Le chef de la Monusco a rappelé à New-York ses inquiétudes sur la recrudescence des violations des droits de l’homme liées au processus électoral au Congo. Une inquiétude doublée de la persistance des groupes armés à l’Est du pays.
Dernier tour de piste pour Martin Kobler, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en République démocratique du Congo (RDC). Au cours d’une réunion du Conseil de sécurité ce mercredi, le patron des casques bleus s’est montré plutôt pessimiste sur l’évolution de la situation politique au Congo. « Je ne peux pas dire avec certitude si les progrès réalisés sont durables ou si le spectre de la violence peut réapparaître et annuler ce qui a été réalisé jusqu’à maintenant ». Et ce qui inquiète le plus le Représentant spécial, ce sont les tensions politiques « élevées avant les élections de 2016 ». Et d’ajouter que « le déroulement d’élections crédibles et pacifiques en novembre 2016 adressera un message clair au monde sur la capacité de la République démocratique du Congo à respecter sa constitution, à procéder à une transition pacifique du pouvoir et à consolider la paix ».
Inquiétants retards du calendrier électoral
Depuis plusieurs mois, la répression politique s’est accrue en République démocratique du Congo. Une quinzaine d’opposants politiques sont en prison, les manifestations de janvier 2015 contre la loi électorale ont fait une quarantaine de morts et une ONG vient d’accuser le pouvoir d’avoir payé des fauteurs de troubles lors de la dernière manifestation de septembre à Kinshasa – voir notre article. En cause : un calendrier électoral qui prend un retard inquiétant et des soupçons qui planent sur les intentions réelles du président Joseph Kabila que la Constitution interdit de se représenter en 2016. « J’exhorte le gouvernement de la RDC à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir que les élections législatives et présidentielle prévues en novembre 2016 soient transparentes, crédibles et inclusives », a demandé Martin Kobler, qui a, par ailleurs, précisé que la Monusco soutiendra « tous les acteurs politiques et le peuple congolais dans la préparation de ces élections ».
« Un climat de méfiance dans la région »
Autre source d’inquiétude pour les Nations-unies : la « persistance » des groupes armés dans l’Est du pays. Pour l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, Saïd Djinnit, « ces forces négatives perpétuent ainsi des situations de tension et entretiennent un climat de méfiance dans la région. Leur neutralisation demeure, sans doute, une nécessité pour la RDC dans le cadre de ses efforts visant à consolider l’autorité de l’Etat sur tout le territoire et à garantir la sécurité des citoyens et de leurs biens ». L’Envoyé spécial a enfin rappelé l’urgence à une reprise des opérations conjointes entre l’armée congolaise (FARDC) et la Monusco, au point mort depuis plusieurs mois.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia