La tâche du président Félix Tshisekedi est immense pour construire un véritable Etat de droit en République démocratique du Congo (RDC). Les premiers signaux sont encourageants, mais pour l’instant purement symboliques. Quatre ONG (1) proposent cinq pistes prioritaires pour améliorer la situation des droits humains dans le pays.
Conflits, corruption et impunité rongent la société congolaise depuis des dizaines d’années et la situation des droits humains est catastrophique. La victoire surprise de l’opposant Félix Tshisekedi à la présidence pouvait faire croire à une réelle alternance politique à la tête du pays. Mais les soupçons de fraude et d’entente avec l’ancien président Joseph Kabila font craindre une simple alternance de façade, avec un président dépourvu de pouvoirs. L’Assemblée nationale, les Assemblée provinciales et le Sénat restent en effet entre les mains de la coalition pro-Kabila, qui devrait piloter le nouveau gouvernement. Certains redoutent une présidence protocolaire et un pouvoir qui n’aurait finalement pas changé de main.
Des signes d’ouverture
Pourtant, le nouveau président a envoyé des signaux positifs. Des figures de l’opposition, détenus en prison depuis plusieurs années ont été libérés, comme l’avocat Firmin Yangambi, l’ancien député Franck Diongo, ou l’opposant Eugène Diomi Ndongala. Le ministre des affaires foncières et le président de l’Autorité de contrôle des Postes et Télécommunications ont été suspendus pour « insubordination ». Le président Tshisekedi a également remplacé le patron de l’ANR, le service de renseignements congolais, par son adjoint. Dans son programme d’urgence pour ses 100 jours à la tête de l’Etat, Félix Tshisekedi a également promis « une justice administrée par des personnes intègres, aux valeurs morales irréprochables, et disposées à lutter contre la corruption ». Mais les marges de manoeuvres de Félix Tshisekedi risquent d’être fortement contrariées par la coalition FCC de Joseph Kabila, pas vraiment disposée à lâcher le pouvoir.
Zéro impunité
Quatre ONG proposent dès la formation du nouveau gouvernement « que les autorités adoptent une feuille de route ou un plan d’action national en faveur des droits humains afin d’engager les réformes nécessaires à la mise en place d’un véritable État de droit et d’institutions garantes des libertés publiques et individuelles ». Pour ces défenseurs des droits de l’homme, de nombreux crimes à caractère politique « sont demeurés sans procès ni coupables, sapant toute réconciliation nationale et laissant les victimes dans l’attente de justice et de soutien » comme l’affaire Chebeya-Bazana, les conflits du Kivu, des Kasaï ou le rapport mapping des Nations unies. Ces ONG demandent que les principaux responsables, sécuritaires mais aussi politiques, soient inculpés et jugés. Pour cela, une « refonte du système judiciaire » est indispensable. Enfin, « un processus de justice transitionnelle impliquant la population devrait être conduit, permettant d’identifier les origines de la violence et de recréer le lien entre les citoyens et l’État ».
5 priorités
Paul Nsapu, secrétaire général adjoint de la FIDH et président de la ligue des Électeurs, de retour en RDC après plus de 15 ans d’exil forcé, préconise 48 recommandations regroupées en 5 grandes priorités : lutter contre l’impunité, promouvoir la vérité et renforcer la justice afin de garantir une réconciliation nationale et une paix durable. Respecter les droits fondamentaux et promouvoir le dialogue politique. Construire une société égalitaire en promouvant les droits des femmes et l’égalité de genre. Mener des réformes substantielles pour construire l’État de droit et la démocratie. Renforcer la coopération avec la communauté internationale et les mécanismes de protection des droits humains. Jean-Claude Katende, président de l’ASADHO, salue « les avancées et les engagements » pris par Félix Tshisekedi, mais il souhaite « rester vigilant sur la réalisation des engagements pris par le nouveau pouvoir et sur la réalité quotidienne du respect des droits humains ». Car ces mesures de justice ne peuvent pas rester uniquement symboliques.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
(1) Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme – Ligue des Électeurs (LE) – Groupe Lotus (GL) -Association Africaine des Droits de l’Homme (ASADHO)
Pour le cas CHEBEYA & BAZANA où je suis témoin oculaire, involontaire et gênant dont j’ai mis en cause Joseph KABILA et John NUMBI, il y a lieu de délocaliser la plainte qui a été déposée contre moi par les familles des victimes au Sénégal dont le Sénégal s’est doté d’une compétence universelle et s’est déclaré compétent pour me juger et depuis 2014,il y a presque 5 ans sans jugement, ni même organiser un procès et c’est le silence absolu de la part de la justice sénégalaise et dans ce cas, c’est moi qui suis en dangeux. Je suis prêt à répéter mes accusations partout où on aura besoin de en condition que ma sécurité soit garantie, pour le Sénégal, il y a doute d’espoir.
Autorite sans pouvoir n’est qu ruine de l’ame