On attendait une rencontre ce dimanche entre Joseph Kabila et la M23. Elle n’est finalement pas venue. L’entrevue s’était tenue furtivement samedi, en marge du Sommet de Kampala. Et chacun des protagonistes a campé sur ses positions. Kinshasa demande le retrait de Goma avant de négocier et le M23 exige des négociations avant tout retrait.
Un Sommet pour rien ? Certainement. Les 11 chefs d’Etat de la région, réunis à Kampala pour trouver une issue au conflit à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), n’ont rien pu faire pour amorcer le dialogue entre le M23 et le président Joseph Kabila. Une courte rencontre a cependant eu lieu samedi, avec la promesse de se retrouver dimanche pour entamer les négociations, et puis… plus rien. Dimanche, Joseph Kabila a rejoint Kinshasa dans l’après-midi, sans rencontrer Jean-Marie Runiga, le patron de l’aile politique de la rébellion.
Une « force neutre« … à définir
Pendant ce temps, les 11 chefs d’Etat de la région (sans Paul Kagame) ont formulé des voeux pieux dans une déclaration commune (à lire ici). Le Sommet de Kampala demande aux rebelles du M23 de stopper la guerre, de quitter Goma et de se retirer à 20 km de la ville sous 2 jours. Pour sécuriser l’aéroport de la capitale provinciale du Nord-Kivu, la déclaration de Kampala souhaite voir déployer une « force composite« , comprenant les FARDC (l’armée régulière), le M23 (bonjour l’ambiance sur le tarmac) et une « force neutre » qui reste à définir… Autant dire qu’avec un tel attelage improbable, le succès de l’opération est loin d’être assuré. Pour compléter le tout, les casques bleus de la Monusco serait chargés d’occuper une sorte de « zone tampon » entre Goma et les nouvelles positions occupés par le M23. Dernier sujet d’étonnement de la déclaration de Kampala : le point numéro 9, dans lequel il est expliqué que le processus serait supervisé par les responsables de la défense du Rwanda et de l’Ouganda. Petit souci, ces deux pays sont accusés de soutenir le M23 dans le dernier rapport de l’ONU, publié il y a quelques jours seulement.
Retour à la case départ
Depuis le rendez-vous manqué de dimanche entre Kabila et Runiga, les recommandations du Sommet de Kampala paraissent bien illusoires. Kabila est retourné à Kinshasa et le M23 (toujours à Kampala) semble bien décidé à ne pas quitter Goma avant de négocier avec le président congolais. La situation paraît donc bloquée. Seule avancée, une « reconnaissance » par les chefs d’Etat de la région des Grands Lacs, de certaines revendications « légitimes » du M23 (notamment les accords du 23 mars 2009). La société civile du Nord-Kivu s’est déclarée très contrariée par ces déclarations, qui ne font que « légitimer » et « brader » la souveraineté du Congo à leurs yeux.
Objectif Bukavu
Pendant de temps, la situation militaire est toujours figée autour de Goma. Le M23 tient également la ville de Sake et l’armée régulière est encore stationnée un peu plus au Sud, entre Minova et Kalehe sur la route de Bukavu. Le prochaine objectif militaire de la rébellion est clairement affiché depuis quelques jours : la prise de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu. La chute de cette ville, après celle de Goma le 20 novembre dernier, pourrait sérieusement menacer le régime de Joseph Kabila que souhaite faire tomber le M23. La bataille que se livrent en ce moment les rebelles et l’armée loyaliste le long du lac Kivu est donc décisive.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
La situation à l’Est en direct sur le compte Twitter d’Afrikarabia : @afrikarabia