Depuis l’instauration de l’état de siège en mai 2021, 739 civils ont été tués dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu selon le baromètre de sécurité du Kivu (KTS). Les causes de cet échec : une intensification toute relative des offensives militaires et une corruption du commandement qui paralyse l’armée congolaise depuis des décennies.
Le décompte macabre se poursuit à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) alors que le président congolais, Félix Tshisekedi, a placé deux provinces en état de siège depuis le 6 mai dernier. Les autorités congolaises ont remplacé les administrations civiles par des militaires et annoncé l’intensification des opérations de l’armée régulière dans cette large zone en proie aux groupes armés depuis plus de 25 ans. Mais après presque 5 mois de ce régime d’exception et une huitième prorogation votée récemment par l’Assemblée nationale, les résultats sont bien maigres, en dépit d’une communication très offensive du gouvernement congolais.
« La peur du prochain massacre »
Les données recueillies par le Baromètre sécuritaire du Kivu, en partenariat avec Human Rights Watch (HRW) et du Groupe d’étude sur le Congo (GEC), confirment que la situation sécuritaire ne s’est pas améliorée dans ces deux provinces. En effet, entre le 6 mai et le 10 septembre, les groupes armés ont tué au moins 672 civils et les forces de sécurité congolaises ont tué 67 autres civils, dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. « Si le gouvernement congolais reconnaît la nécessité de sécuriser davantage les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, l’imposition de l’état de siège n’a pas permis d’y parvenir », estime Thomas Fessy, chercheur à Human Rights Watch. « Bien que le gouvernement s’efforce de dépeindre ses actions en succès militaires, bon nombre d’habitants de l’Est de la RD Congo vivent toujours dans la peur constante du prochain massacre. »
« Une thérapie de choc »
Le dernier massacre de masse recensé a lieu début septembre, où au moins 30 civils ont été tués en Ituri, à la machette ou par balles. Pointés du doigt : les ADF, une rébellion d’origine ougandaise qui sévit dans la région depuis le début des années 1990 et qui est maintenant présentée comme une branche de l’Etat islamique (EI) en Afrique centrale. Pourtant, le gouvernement congolais estime que le bilan de l’état de siège est « très encourageant » selon les propres termes du porte-parole de l’exécutif, Patrick Muyaya. Le 26 août, à Human Rights Watch, il a également déclaré que l’état de siège était une « thérapie de choc » qui n’était pas censée être permanente. « Nous sommes convaincus que la solution ne peut être uniquement militaire, mais qu’elle doit être d’abord militaire ».
« Les militaires ont fui vers leur camp »
Régulièrement, l’armée congolaise affirme avoir repris des positions des ADF, et des redditions d’éléments de groupes armés sont annoncées. Mais plusieurs éléments viennent tempérer l’optimisme des autorités. Il y a certes le nombre de morts, en hausse constante, mais il y a aussi la supposée « intensification » des offensives militaires. Selon le Baromètre sécuritaire du Kivu, il n’y a « aucune indication que les forces congolaises ont intensifié leurs opérations militaires pour améliorer la protection des civils dans les zones les plus à risque. » Il y a enfin la passivité et l’impuissance de l’armée congolaise, très souvent dénoncées par les témoins. A Idohu, en août, « Nous avions eu des informations selon lesquelles ces ennemis [les groupes armés] étaient en route, mais [les soldats du gouvernement] ne les ont pas poursuivis », raconte un témoin à Human Rights Watch. « À Idohu, il y avait des militaires, mais ils ont fui vers leur camp, qui se trouve à environ un kilomètre. Nous ne comprenons pas comment ils opèrent. »
Des sous-officiers corrompus interpellés
Le manque d’efficacité de l’armée congolaise n’est pas nouveau. Il est même endémique, depuis des dizaines d’années. Sous-payés et mal commandés, les soldats congolais n’ont jamais réussi à venir à bout de la centaine de groupes armés qui pullule dans la région. Le président Tshisekedi avait promis dans l’instauration de l’état de siège une chasse à la corruption et à la « mafia » qui gangrène l’armée. « Suite à une enquête menée par l’Inspecteur général de l’armée, le général Gabriel Amisi, également connu comme « Tango Four », des responsables militaires ont déclaré avoir arrêté plusieurs officiers qui auraient été impliqués dans des détournements de fonds, des malversations et le maintien de fausses fiches de paie pour des effectifs fictifs » rappelle Human Rights Watch. Mais pour l’instant, l’enquête n’a visiblement permis d’interpeller que des lampistes. Pour l’ONG des droits de l’homme, « l’enquête devrait s’étendre aux officiers supérieurs de l’armée, notamment Amisi, qui font l’objet de sanctions internationales, sont impliqués dans de graves abus ou sont soupçonnés de tirer profit d’activités illégales ». Selon nos informations, un profond remaniement au sein de l’armée est en préparation… mais peine à voir le jour.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
L’etat de siege a exacerbe les massacres , les gouverneurs militaires sont plus des politiciens que des militaires, au lieu de pourchasser les rebelles, ils pourchassent les activistes de droit de l’homme et des parlementaires provinciaux qui signalent des malversations fininancieres sans respect de leurs immunites parlementaires . La rebellion en Ituri et au Nord Kivu etaient plus grave dans les annees 2007 que maintenant.En Ituri le general Vainqueur Mayala avait reussi a eradique la rebellion de groupes armees de cobra matata, mathieu ngujulo,et consorts,il avait stoppe les massacres de Hema-Lendu. Au Nord Kivu, le general Bahuma et le colonel Mamadou Ndala avaient deboute les redoutables M23 hors du territoire; Ils ne faisaient de la politique comme des gouverneurs militaires actuellent