Le général Laurent Nkunda, ex-chef de guerre congolais, a disparu des radars depuis plus de 10 ans. Il se fait discret au Rwanda, pays dans lequel il a trouvé refuge et bénéficie d’une impunité notoire. Portrait d’un criminel de guerre congolais dont l’histoire personnelle est étroitement liée aux turbulences survenues dans les « Grands Lacs » de 1993 à 2009 et dont le nom apparaît dans le « Rapport Mapping ».

Par Clément BOURSIN, responsable Afrique, ACAT-France
Pour les auteurs du « Rapport Mapping », le général Laurent Nkunda a sévi dans les deux provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu de la République démocratique du Congo (RDC) entre 1998 et 2009 (1). La carrière militaire de Laurent Nkunda (2) commence au Rwanda. Tutsi, né en février 1967 à Rutshuru dans la province du Nord-Kivu, Laurent Nkunda, après des études en psychologie, rejoint le Front patriotique rwandais (FPR) en 1992 (3). Ce mouvement rebelle rwandais, formé par des Rwandais tutsis exilés, met fin au génocide en prenant contrôle du Rwanda en juillet 1994.
Deux années plus tard, Laurent Nkunda, en tant qu’officier du FPR, retraverse la frontière et appuie l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL). Ce groupe armé congolais, soutenu principalement par le Rwanda et l’Ouganda, prend le pouvoir à Kinshasa à l’issue de la « Première guerre du Congo » et met fin à quarante années de dictature de Mobutu. Au cours de leur offensive militaire, l’AFDL et l’Armée patriotique rwandaise (APR) commettent de graves violations des droits humains tout au long de leur parcours jusqu’à Kinshasa, particulièrement à l’encontre des civils hutus rwandais en fuite, qui font l’objet de massacres systématiques comme le relève le « Rapport Mapping ».
En 1998, l’alliance passée entre le Rwanda, l’Ouganda et Laurent-Désiré Kabila, chef de l’AFDL devenu président en RDC, se brise. C’est le début de la « Deuxième guerre du Congo ». Laurent Nkunda quitte alors le FPR et rejoint le Rassemblement Congolais pour la Démocratie-Goma (RCD-Goma), un nouveau groupe armé soutenu par le Rwanda dans l’est de la RDC. Il prend le poste de commandant de la Septième Brigade.
Laurent Nkunda sort de l’ombre
Les premiers crimes connus imputables à Laurent Nkunda, en tant que chef hiérarchique, remontent à mi-mai 2002. Il est envoyé en renfort à Kisangani avec des soldats pour mater une mutinerie de militaires et de policiers congolais contre le RCD-Goma. Plus de 160 exécutions sommaires seront commises par ses hommes selon les Nations unies (4). Les soldats du RCD-Goma mènent des tueries indiscriminées, exécutent sommairement des militaires, des policiers et des civils, violent de nombreuses femmes et jeunes filles et pillent la ville de fond en comble. Laurent Nkunda est présent sur beaucoup de scènes de massacres (5). L’un des épisodes les plus macabres a lieu au niveau du pont de la rivière Tshopo au cours des soirées des 14 et 15 mai où au moins vingt-huit militaires et policiers congolais suspectés d’avoir été mêlés à la mutinerie sont ligotés, bâillonnés, torturés et exécutés froidement. Leurs corps inertes sont mis dans des sacs alourdis par des pierres puis précipités du pont dans la rivière Tshopo. Lorsque Laurent Nkunda apprend que des enquêteurs des Nations unies sont en train de documenter les exactions commises, il se rend avec des soldats armés dans la base des Nations unies, capturent deux gardes et les bastonnent avant de les libérer. Le message est clair : arrêtez d’enquêter.
En 2003, avec la fin de la guerre, le RCD-Goma fusionne avec l’armée nationale et Laurent Nkunda est nommé, un an plus tard, général de brigade. Il refuse de se rendre à Kinshasa pour prendre son poste. Pour lui, les accords de paix traitent uniquement de la question du partage du pouvoir à Kinshasa mais ne résolvent en rien les problèmes dans les Kivu. Il prend alors le maquis dans les forêts du Masisi du Nord-Kivu avec des centaines de soldats.
En juin 2004, Laurent Nkunda et ses hommes prennent le contrôle de la ville de Bukavu pour éviter, selon lui, un génocide des Congolais tutsis (appelés Banyamulenge dans la région). Durant cette offensive, les soldats de Laurent Nkunda commettent des crimes de guerre, y compris des meurtres, des viols et des pillages. La prise de Bukavu sonne comme un électrochoc pour la communauté internationale. Après des négociations avec les forces de maintien de la paix des Nations unies, Laurent Nkunda et ses troupes se retirent de Bukavu et se réfugient à nouveau dans les forêts du Nord-Kivu.
Un mandat d’arrêt international contre Laurent Nkunda
Au début de l’année 2005, la justice congolaise émet un mandat d’arrêt international contre Laurent Nkunda (6) pour « constitution d’un mouvement insurrectionnel, crimes de guerre et crimes contre l’humanité » relatifs aux violations des droits humains commises lors de la prise de Bukavu en juin 2004. Mais il ne fait l’objet d’aucune tentative d’arrestation bien que ses lieux de villégiature « sont bien connus des autorités congolaises et des forces de maintien de la paix des Nations Unies » (7).
En août 2005, Laurent Nkunda déclare que le gouvernement congolais est corrompu et incompétent et qu’il est nécessaire de la changer. En moins d’un mois, de nombreux soldats congolais ayant appartenu au RCD-Goma abandonnent leurs postes au sein de l’armée et rejoignent les forces de Laurent Nkunda dans les forêts du Masisi.
Le 1er novembre 2005, les Nations unies mettent Laurent Nkunda sur la liste des personnes faisant l’objet de sanctions en RDC (8). Cela ne l’empêche nullement de circuler librement au Rwanda et en Ouganda.
De la création d’une nouvelle rébellion à sa chute
En janvier 2006, Laurent Nkunda fonde le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) et quasi-immédiatement ses soldats mènent une offensive militaire et occupent plusieurs villes du territoire de Rutshuru dans le Nord-Kivu. Des crimes de guerre, notamment des viols, sont commis. Une année plus tard, dans une situation de statuquo Laurent Nkunda négocie avec Kinshasa un accord de mixage (9). Cet accord permet aux hommes du CNDP d’être associés aux forces armées congolaises tout en restant dans leur fief d’origine. Mais rapidement cet accord se brise. En 2008, Laurent Nkunda commence à sérieusement gêner Kigali. Des enquêteurs des Nations unies révèlent, avec preuves à l’appui, le soutien du Rwanda au CNDP. Sa mégalomanie aura raison de lui. En menaçant de prendre le pouvoir à Kinshasa, Laurent Nkunda va trop loin. Sous la pression internationale, le Rwanda lui retire son soutien et l’arrête le 22 janvier 2009. Bosco Ntaganda, son ancien chef d’état-major, prend alors la tête du CNDP (10).
Non-coopération rwandaise et impunité persistante de Laurent Nkunda
Laurent Nkunda est ensuite assigné à résidence à Kigali dans un lieu gardé secret. Aucun motif officiel ni inculpations précises ne sont fournis par les autorités rwandaises pour justifier sa détention. Les autorités congolaises demandent à plusieurs reprises à ce qu’il soit extradé vers la RDC pour y être jugé. En mai 2009, après deux mois de négociation, le Rwanda affirme publiquement ne pas pouvoir extrader Laurent Nkunda dans un pays où la peine de mort est encore en vigueur (11).
Que devient-il aujourd’hui au Rwanda ? Quelles sont les démarches judiciaires intentées par la RDC auprès du Rwanda ? Impossible de le savoir. Cela fait maintenant plus de 10 années qu’il n’existe plus aucune information crédible sur sa situation personnelle comme judiciaire. Laurent Nkunda ne parle plus aux médias et il est devenu comme un fantôme pour les autorités rwandaises comme congolaises. Il continue néanmoins de hanter les Congolais qui l’accusent de temps en temps, sans preuves, d’être en appui à des groupes rebelles dans l’est du pays.
__________________________
1- https://www.ohchr.org/Documents/Countrie/CD/DRC_MAPPING_REPORT_FINAL_FR.pdf
2- Alias «Laurent Nkunda Bwatare», «Laurent Nkundabatware», «Laurent Nkunda Mahoro Batware»
3- https://trialinternational.org/fr/latest-post/laurent-nkunda/
4- https://undocs.org/fr/S/2002/764
5- https://www.hrw.org/sites/default/files/reports/drc0802fr_web.pdf
6- Dossier RMP n° 094/BPS/04 de l’auditorat général près la Haute Cour militaire de la RDC en vertu de la loi n° 023/2002 du 18 novembre 2002 portant Code judiciaire militaire
7- https://www.hrw.org/legacy/french/docs/2006/01/31/congo12584.html
8- https://www.interpol.int/en/How-we-work/Notices/View-UN-Notices-Individuals#2013-15745
9- https://www.afri-ct.org/wp-content/uploads/2010/07/Article_Vircoulon.pdf
10- https://d2071andvip0wj.cloudfront.net/b150-eviter-les-guerres-region-Grands-Lacs.pdf
11- Communiqué conjoint du Ministre de la justice/Garde des Sceaux de la République du Rwanda et du Ministre de la justice de la RDC, Kigali, 5 mai 2009
Mentez Mentez, il en restera toujours quelque chose, Laurent Nkundabatware Mahoro et ses compagnons « Sultani Makenga, Makanika, Barnabé M.., Ntaganda, Ruberwa, Nyarugabo, Hyppolite Kanambe, Kikaya Bin Karubi » et autres ont commis des crimes graves au RDC. C’est Laurent Nkundabatware qui a déclaré officiellement que l’imposteur « Joseph Kabila » est Tutsi comme lui et il était son compagnon de lutte,.A noter que personne ne lui a jamais contredit. Ce fameux Général Nkundabatware est un sujet Rwandais Francophone et non un Banyarwanda, il s’insurge d’ailleurs contre la domination des anglophones au sein de l’Armée Rwandaise. C’est toujours, l’imposteur « Joseph Kabila’ , qui par le biais de mixage de Raymond Tshibanda qui a détruit sciemment l’Armée Congolaise en incorporant officiellement des Rwandais, des Burundais et des Ougandais. Ce n’est un secret pour personne que la Tribu Banyamulenge n’existe pas au RDC et comment expliquer que ces gens qui se disent être Congolais d’origine, n’ont curieusement pas l’accent du terroir ou des us et coutumes de leurs soi-disant territoiires.
On reconnaìt les Marseillais ou les gens du Sud par l’accent du Midi. Moi, je vis en Amérique du Nord depuis 40 ans,les gens détectent souvent mon accent africain (Congolais) par contre mes enfants n’ont pas d’accent, ils sont d’ici. Alors, comment expliquer l’acccent de Ruberwa, Muyumba, Hildengonde Dada Janet, Zoé et autres imposteurs Inveterate liars, big lie
Bonsoir Boa Regis, vous êtes un patriote comme aucun pays ne rejetterai mais approcherai.
Des gens comme vous, il y en a au compte gouttes. Vous élevez votre voix là où d’autres la taise. Un courage immense à ne pas occulter indéfiniment. Restez béni de Dieu et continuez de défendre la RDCongo comme vous le faites depuis que l’on vous lit et merci de redresser la verite et toujours la verite.
J’aime bien lire les Réactions à un article, à une vidéo parceque l’on apprend énormément.
J’aimerai souligner et je ne le redirai pas assez parceque la vérité est occultée en ce qui concerne la RDCongo pendant des années. Si je n’étais pas concernée lors des enlèvements, violences et crimes commis à Kinshasa à l’entrée de l »AFDL, peut-être me serai-je tue, mais ll s’avère que je fais partie du lot des survivants et donc je ne me tairai jamais jusqu’à ce que la vérité éclate ce 14 Juillet 1999 sur l’Avenue du Flambeau où je fus enlevée dans ma voiture et mon chauffeur jeter sur la route dans le but d’aller m’exécuter au camps CETA vers l’aéroport de Ndjili. A chaque passage sur cette avenue, aux bananiers, je ne me sens pas bien, les souvenirs reviennent. N’importe quoi, ils tuaient pour les biens qu’ils convoitaient aux Zaïrois à l’époque et les acheminaient chez eux par avion, c’est un secret de polichinelle. Et ils on tués pour des biens matérels que l’on acquiert en travaillant durement et honnêtement. Qu’enseignez-vous aux vôtres? De tuer, pour s’accaparer des biens d’autrui, n’est ce pas là un péché?J’ai toujours remercié le Docteur Charles Onana pour son livre sur les Tueurs pour la vérité qu’il a faite éclatée au grand jour et j’ai suivie toutes ses interviews. Merci de votre existence, Charles. Je vous aime et qu’on vous laisse tranquille, vous êtes un Grand Homme
C’est triste pour notre Afrique
Pingback: RDC : RAPPORT MAPPING : À QUAND LA JUSTICE EN RDC ? - lepatrimoine.info