Alors que les négociations entre les rebelles du M23 et les autorités congolaises n’ont pas encore commencé à Kampala, la menace d’une reprise des hostilités inquiète Oxfam. Pour cette ONG, « des millions de personnes sont prises au piège dans et autour de Goma, ainsi que dans d’autres villes de l’Est » de la République démocratique du Congo (RDC).
Depuis le retrait des rebelles du M23 de la ville de Goma, samedi 1er décembre, une situation de « ni guerre ni paix« , règne sur la capitale provinciale du Nord-Kivu. Mais la peur n’a pas disparu. L’issue des pourparlers entre la rébellion et le gouvernement congolais reste incertaine. Et si les négociations capotaient ? La guerre reprendrait sans doute et le M23, toujours en embuscade, aux portes de la ville, ferait de nouveau tomber Goma.
Selon l’ONG Oxfam, présente au Nord et au Sud-Kivu, notamment dans les trois camp de réfugiés autour de Goma, « plus d’un million de personnes sont menacées par les attaques des milices, rebelles et armées régulières alors que les combattants commencent à se positionner dans et autour » de la capitale du Nord-Kivu. Oxfam « craint que les populations civiles ne subissent des attaques ciblant les camps de déplacés, et que plus d’un million de personnes cherchent à se protéger dans une zone qui fourmille de soldats et de miliciens« .
Pour Nicolas Vercken, d’Oxfam France, « il existe désormais un vrai risque de guerre, qui vient s’ajouter à la violence quotidienne et aux exactions auxquelles fait face la population. Un tel conflit serait catastrophique pour la population congolaise, qui subit déjà le pillage, le viol et la torture de la part de plus de 25 groupes rebelles dans l’Est de la RDC« .
En plus des rebelles du M23, de nombreuses milices, rançonnent, violent, tuent… y compris l’armée régulière (FARDC). Les soldats congolais constituent souvent l’une des premières sources d’insécurité dans l’Est du pays… avant les rebelles. Oxfam note qu’au moins « quatre groupes armés contrôlent les voies d’entrée et de sortie de Masisi, empêchant presque totalement les personnes de fuir la zone« . « Plus de 8000 familles s’abritent à l’heure actuelle dans des églises et des écoles de la ville, et n’ont que difficilement accès à l’eau potable, aux soins médicaux ou aux médicaments« , explique Oxfam.
Nicolas Vercken lance un appel aux négociateurs de Kampala pour « mettre fin à cette situation de folie destructrice« . Mais aussi aux institutions internationales : « l’Union Africaine et l’ONU doivent s’impliquer comme chefs de file des négociations et s’assurer qu’un agenda pour une solution de long terme soit trouvé« . Pour l’instant, seul le « règlement intérieur » des négociations a été validé par les deux parties à Kampala. Quand aux chances de réussites… elles sont minces.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia