Un an après la signature des accords entre le gouvernement congolais et le M23, les négociations sont au point mort. Pourquoi Kinshasa et l’ancienne rébellion jouent-ils la montre ? Analyse.
Il y a tout juste un an, la rébellion mettait fin aux hostilités sous la pression de l’armée congolaise et de la brigade d’intervention de l’ONU. Les deux belligérants ont ensuite ratifiés les « déclarations de Nairobi« , contenant plusieurs engagements de fin de conflit. Onze points avaient âprement été négociés. Mais un an après la signature, rien ne semble réglé entre le gouvernement et le M23. Sur les onze points discutés, seulement deux ont été réalisés : la fin de la rébellion et la loi d’amnistie (contestée par les anciens rebelles). Concernant la libération des prisonniers, la transformation du M23 en parti politique, le retour des réfugiés ou la démobilisation et la réinsertion des ex-rebelles, aucun progrès n’a été accompli. Gouvernement et M23 se renvoient la balle, s’accusant chacun du blocage de la situation.
Des rendez-vous boudés par le M23
Après 12 mois d’atermoiements, les autorités congolaises et l’ancienne rébellion n’ont toujours pas réussi à se remettre autour de la table pour faire avancer le processus de paix. Les trois rendez-vous fixés par le gouvernement au M23, en mai, septembre et novembre, ont tous été boudés par les ex-rebelles. Les cadres du M23 estiment qu’en proposant la capitale congolaise comme lieu des réunions, le gouvernement mettait en danger la sécurité de sa délégation. François Muamba, le coordinateur du Mécanisme national de suivi, avait déclaré à Afrikarabia que les craintes sécuritaires des ex-rebelles n’étaient une « posture ». Certains cadres du M23 comme René Abandi ont bénéficié de la loi d’amnistie et n’ont donc rien à craindre. « D’autant que Monsieur Abandi passe la moitié de son temps à Goma, en RDC » précisait François Muamba – voir notre article.
De nouvelles amnisties annoncées
Mais tous les hauts responsables de la rébellion n’ont pas bénéficié de l’amnistie du gouvernement. Bertrand Bisimwa, le chef politique du mouvement est absent des listes, ainsi que Sultani Makanga, le commandant militaire du M23. Un choix largement assumé par Kinshasa qui se réserve le droit de refuser l’amnistie aux personnes ayant commis des crimes. Une position qui « enfreint ses propres déclarations » selon le M23, qui précise que « seules l’acceptation et la signature de l’acte d’engagement par le concerné suffisent pour en être bénéficiaire et le gouvernement ne devrait se limiter qu’à en prendre acte ». Sur les amnisties, Kinshasa affirme que 559 anciens rebelles ont déjà pu bénéficier du dispositif et promet la publication de nouvelle liste prochainement.
« Un terrain d’entente avec Kampala »
Autre pomme de discorde entre le gouvernement et le M23 : le rapatriement des combattants en RDC. Là encore, le faible taux d’amnistie fait blocage pour l’ancienne rébellion. En Ouganda, seuls 300 amnisties sur 1678 combattants ont été prononcées et au Rwanda voisin, le M23 ne compte que 229 amnistiés sur 453 ex-rebelles comptabilisés. Face à cette situation, l’Ouganda, accusé comme le Rwanda d’avoir soutenu le M23, menace d’accordé le statut de réfugié politique aux ex-rebelles, ce qui ferait voler en éclats les engagements signés à Nairobi. Pour de nombreux observateurs, une telle décision risquerait de relancer les tensions militaires dans la région, permettant ainsi aux ex-combattants de circuler librement dans la région. Aux dernières nouvelles, François Muamba a affirmé avoir trouver « un terrain d’entente avec Kampala » pour accélérer le processus de rapatriement, sans leur accorder le statut de réfugié, selon la BBC.
Rapatriement « forcé »
Mais pour Bertrand Bisimwa, le président du M23, Kinshasa veut accélérer le processus, quitte à brûler les étapes. L’ex-rebelle accuse le gouvernement d’entreprendre le « rapatriement forcé des combattants cantonnés au camp militaire de Bihanga ». D’après Bertrand Bisimwa, il s’agit « d’actes de violation grave des droits de l’homme ». Sur les autres points des déclarations de Nairobi en jachères, on trouve également la libération des prisonniers. Le M23 affirme avoir fourni une liste aux autorités congolaises, « mais jusqu’à cette date, aucune réponse ».
Qu’est-ce qui coince ?
Une année après les déclarations de Nairobi, rien n’est résolu entre le gouvernement congolais et le M23. Chacun des protagonistes traînent des pieds et plus le temps passe, plus les risques d’une reprise du conflit se font jour. Comme le gouvernement, les ex-rebelles ne semblent pas très pressés de se mettre autour de la table. Qu’est-ce-qui coince ? Si le gouvernement admet des retards et plaide sa bonne foi, il s’est fixé deux lignes rouges difficiles à accepter par les anciens rebelles : l’amnistie sélective et la non intégration du M23 sur l’échiquier politique congolais.
Les deux lignes rouges du gouvernement
Concernant l’amnistie, Kinshasa refuse de l’accorder aux principaux responsables du mouvement : militaires, comme Sultani Makenga ou civils, comme Bertrand Bisimwa. Deux raisons à cela : pour Makenga, le gouvernement ne veut plus de réintégration de rebelles dans l’armée nationale et veut mettre fin à une certaine « impunité ». Au sujet de Bisimwa, Kinshasa veut être certain d’amnistier des politiques « compatibles » avec le régime en place. Sur le premier point, le gouvernement peut s’appuyer sur les ONG des droits de l’homme, qui demandent toutes la fin des « récompenses pour les crimes commis » comme le déclare Human Rights Watch (HRW). Pour le second point, le risque est grand en n’amnistiant pas les « gros bonnets » du M23 (politiques et militaires), de faire resurgir une nouvel rébellion. Sans transformation du M23 en parti politique congolais, il y a donc des risques de maintenir cette contestation en dehors du cadre politique et de voir les ex-rebelles prendre à nouveau les armes. Kinshasa pourrait même y gagner en autorisant la mutation du M23 en force politique. Cela permettrait au gouvernement de voir ce que pèse réellement les idées du M23 dans la société congolaise dans son ensemble et pas seulement à l’Est. Si on se souvient de l’échec politique du RCD (ancêtre du M23) à la présidentielle de 2006, il y aurait donc peu de risque pour Kinshasa à accéder à la demande du M23 de se muer en parti politique. On voit donc que sur ces différents dossiers, chacune des parties à intérêt à jouer la montre pour des raisons diverses.
Le M23 semble s’être résolue à peser uniquement dans les Kivus
Dans cet imbroglio, qui peut dénouer la crise ? Le gouvernent congolais est trop faible pour imposer ses objectifs et le M23 est trop dépendant de ses parrains rwandais et ougandais pour décider seul. Une partie de la solution se trouve donc à l’extérieur : du côté de Kigali et de Kampala pour contraindre le M23 à dialoguer avec les autorités congolaises et du côté de la communauté internationale et des partenaires africains pour obliger Kinshasa à trouver un place politique pour le M23. Dernière question : tous ces acteurs sont-ils disposer à régler la crise ? Au regard des années passées, la réponse est non. Kinshasa a tout intérêt à maintenir son pays dans l’insécurité permanente, justifiant ainsi un régime peu légitime. Le M23 sait très bien qu’il pèse peu politiquement en RDC, seules ses actions d’éclats militaires pouvant lui donner voix au chapitre. Dans un document du M23 faisant état de l’avancement des déclarations de Nairobi, le mouvement dénonce, certes les promesses non tenues de Kinshasa sur l’amnistie, les prisonniers, les FDLR et la gouvernance congolaise, mais affirme sa volonté de voir mettre en place « plus de décentralisation ». Une revendication qui sonne presque comme un aveu de l’ex-rébellion, qui semble s’être résolue à peser uniquement dans son fief des Kivus.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Les personnes appartenant au mouvement armé le M23 sont issues, pour la plupart, des souches rwandaises alors celles-ci sont-elles plus congolaises que d’autres vrais congolais qui ont pris aussi les armes contre les FARDC ??? N’est-ce pas une autre preuve et évidente que le pouvoir à KINSHASA cherche toujours à ressusciter le M23 dont un parti politique de la majorité présidentielle le CNDP est géniteur et sous l’ombre de KUNDABATWARE et NTANGADA JEAN-BOSCO. Quant au CNDP,(Comité National de Défense d’un Peuple), de quel peuple s’agit-il en République Démocratique du Congo ?!!!? Peut-on trouver sur TERRE, un pays dont son peuple serait PROTEGE et DEFENDU par deux corps armés diamètralement opposés et à la fois ennemis ??????
Je suis très surpris et très étonné que le présent texte que j’ai écrit soit l’objet d’une subtile déformation .Je viens de constater qu’il y a eu une tentative évidente à déformer mes écrits au sujet de mes commentaires en ce qui concerne le mouvement armé M23 au CONGO-RD.
On trouvera maintenant sur les textes des mots en langue anglaise (A titre d’exemple : is …)
Par ailleurs, je viens de constater aussi que mes commentaires à ce sujet sont rendus flous par les introductions des fautes très graves sur des mots sans oublier certaines coupures de mes phrases et les mises au majuscule de plusieurs mots alors, je demande à la rédaction d’AFRIKARABIA de m’accorder un droit de publier à nouveau sur ce même sujet
Recevez mes sincères salutations et bonnes fêtes du nouvel an .
NGOY KANYEBA (ngoy kanyeba@hotmail.fr)