Les proches de Diomi Ndongala dénoncent « l’expropriation illégale et arbitraire » de l’immeuble du parti d’opposition à Kinshasa. En cause : un prêt bancaire non remboursé.
« L’acharnement politique continue » tonne Freddy Kita, secrétaire général de la Démocratie Chrétienne (DC), le parti de l’opposant congolais Eugène Diomi Ndongala. Le 24 octobre, la police intervient dans un immeuble appartenant au patron de la DC et ordonne l’expulsion de tous les occupants. Les locataires des appartements sont priés de quitter les lieux sur-le -champ, alors que les locaux du parti sont rapidement investis par la police. « Comme toujours, les policiers sont arrivés sans document officiel et ont fait déguerpir tout le monde », nous explique Freddy Kita, pour qui « tout est illégal… et politique ». « La police a d’ailleurs commencé par fouiller les locaux du parti et emporter des documents ».
Une plainte contre la RDC à l’ONU « qui dérange »
Que reproche-t-on à Diomi Ndongala ? Un prêt non remboursé, contracté à la Banque internationale pour l’Afrique au Congo (Biac). D’après Freddy Kita, 700.000 dollars ont déjà été remboursés à la Biac, mais reste 800.000 dollars. Eugène Diomi Ndongala avait garanti la somme via une société qui devait relancer la Cimenterie nationale (Cinat), au bord de la faillite, dans la région d’origine du patron de la DC. « Le problème, c’est qu’après, Diomi Ndongala a été arrêté et placé en détention » explique Kita. En effet, en avril 2013, le leader de la Démocratie Chrétienne, proche de l’opposant historique Etienne Tshisekedi, est interpelé et condamné à 10 ans de prison pour viol sur mineures. Un crime que l’accusé nie en bloc. Ces proches clament également son innocence et dénoncent une grossière manipulation politique, visant à faire taire un opposant au régime (voir notre article). « Notre parti dérange », confirme le secrétaire général de la DC. En septembre dernier, Diomi Ndongala dépose une plainte devant le Comité des droits de l’Homme de l’ONU à Genève. L’avocat de Ndongala dénonce sa détention au secret, la privation de soins de santé, sa condamnation et demande sa remise en liberté. La plainte est jugée recevable à Genève. « C’est cela qu’on veut nous faire payer » pense Freddy Kita.
L’ONU notifie à la RDC « des mesures conservatoires »
Pour le secrétaire général de la Démocratie Chrétienne, « le problème n’est pas financier, mais politique ». « L’immeuble qu’occupe la police a une valeur de 11 millions de dollars et les trois immeubles que veulent saisir la justice valent plus de 40 millions de dollars. Mais le premier qu’ils occupent, c’est bien sûr celui de notre parti ! ». Mais Freddy Kita ne désarme pas. Concernant l’accusation de viol de son président sur deux fillettes mineures, le secrétaire général de la DC affirme avoir les preuves et demande des analyses médicales qui disculperaient Diomi Ndongala. L’espoir pourrait toutefois venir de Genève où le Comité des droits de l’homme des Nations Unies a notifié à la RDC des mesures conservatoires « dans l’intérêt d’Eugène Diomi Ndongala » et demandé au gouvernement congolais « de prendre en compte l’état de santé et toutes les mesures nécessaires pour lui fournir une assistance médicale appropriée afin d’éviter un préjudice irréparable à sa santé ». En attendant, ce dimanche, le siège de la Démocratie Chrétienne était toujours occupé par la police, empêchant l’accès aux cadres du parti.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia