Près de 700 civils ont été tués depuis octobre 2014 dans la région de Beni par des « combattants non identifiés » selon Human Rights Watch (HRW). L’ONG dénonce l’incapacité des autorités congolaises et des casques bleus de l’ONU à ramener la sécurité dans cette zone du Nord-Kivu.
Depuis l’automne 2014, les massacres se suivent et se ressemblent près de la ville de Beni, un territoire de l’est de la République démocratique du Congo (RDC). En deux ans, près de 120 attaques ont coûté la vie à « au moins 680 civils » selon l’ONG Human Rights Watch qui enquête quotidiennement sur ces tueries. En août dernier, une des attaques les plus meurtrières de l’année a fait 40 morts dans le quartier de Rwangoma de la ville de Beni. Maisons incendiées, corps mutilés à la machette… les populations s’exaspèrent de l’impuissance de l’armée congolaise et des forces onusiennes, pourtant très présentes dans la région. « Il faudrait au gouvernement congolais et aux casques bleus de l’ONU une nouvelle stratégie pour protéger les civils à Beni et faire répondre de leurs actes les responsables de ces attaques », estime Ida Sawyer, chercheuse à Human Rights Watch. « Après deux ans de massacres sauvages, de nombreux habitants de Beni vivent dans la crainte de la prochaine attaque et ont presque perdu tout espoir que quiconque puisse mettre fin au carnage. »
Des responsabilités au sein de l’armée
Depuis 2014, Human Rights Watch documente tous les massacres commis dans la région. « Des victimes et des témoins ont décrit des attaques brutales dans lesquelles les assaillants assassinaient des personnes méthodiquement à la hache ou à la machette ou les abattaient par balle. Le nombre réel de victimes pourrait être beaucoup plus élevé » rapporte l’ONG. Quand à l’identité des tueurs, « il n’est pas clairement établi qui perpétue ces attaques » explique HRW. Les autorités congolaises accusent les ADF, une rébellion ougandaise présente au Congo depuis plus de 20 ans. Mais de nombreuses enquêtes indépendantes pointent également des responsabilités au sein des forces armées congolaises (FARDC) et d’autres groupes armés. Certains officiers de l’armée régulière entretiendraient des complicités avec les groupes armés – voir notre article.
Les FARDC et l’ONU interviennent une fois l’attaque terminée
Très présente sur le terrain, Human Rights Watch a effectué de nombreuses missions sur place. 160 victimes, témoins d’attaques, responsables de l’armée, du gouvernement congolais et d’officiels de l’ONU ont été entendus. L’ONG relate notamment le cas de ce jeune garçon de 10 ans, pris otage pendant l’attaque de Rwangoma, et témoin de plusieurs meurtres : « Des hommes en uniforme militaire sont venus et m’ont emmené ainsi que mon grand frère et ma grand-mère. …Ils nous ont attachés et fait marcher avec eux. En chemin, ils ont commencé à tuer plusieurs d’entre nous, dont mon frère de 16 ans. Ils l’ont tué, comme quelques autres, avec des haches et des machettes. » Selon Human Rights Watch, « Les soldats de l’armée congolaise et les casques bleus de l’ONU ne se sont déployés dans la zone qu’une fois l’attaque terminée et les assaillants enfuis depuis longtemps. » Et cet exemple n’est pas isolé.
« N’effrayez pas les gens pour rien »
En juillet 2016, alors que des paysans avertissent l’armée congolaise de la présence d’hommes armés près de Oïcha, la réponse de l’officier des FARDC étonne l’ONG : « Nous avons pris toutes les mesures nécessaires pour parer à toute éventualité. Rentrez chez vous mais n’en parlez à personne. N’effrayez pas les gens pour rien. » Le lendemain, une attaque a été signalée à Oïcha et les corps de 9 personnes ont été retrouvés non loin d’un cantonnement de l’armée. Dans le viseur de l’ONG se trouve un général congolais des plus controversés : Muhindo Akili Mundos. Selon le groupe d’experts de l’ONU, ce général de brigade aurait recruté des combattants ADF et d’anciens combattants de groupes armés Maï Maï, afin de constituer un nouveau groupe armé. Un groupe qui aurait, toujours selon l’ONU, participé à des massacres dans le territoire de Beni.
Améliorer la protection des civils
Pour Human Rights Watch, il est urgent que les partenaires internationaux de la RDC soutiennent « des efforts crédibles du gouvernement visant à déterminer la responsabilité des attaques et à améliorer la protection des civils. » Les casques bleus présents à l’est du pays, devraient également veiller à toute violation des droits de l’homme de l’armée congolaise qu’elle soutient sur le terrain. L’ONG encourage enfin la Cour pénale internationale (CPI) « à recueillir des informations pour déterminer si une enquête dans les crimes qui auraient pu être commis dans la région de Beni serait justifiée. » « La RD Congo à présent empêtrée dans une crise politique plus large, le gouvernement est moins en mesure d’empêcher les attaques de Beni de prendre des proportions incontrôlables », estime Ida Sawyer. « Une attention internationale soutenue de haut niveau est désormais indispensable pour aider à mettre fin aux massacres à Beni et pour identifier et traduire devant la justice les responsables de ces attaques. »
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Qu’importe les origines des tueurs dans la région de BENI, l’Etat congolais doit en endosser la responsabilité en qualité de son devoir à garantir la sécurité de tous ses habitants malheureusement, les mêmes scènes macabres se renOuvelent encore dans la même région de BENI à ce jour du mois d’août 2016 en dépit des annonces du pouvoir quant à la sécurisation absolue de la région martyre.
Par ailleurs, l’administration publique est la cause majeure pour la génération des conflits fonciers qui touchent surtout les villageois notamment ceux de la région de BENI dont les activités agricoles constituent les principales sources des revenus familiaux
Tout le monde sait qu’au KIVU, on voit des convois des véhicules pleins d’individus se dirigeant vers les régions où on vient de massacrer les habitants légaux principalement à la machette après qu’ils aient été violés hommes, femmes et enfants sans distinction ni de sexe et ni d’âge.
On noterait que l’utilisation de la machette pour tuer est un mode opératoire inconnu dans la région ceci nous amène à penser que les tueurs sont également des étrangers à la région.
Comment ces INDIVIDUS se croyant INVULNERABLES et très nombreux perchés sur des véhicules en location ont pu obtenir des LAISSEZ-PASSER pour pouvoir franchir des nombreuses barrières militaires dans cette région où sévissent fréquemment des troubles et guerres sans oublier d’y laisser quelques dollars US ???
Qui a monté ces genres d’opérations très coûteuses financièrement et très lourdes sur le plan administratif ??? Le pouvoir a préféré suspendre ces mouvements sauvages en RDC au lieu de les interdire !!! N’est-ce pas que nous assisterons à d’autres sources des conflits fonciers surtout pour les domaines agricoles mis en jachères par les propriétaires légaux afin que les terres se régénèrent !!!!