La grave crise politique que traverse actuellement la République démocratique du Congo (RDC) repose sur le mutisme savamment entretenu par le chef de l’Etat sur son avenir politique. Une stratégie qu’il semble vouloir maintenir jusqu’au bout.
Interdit par la Constitution de briguer un troisième mandat, le président Joseph Kabila se retrouve dans une situation inextricable. Il est tout d’abord accusé par l’opposition de vouloir faire glisser le calendrier électoral au-delà du délai constitutionnel afin de se maintenir au pouvoir après 2016, date de la prochaine élection présidentielle. Joseph Kabila est ensuite contesté dans son propre camp. Des frondeurs de sept partis de la majorité ont été débarqués pour avoir osé demander au chef de l’Etat de « respecter la Constitution » et donc de quitter le pouvoir en 2016 – voir notre article. Cette vague de contestation a également entraîné dans son sillage le très populaire gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, ex-allié de Kabila dans cette province fortement pourvoyeuse de voix aux élections. Le président Kabila s’est non seulement mis à dos une partie de ses soutiens, mais s’est également privé d’un important réservoir de voix.
Chaos politique
Affaibli dans sa majorité et pressé par l’opposition de « respecter la Constitution » et de « partir en 2016 », Joseph Kabila a choisi la stratégie qu’il connaît la mieux : celle du mutisme. Pendant ce long silence radio, le président congolais s’est acharné à rendre impossible la tenue des prochains scrutins électoraux, notamment en précipitant le démantèlement des provinces qui rend impossible l’élection des nouveaux gouverneurs dans les délais. En faisant tout pour jeter le pays dans un chaos politique annoncé et en se murant dans un silence incompréhensible, Joseph Kabila joue avec le feu. Les violentes manifestations de janvier 2015 contre la loi électorale avait jeté la capitale congolaise au bord du gouffre… et obligé le gouvernement de faire machine arrière en retirant le texte litigieux.
« Pourrissement »
Pour sortir de la crise, il n’y a pourtant qu’une seule voie : briser le silence. Le président congolais doit se prononcer sur la fin de son mandat, à treize mois de la présidentielle de 2016. C’est notamment la position de l’opposant Vital Kamerhe (UNC) qui souhaitait devant nos confrères de Radio Okapi que Joseph Kabila « sorte de son silence pour apaiser les esprits en disant : tout ce qu’on dit-là [NDLR: glissement du mandat] ne me concerne pas et je vais garantir le respect de la constitution ». Seulement voilà, la stratégie du chef de l’Etat a toujours été celle de l’atermoiement pour ne pas dire celle du « pourrissement ». Joseph Kabila a toujours su tirer partie des situations chaotiques, qui ont toujours fini par le remettre en selle. Dernier exemple en date : l’apparition de la rébellion du M23, mi 2012. Très affaibli par sa réélection de 2011, entachée de nombreuses irrégularités, le président Kabila a su profiter de ce nouveau conflit à l’Est du pays pour prendre la posture de « l’homme providentiel », « seul recours face à l’agression du M23 ».
Les scénarios sont prêtes
La sagesse voudrait donc que Joseph Kabila se positionne clairement sur son avenir politique, quitte à se déclarer candidat à sa propre succession. Une nouvelle Constitution pourrait être proposée par référendum et permettre sa candidature à la présidence. Ou alors, devant l’impossibilité d’organiser toutes les élections en temps et en heure, Joseph Kabila pourrait proposer une période de « transition » négociée avec l’ensemble les partis politiques et ainsi… prolonger son mandat actuel. Cette posture aurait au moins le mérite de la franchise, car plusieurs indices indiquent que toutes ces pistes pour se maintenir au pouvoir sont déjà bien avancées. Un projet de loi sur l’organisation d’un référendum est actuellement porté par deux députés de la majorité. Et un « dialogue » initié par Joseph Kabila lui même est toujours dans les tuyaux, afin de pouvoir négocier avec les autres partis politiques. Dernier indice qui nous fait croire que le président congolais a peu de chance de sortir du silence : la répression s ‘accentue sur ses anciens alliés. Quelques jours après sa démission du parti présidentiel, Moïse Katumbi a déjà fait l’objet de rumeurs savamment orchestrées, l’accusant de vouloir monter une rébellion afin de fomenter un coup d’Etat. L’ancien gouverneur a aussitôt démenti sur son compte twitter. Tous ce éléments portent à croire que le président congolais a décidé de passer coûte que coûte, quitte… à passer en force.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Les spéculations sur les intentions du Président vont bon train et surtout dans tous les sens
parfois savamment orchestrées alors qu’il plus facile aux organes de presse de solliciter auprès de lui, une interview au lieu de continuer de nous casser les tympans avec des contes de fées tirés du livre de « cendrillon »
Parce que l’on nous sert chaque fois un nouveau plat indigeste d’abord la révision de la constitution ,puis le glissement et maintenant ce « projet de référendum pour modifier la constitution »
Quand au départ de Moise KATUMBI cela est un non événement parce qu’il était sur » le départ » depuis belle lurette ,à moins d’être naïf pour ne pas percevoir cette perspective
Théophile NKIALULENDO Ponda
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