L’année 2018 sera cruciale pour la mission de l’ONU au Congo. Décriée pour son incapacité à résoudre la crise politique et sécuritaire, la Monusco devra faire des choix plus audacieux pour espérer imposer des élections crédibles.
Impuissance, enlisement, absence de stratégie… les critiques sont nombreuses à l’encontre de la Monusco, la plus importante et plus coûteuse des opérations de maintien de la paix de l’ONU dans la monde. La République démocratique du Congo s’enfonce depuis la fin 2016 dans une profonde crise pré-électorale, avec le maintien hors-mandat du président Joseph Kabila. Les manifestations d’opposants sont systématiquement réprimées dans le sang, le nombre de groupes armés a doublé dans l’Est du pays et un nouveau conflit s’est déclenché dans les provinces des Kasaï. Au total, plus de 4 millions de personnes sont déplacés à l’intérieur du pays.
Dans ce chaos savamment orchestré par un pouvoir en bout de course qui lutte pour sa survie, 16.000 casques bleus tentent depuis bientôt 18 ans de ramener la paix et la stabilité au Congo. Peine perdue jusque-là. Pourtant, en 2018, la Monusco a encore une occasion historique (la dernière ?) de peser sur la crise congolaise. Après avoir retardé par deux fois les échéances électorales, le pouvoir semble être enfin décidé à organiser des élections. Reste à savoir quand ? Et surtout si ces élections seront transparentes et crédibles. L’organisation du scrutin constitue donc le principal défi pour la mission de l’ONU au Congo. Mais que ce soit dans le soutien logistique à l’organisation des élections, la protection des civils et des défenseurs des droits de l’homme, la Monusco n’a, pour l’instant, réussi sur aucune de ces missions.
Fiasco sécuritaire
Quatre ans et demi après la défaite de la rébellion du M23, et l’intervention de la brigade d’intervention de l’ONU, force est de constater que cette nouvelle force n’a pas permis la neutralisation des autres groupes armés présents au Congo. Les rebelles ADF ougandais, largement instrumentalisés par certains officiers congolais, sèment toujours la terreur dans la région de Beni, et plus de 120 groupes armés pullulent désormais au Nord et Sud-Kivu. L’ONU n’a également rien pu faire pour empêcher l’embrasement des Kasaï, dans le centre du pays. Les trois maigres compagnies de casques bleus déployés dans la zone sont arrivés trop tardivement pour pouvoir enrayer la spirale de la violence. Au lieu de lutter efficacement pour éradiquer les groupes armés, toujours aussi nombreux au Congo, la Monusco semble plutôt « figer » la situation sécuritaire plutôt que de résoudre le problème – voir notre article.
La Monusco « absente des zones urbaines » de violence
Concernant la répression politique sanglante qui pèse sur les opposants et les manifestants des marches pacifiques organisés par les catholiques, la mission de l’ONU apparaît, là encore, complètement inefficace. « Bien que la Monusco tente d’atténuer au maximum les risques de violences liées aux élections », l’Observatoire Boutros Ghali pour la paix, indique que la mission « manque de capacités d’intervention dans les zones urbaines et serait, à l’heure actuelle, incapable d’apaiser les tensions en cas de violence généralisée ». En effet, les casques bleus ont été très discrets à Kinshasa, principale centre de la contestation, lors des grandes mobilisations de janvier 2015, de décembre 2016 et 2017. Plusieurs centaines de manifestants sont morts au cours de ces manifestations… en l’absence de tout casque bleu. Un comble pour une mission de cette ampleur.
Fiasco électoral
Le fiasco sécuritaire ne doit pas non plus cacher le fiasco électoral des dernières élections de 2011, auquel la Monusco a participé. Soutien logistique du processus électoral, l’ONU a joué un rôle ambigüe pendant les élections. Force est de constater qu’en 2011, la participation de la Monusco à l’organisation du scrutin présidentiel n’a pas permis les « irrégularités et les fraudes massives ». Plusieurs partis d’opposition avaient d’ailleurs dénoncé « la participation de la Monusco à la fraude électorale ». Pour les prochaines élections (encore très incertaines) prévues en fin d’année, nombreux sont les observateurs qui estiment que la principale priorité de la Monusco en 2018 devrait être la tenue d’élections crédibles.
Les experts du Groupe d’études sur le Congo (GEC) de l’université de New York, estiment que « la Monusco devrait suspendre son soutien » au processus électoral si les conditions pour des élections crédibles ne sont pas réunies. « Cela implique d’énoncer des conditions claires pour le soutien de la Monusco au processus électoral, à savoir autoriser les manifestations de l’opposition, libérer les prisonniers politiques et mettre fin au dédoublement controversé des partis politiques » prévient le GEC. Pour l’heure, la Monusco reste très discrète sur sa participation à l’organisation du scrutin.
Pour une Monusco « plus politique »
Le Conseil de sécurité des Nations unies, qui doit renouveler le mandat de la Monusco le 31 mars prochain, aura-t-il le courage politique d’imposer ses conditions à Kinshasa ? Pas si sûr. Les autorités congolaises font régulièrement pression sur la Monusco, qu’elle souhaiterait bien voir partir au plus vite. Kinshasa ne voudrait conserver qu’une force de réaction rapide pour intervenir « à la demande » contre les groupes armés… mais pas plus. Joseph Kabila, qui accuse régulièrement l’ONU d’ingérence dans les affaires congolaises, souhaiterait en effet pouvoir manoeuvrer politiquement à sa guise, loin du regard de la communauté internationale.
Pour l’instant, les pressions des autorités congolaises produisent encore un certain effet. La nouvelle patronne de la Monusco, Leila Zerrougui, semble encore marcher sur des oeufs avec Kinshasa. Lors de la dernière marche pacifique anti-Kabila, violemment réprimée, la cheffe des casques bleus a appelé « toutes les parties à cesser les violences », comme si la Monusco ne savait pas qui tuait dans les rues en RD Congo. Une neutralité qui devient intenable au vue de la gravité de la crise congolaise et du risque d’embrasement généralisé. L’ONU se retrouve donc dans l’obligation d’assumer des choix politiques plus audacieux et plus clairs pour sa mission de maintien de la paix au Congo. Sinon, la Monusco restera condamnée à rester simple spectatrice du chaos congolais, tout juste bonne à s’indigner par voie de communiqués de presse.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Jai limpression que lassassinat de Floribert Chebeya risque d’étouffer la voix de VSV pour léternité. Cette organisation utilise le même langage que la MONUSCO, lUA et dautres organisation qui vivent sur le dos des malheurs congolais. LA VSV dit « quelle préoccupée par la recrudescence des violences » La VSV peut nous dire quand la violence a diminué pendant les années « kabila »? Les chiffres de HRW sur les assassinats politiques de plus de 1114 personnes par an en RDC- ne sont-ils pas la preuve de cette répression aveugle par Saloth Sâr Pol Pot congolais? Ressaisissez-vous messieurs de la VSV en dénonçant les crimes de « kabila » en des termes forts. Rossy Mukendi venait de payer de sa vie pour que la RDC soit libérée de la peur, que notre pays soit digne et fier; ne nous faites plus des discours somnifères comme si vous nêtes pas sur terrain. Dites vertement que « kabila » arrête de tuer les congolais, et nous allons tous vous applaudir.