux Warriors, une population encore plus déçue après les espoirs qu’a suscité le changement à la tête du pays formalisé davantage lors de la rupture de Tshisekedi avec son prédécesseur ‘JK’. Le nouveau pouvoir se montre incapable de ‘redresser le pays et de le sortir de la corruption, de la prédation et de la répression dans lequel il s’était enfoncé depuis des décennies’. Trois ans après, Tshisekedi commet les mêmes travers qu’avant quasiment dans tous les domaines, c’est le moins qu’on puisse constater. Beaucoup de promesses mais rares sont ses réalisations, le programme chapardeur des 100 jours, la coop de 15 millions iniquement toléré, le programme Tshijelelu, les détournements incessants des fonds publics, l’état flambeur de Tshisekedi avec ses dépassements budgétaires et ses multiples voyages coûteux et inutiles et même la gratuité souffreteuse de l’enseignement de base sans parler des massacres sans fin dans l’Est malgré l’état de siège et les troupes ougandaises… sont passés par là, le social des Congolais demeure le grand absent des politiques.
Ensuite il faut compter avec le jugement sévère mais sage des Congolais à travers ce sondage même imparfait : malgré sa résilience connue , c’est lui qui souffre de cette gestion chaotique et en témoigne ; dans une situation normale, il ne manquerait pas de l’exprimer lors des prochaines élections par des votes négatifs ou une massive abstention.
Enfin, peut-être le plus négatif, on peut craindre que notre classe politique et avant tout le pouvoir en place ne prennent pas encore conscience du mal qu’ils font au pays. Jusqu’où, jusque quand ?
D’accord sur toute la ligne avec Christophe et Nsumbu, à mon humble avis, la RDC a besoin d’un homme fort et visionnaire du genre Rawlings ou Kagamé. Nous en avons assez avec ce bunch of crooks qui nous dirigent. Juste un petit bémol, j’ai encore un petit espoir car Katumbi, Fayulu, Bemba n’ont pas encore eu la chance de diriger le pays. Quant au retour improbable de « JKK », je n’interdirai pas à ses quelques supporters de rêver, la constitution est claire sur ce sujet et aussi l’épisode du joueur des léopards Wissa, qu’ on a à traìté à tort de BanaRwanda (Banyamulenge) interpelle et appelle à une bonne réflexion car « JKK » Kanambe est en quelque sorte un BanaRwanda mais né et grandit en Tanzanie. Ce n’est pas moi qui ledit, c’est son frère d’armes Nkundabwatere qui l’a déclaré publiquement. (archives)
Un point, si vous permettez ! Hélas, je ne crois pas que la Constitution ait interdit explicitement à un ancien président de ne pas revenir candidater à distance. Le concèderait-on que ce serait en tenant compte d’un certain esprit des textes, n’empêche qu’à ma connaissance la lettre, les textes ne le disent pas ; un manque ? Je ne le crois pas non plus en tenant compte de la liberté démocratique d’expression et de manifestations. Ici une majorité de la population ne veut pas du retour d’un ‘JK’ qui 18 ans a montré ses limites, c’est à elle de ne pas l’y pousser et surtout de ne pas voter pour lui plutôt que de s’empoigner sur un débat risqué de l’interprétation de la Constitution.
Quand tu as un bilan comme Félix tu n’as pas le droit d’être candidat. En décembre 2021, 29% des Congolais avaient un avis favorable, maintenant en mars 2022, ce ne sont peut-être que 10% qui ont un avis favorable. En ce moment, l’impopularité de Félix vient des scandales, de l’incompétence et de la guerre au sein de l’union sacrée de la majorite presidentielle. La catastrophe macabre de Félix à la tête du pays fait ressusciter Kabila