Désigné candidat de la majorité à la présidence de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe signe son grand retour et prépare déjà son futur avenir politique.
Une vie de montagnes russes. Le parcours politique de Vital Kamerhe n’a jamais été rectiligne, avec des hauts… mais aussi beaucoup de bas. Avec sa victoire à la primaire de l’Union sacrée qui le désigne candidat unique à la présidence de l’Assemblée nationale, le patron de l’UNC signe un retour fracassant. Vital Kamerhe reprend ainsi un rôle central autour de Félix Tshisekedi et sur la scène politique congolaise, tout en plaçant déjà ses pions pour les échéances électorales futures. La carrière politique du très probable prochain président de l’Assemblée nationale avait commencé sur les chapeaux de roues, en 2006, en participant à la campagne présidentielle victorieuse de Joseph Kabila. Un succès qui lui avait déjà ouvert l’accès au perchoir de la chambre basse pendant trois ans. En 2009, il claque la porte de la majorité et quitte la présidence de l’Assemblée, en désaccord avec l’entrée de troupes rwandaises en RDC pour mener des opérations conjointes avec l’armée.
De la prison au ministère de l’Economie
Il s’en suit une longue traversée du désert dans les rangs de l’opposition, avant de rebondir en s’alliant aux côtés de Félix Tshisekedi pour la présidentielle de 2018. Un nouveau pari gagnant, qui ne lui donne pourtant pas accès à la Primature qu’il convoitait. Il sera nommé directeur de cabinet de Félix Tshisekedi et deviendra le nouvel homme fort de la présidence, créant des tensions dans l’entourage du chef de l’Etat. Mais patatra, Vital Kamerhe est arrêté le 8 avril 2020 et placé en détention pour des soupçons de détournement de 50 millions de dollars dans le cadre du programme d’urgence des 100 jours du président Tshisekedi. Après deux années de prison et de résidence surveillée, le directeur de cabinet sera finalement blanchi, avant de retrouver un maroquin ministériel dans le nouveau gouvernement Sama Lukonde… à l’Economie.
Une Primaire pour ne pas froisser la majorité
Le retour en grâce de Vital Kamerhe et sa très probable élection au perchoir remettent en selle le « Kamereon », comme certains l’appellent à Kinshasa, en le comparant à cet animal qui sait parfaitement s’adapter à toutes les situations. Pour remonter au perchoir après 15 ans d’absence, Vital Kamerhe a dû s’imposer face au président sortant, Christophe Mboso et au président du Sénat, Modeste Bahati, qui se voyait bien changer de chambre. Pour départager les trois prétendants, Félix Tshisekedi a décidé de sortir un joker en organisant une Primaire, histoire de ne pas froisser une majorité déjà très tendue dans l’attente du partage des postes gouvernementaux. Car au sein de l’UDPS, le parti présidentiel, la candidature de Vital Kamerhe en avait énervé plus d’un. Notamment, lorsque le président de l’UNC avait créé sa propre plateforme, le PCR, pour rassembler une centaine de députés et ainsi peser politiquement à la chambre basse.
L’Union sacrée fragmentée
Jouant sur sa fidélité à Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe s’est finalement imposé avec 183 voix sur 372 votants, de nombreux députés ayant boudé la Primaire. La victoire de l’ancien ministre de l’Economie est donc fragile et offre le visage d’une majorité très fragmentée, qu’il ne sera pas facile à manoeuvrer. Félix Tshisekedi, qui avait semble-t-il jeté son dévolu sur Kamerhe pour piloter l’Assemblée nationale depuis plusieurs semaines, compte sur l’expérience politique du nouveau patron de la chambre pour fluidifier le travail parlementaire. Reste à savoir comment les autres membres de l’Union sacrée, et notamment l’UDPS, agiront au cours de la présidence Kamerhe.
Ambition présidentielle
Pour le probable nouveau patron de la chambre basse congolaise, son arrivée au perchoir est une excellente opération politique. Il sort du gouvernement, où son passage n’avait pas vraiment fait d’étincelles, pour se placer au-dessus de la mêlée et ne pas avoir à partager un quelconque bilan. A la tête de l’Assemblée, Kamerhe aura aussi à coeur de jouer sa propre partition beaucoup plus facilement qu’au sein de l’exécutif. Car n’oublions pas que le patron de l’UNC nourrit clairement l’ambition de briguer la magistrature suprême en 2028, à la fin du deuxième et dernier mandat de Félix Tshisekedi.
Le cas Mabunda
Au perchoir, Vital Kamerhe sera dans la tour de contrôle qui lui permettra (peut-être) d’éviter tout tripatouillage de la Constitution par prolonger le mandat de Félix Tshisekedi. Il sera également aux premières loges pour se constituer ses prochaines troupes dans l’important vivier des députés pour la présidentielle de 2028. Mais il y a aussi le risque de se faire déborder par le parti présidentiel qui compte bien garder la présidence avec ou sans Félix Tshisekedi aux prochaines élections. L’UDPS est le parti le plus important à l’Assemblée et sa capacité de nuisance sera forte pour le prochain président de la chambre basse. On se souvient qu’en un tournemain, Jeanine Mabunda avait été évincée du perchoir en décembre 2020 à la suite du débauchage de députés pro-Kabila par Félix Tshisekedi. Au Congo, la roue tourne vite.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
A la lecture de cette élection, obtenu sur le fil par Kamhere,
On peut dors et déjà observer que la majorité pléthorique de L Union sacrée ne marche pas d’un même pas. Différentes tendances se constitueront dans les tous prochains mois.
La déférence et autres propos flatteurs que les chefs de partis ont réservés à la première ministre, normalement devant être la chef de la majorité selon l esprit de notre constitution, s evaporeront au lendemain de la publication du gouvernement.
Les frustrations et les égoïsmes caractérisant la classe politique congolaise ne manqueront pas d apparaître au grand jour.
De ce fait, pour les 5 prochaines années, on peut anticiper plusieurs scénarios possibles.
Le premier est celui d’une lente mais certaine autonomisation des différentes forces politiques à l Assemblée de même que celle des alliés de l Udps.
Pour le cas Kamhere, il sera désormais clair pour lui qu il tire sa légitimité d un vote à la loyale des élus face à ses concurrents et non de la nomination du président.
Il pourra en temps utile le revendiquer. C est une forme de perte tactique de l’autorité du président, dans un contexte de second mandat et donc de perte d’influence de Felix Tshisekedi.
Par ailleurs, il est un idiot pour l Udps de propulser Kamhere à ce niveau de responsabilité. Il va se préparer pour 2027 et l Udps n a pour le moment personne pour faire contrepoids.
Bahati et Kamhere sont des alliés qui gouvernent ensemble le sud kivu depuis 2019. Il est hautement probable qu ils s arrangerent les deux pour avoir la tête de Kabuya et de Felix pour les humiliations qu ils pensent avoir subi. A ce titre une éventuelle fronde parlementaire n est pas à exclure.
Le problème encore une fois devait être traiter en amont par l Udps.
Ils ont laissé le parti s effondrer si bien qu ils n ont personne en magasin capable d avoir une surface politique et des facultés intellectuelles pouvant limiter les ambitions de leurs partenaires.
J’ai comme l’impression que l’UDPS s’est fait piéger en se faisant griller tous ses pions. Plus personne dans ce parti n’a l’étoffe politique pour contrer Vital Kamerhe, qui, lui, se prend pour le plus grand intello de ce pays. Pour être un super caméléon, Vital sait faire. De la prison au perchoir , il faut le faire. Quel complexe d’infériorité de Fatshi face à ce mec.
Je voudrais signaler à notre compatriote Théo qu’il ne s’agit pas d’un complexe d’infériorité du président Félix TSHISEKEDI face à Kamerhe mais seulement de la Real politique au vu de l’absence d’une pièce de rechange au sein de l’Udps. Devant un tel vide politique , Félix TSHISEKEDI n’aurait pas d’autre choix que de jeter son dévolu sur Vital Kamerhe. Il faut aussi rappeler les péripéties d’accession au pouvoir de Félix TSHISEKEDI depuis les évènements de Genève en passant par les accords de Nairobi et la suite politique du Fcc Cach vers l’Union sacrée. Tout ceci appelle une analyse personnelle du chef de l’État et lui donne toute latitude de décider pour le pays mais aussi pour son propre avenir . Voilà !