L’ONU vient de lancer la première opération de sa Brigade d’intervention « offensive » (FIB), très attendue par Kinshasa. Les casques bleus se joindront à l’armée congolaise (FARDC) pour établir une « zone de sécurité » au Nord de Goma et de Sake et protéger ainsi les civils des groupes armés. Un ultimatum de 48 heures a également été lancé à « toute personne possédant une arme à feu » pour désarmer et se démobiliser.
La Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo ( MONUSCO) a décidé de frapper les esprits. Souvent accusée d’inefficacité sur le terrain militaire et de lenteur dans la mise en place de sa Brigade d’intervention, l’ONU vient d’accélérer le pas lors d’une conférence de presse ce mardi. Annoncée sous forme de teasing sur Twitter (« annonce importante de la Monusco à 16h30« ), la conférence de presse donne le coup d’envoi de la première mission de la fameuse Brigade d’intervention de l’ONU (FIB), censée « neutraliser les groupes armés » grâce à un mandat plus « offensif« . La participation de la FIB n’est mentionnée qu’en fin de communiqué, mais il s’agit bien là de l’information principale de l’annonce onusienne.
Désarmer les rebelles
L’entrée en scène de la Brigade est habilement présentée par la Monusco. L’ONU annonce tout d’abord la création d’une « zone de sécurité » autour de Goma (on croyait que les casques bleus étaient déjà censés sécuriser la zone !). Cette zone devrait débuter à l’Ouest de la capitale provinciale du Nord-Kivu au niveau de la ville de Sake pour englober tout le Nord de Goma et se terminer à la frontière rwandaise (voir carte ci-dessous). En gros, toute la zone qu’occupe actuellement la rébellion du M23 et que souhaite reprendre l’armée régulière. Deuxième annonce : « toute personne qui ne fait pas partie des forces de sécurité nationales et possède une arme à feu à Goma et dans les localités situées au nord de la ville » sera considérée « comme une menace imminente pour les civils« . A compter du 1er août à 16h00, ces personnes seront donc désarmées par la Monusco, « y compris par la force« .
La Brigade arrive… enfin
Enfin troisième information : l’opération sera constituée pour la première fois des éléments de la Brigade d’intervention, conjointement avec la Brigade de la Monusco du Nord-Kivu (BNK). La nouvelle est de taille tant cette Brigade est attendue par les autorités congolaises. Après la prise de Goma par les rebelles du M23, fin 2012, Kinshasa avait procédé à un fort lobbying diplomatique pour recevoir une aide militaire à l’Est du pays. La réponse de l’ONU s’était concrétisée dans l’envoi de cette Brigade de 3.000 hommes, munie d’un mandat « offensif » et d’une mission claire : « neutraliser les groupes armés« . Rappelons que de nombreux analystes de la région doutent de son efficacité sur un terrain aussi difficile que les collines du Nord-Kivu.
Quid des autres groupes armés ?
La mise en place de la « zone de sécurité » à partir du 1er août sonne donc comme l’heure de vérité pour l’ONU en RDC. L’efficacité des 17.000 hommes de la Monusco présents en RDC, a souvent été très critiquée. Et pour Kinshasa, l’arrivée de ces 3.000 « super casques bleus » constitue un peu la solution de la dernière chance pour battre militairement les rebelles du M23. Si une vingtaine de groupes armés sévissent au Nord-Kivu, la cible numéro de l’ONU semble se concentrer sur le seul M23. Mais les autres groupes armés (Maï-Maï ou FDLR… ) pourront sous aucun doute migrer en dehors de la zone (la Brigade ira-t-elle les traquer ?). L’accélération de la mise en place de la Brigade, qui ne devait être opérationnelle que début septembre a sans doute été accélérée par la reprise des combats le 14 juillet dernier entre M23 et FARDC. L’armée régulière comptera sur la présence de la « zone de sécurité » et de la Brigade pour continuer son offensive sur les rebelles, qui, pour le moment sont dans la retenue. Seule question : pour combien de temps ?
Christophe RIGAUD – Afrikarabia