« Une armée qui rassure notre peuple« , c’est ce que souhaitent 144 ONG congolaises dans une lettre ouverte au président congolais, Joseph Kabila. Après le discours du chef de l’Etat, le 15 décembre dernier, ces ONG demandent une urgente application de la réforme de l’armée et du système de sécurité en République démocratique du Congo, qui prend un inquiétant retard.
Alors que le pays est une nouvelle fois en proie à l’insécurité à l’Est du Congo, 144 ONG congolaises réclament une rapide réforme de l’armée, de la police et des services de sécurité, « apolitiques et professionnelles« . Ces organisations notent les « avancées significatives » enregistrées en août 2011, avec la promulgation des lois organiques n°11/012 et 11/013, mais s’inquiètent des retards et de l’arrêt de la réorganisation de l’armée et de la police nationale congolaise. (Lettre à lire en cliquant ici)
Elles s’étonnent que la mise en place du Conseil supérieur de la défense, votée par les deux chambres, attend toujours sa promulgation par le président de la république. De même pour la loi sur le Statut militaire des forces armées, votée en seconde délibération en juin 2012 et qui n’est toujours pas promulguée. Ces ONG notent également, que certaines lois promulguées (n°11/012), souffrent de l’absence d’ordonnances présidentielles et d’arrêtés ministériels. La loi n°11/012 prévoit notamment un délai fixe de deux ans pour être appliquée… il ne reste donc que quelques mois pour agir, selon ces organisations.
D’autres lois, sur le statut des personnels de la police, l’assainissement des effectifs de l’armée, le commandement des Ecoles militaires, le fonctionnement des juridictions militaires… sont elles aussi en « stand-by« . Les 144 ONG signataires de cette lettre ouverte au président Kabila estiment que « la défense de la patrie est une priorité nationale » et passe par une réforme profonde et efficace de l’armée congolaise.
Tout le monde le sait : l’armée congolaise est à reconstruire. Désorganisés, mal formés, mal payés, les militaires congolais (FARDC) sont dans l’incapacité de rétablir la sécurité dans le pays. Ces troupes vieillissantes et non-formées à 70% se retrouvent également accusées des pires atrocités : pillages, viols, meurtres… Résultat : 1,7 million de Congolais sont déplacés dans leur propre pays et 500.000 se sont réfugiés dans les pays voisins. Après 15 années de conflits à répétition, l’armée régulière se révèle toujours incapable d’assurer la sécurité de sa population. Les 144 ONG estiment que « c’est en procédant de la sorte que la République démocratique du Congo sera dotée réellement d’une armée dissuasive, républicaine… que le peuple soutiendra en tous temps et en toutes circonstances…« .
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Photo : Ch. Rigaud © Afrikarabia